Le 5 février doit se tenir le premier Comité interministériel sur la Coopération internationale pour le développement (CICID) du quinquennat d’Emmanuel Macron. Les annonces répétées du Président en faveur d’une augmentation de l’aide au développement, annonces faites à la tribune des Nations Unies, à Ouagadougou, à Davos encore cette semaine, avaient laissé espérer aux ONG françaises que la France allait enfin ré-augmenter son budget dédié à la solidarité internationale. Et pourtant, à 10 jours de cette échéance, et malgré les promesses du Président de la République, il semble qu’aucune décision budgétaire permettant d’atteindre les objectifs fixés par Emmanuel Macron lui-même ne sera prise.
Encore et toujours, l’Elysée s’exprime mais Bercy tranche. Si le CICID devait se conclure sans présentation d’une trajectoire sérieuse de croissance de l’aide, alors la parole de la France et du Président lui-même serait décrédibilisée, devant la société civile et les ONG , devant la communauté internationale et les populations africaines, qui ont cru dans ces annonces.
Coordination SUD rappelle une nouvelle fois ses demandes : atteindre l’objectif fixé par le Président, d’une aide à 0,55% du RNB en 2022, impose une augmentation des engagements d’au moins un milliard par an, dès maintenant. Augmentation qui doit privilégier les dons massivement et cibler les pays pauvres. Nous attendons un accroissement jusqu’à 10% de l’APD pour l’aide humanitaire française qui ne remplit pas aujourd’hui ses fonctions. Nous attendons un doublement à minima de la part d’APD transitant par les ONG françaises, capables d’agilité, d’action de proximité et d’une démultiplication rapide de la solidarité nationale. Le président Macron l’a affirmé à Davos « Investir dans le développement, avoir une stratégie de développement beaucoup plus ambitieuse que celle que nous avons collectivement aujourd’hui, est indispensable ». Les ONG adhèrent à cette vision. Manifestement, pas le ministère de l’Action et des Comptes publics. Un CICID au rabais serait la négation de la parole présidentielle. Devrons-nous nous résigner à ce que le vrai pouvoir soit à Bercy ?