Chaque mois, un.e membre du FORIM prend la parole sur un sujet d'actualité de la vie de la plateforme. En ce mois de février, notre vice-Présidente Chadia Arab, intervient sur le GFMD 2020.
L'EDITO du Mois
Février 2020
Pour un GFMD des états où les associations de diasporas font entendre leur voix
De Chadia Arab, vice-Présidente du FORIM
Le FORIM a participé au dernier GFMD qui a eu lieu à Quito en Équateur. Cette manifestation internationale est importante, car c’est là que se discute les relations entre migration et développement, et de plus en plus des politiques migratoires au niveau mondial, laissant parfois le développement loin des débats. C’est ce qu’il nous a semblé voir lors du GFMD de Quito : plus d’échanges autour des politiques migratoires et de la gestion des migrations que de réflexions et analyses sur la relation Migration et développement.
Par exemple, l’année dernière à Marrakech au Maroc, s’est tenu le 11ème GFMD et l’adoption du pacte mondial sur les migrations dites « sûres, ordonnées et régulières » qui avait pris une place centrale dans les échanges. Cette année encore la dernière journée du vendredi 25 janvier a été consacrée au pacte mondial, à son application et à son devenir. Nous rappelons que jusqu’à maintenant ce pacte adopté par la plupart des états du monde n’est pas contraignant. Et que la PGA[1] auquel j’avais participé l’année dernière[2], réunissant plus de 500 personnes à Marrakech, affirmait qu’il s’agissait « d’un outil soft de protection minimum qui permet un cadre de base qui protège à minima les migrant.e.s » ; alors que d’autres dénonçaient : un manque d’ambition de ce pacte dans la protection des droits humains, une légitimation des centres de rétention, et la marginalisation d’un certain nombre de conventions internationales telle que celle de la protection des travailleurs migrant.e.s et des membres de leurs familles.
La PGA de Quito a remis au centre des discussions la question des droits des migrant.e.s.
A Quito, le GFMD est marqué par un contexte Latino-américain où les migrations ont pris de l’ampleur : « crise » des Vénézuélien.ne.s pour l’Équateur et d’autres pays d’Amérique Latine, des Equatoriens et d’autres populations du continent qui tentent toujours de partir (rappelons-nous de la caravane des Honduriens il y a tout juste un an) alors que le discours est à la protection des frontières avec le mur entre le Mexique et les Etats Unis.
`Bref il s’agit de rencontres importantes, dont les débats sont au cœur des politiques migratoires qui dessinent un monde où la société civile doit avoir son mot à dire. Bien qu’en amont du GFMD, la PGA permet aux associations d’être présentes et que la journée de la société civile est aussi là pour faire du liant avec les Etats, les associations des diasporas restaient hélas peu représentées à Quito. Or ce sont ces associations qui portent la voix au plus près du vécu quotidien des migrant.e.s.
Enfin, l’année prochaine, le 13ème GFMD aura lieu à Dubaï, un état des Emirats Arabes Unis, où les migrant.e.s représentent près de 85% de la population. Il s’agira d’être vigilant encore plus à la protection et au respect des droits des migrant.e.s, tout en remettant la question du développement au centre des débats. Car « les migrations, ce ne sont pas que des problèmes, ce sont aussi des solutions », pour reprendre les termes du président du GFMD de Quito, l’ambassadeur Santiago Chavez.
[1] La PGA (People Global Action, ou l’action globale des peuples en français) constitue un espace autonome essentiel dont l’objectif est, entre autres, de
permettre à la société civile de s’engager de manière critique dans l’évaluation du processus du GFMD, dirigé par les gouvernements et de faire pression sur les États pour que ces derniers établissent des politiques migratoires et de développement basées sur le respect des droits humains et des conventions internationales.
[2] Voir le rapport du PGA de l’année dernière : https://emcemo.nl/wp-content/uploads/2019/10/Rapport-PGA-Maroc.-Dec-2018-1.pdf
Consultez le dossier de retour d'expérience de la participation du FORIM au 12ème GFMD #QUITO2020