Le Laos, un pays meurtri pendant de longues années
Le Laos, anciennement Royaume du Laos est, depuis le 2 décembre 1975, République démocratique populaire lao (ou du Laos).
Sans accès à la mer, il est entouré par la Chine, la Birmanie, la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge. Qualifié pendant longtemps pays enclavé ou confiné, le Laos est en passe de devenir un carrefour de connectivité des pays du Sud-Est Asiatique.
Peu cité pendant les guerres d'Indochine plus connues sous le nom de guerre du Vietnam, le Laos malgré son statut de neutralité, n'y a pas échappé. Il a été ainsi pris en tenaille par les belligérants qui s'y affrontent par factions laotiennes interposées.
Après les accords de paix de Paris entre le Nord-Vietnam et les Etats-Unis en 1973, le Laos a conclu en interne les accords de paix et de concorde nationale, tandis qu'au Cambodge et au Sud-Vietnam les communistes ont pris le pouvoir par les armes.
Malgré son statut de neutralité et sa renommée de peuple pacifique et insouciant, le Laos a subi de 1964 à 1972 des attaques aériennes de grande ampleur. Plus de 260 millions de bombes y ont été larguées, ce qui fait du Laos le pays à avoir été le plus bombardé de l'histoire par rapport à sa superficie. Plus que l'Allemagne et le Japon réunis, pendant la 2è Guerre mondiale. Triste record !
Quarante-huit ans après la fin de la guerre du Vietnam, les sous-munitions de bombes non explosées infectent encore les sols du Laos et causent toujours des accidents parmi la population, empêchant les paysans déjà pauvres de cultiver sereinement leurs terres.
Une ouverture progressive du pays sur son environnement asiatique et mondial
Malgré les accords de paix et de concorde nationale conclus en interne, le parti communiste laotien a pris seul le pouvoir en 1975, sans effusion de sang, par « la révolution de soie ». Mais la politique sectaire et répressive qui a suivi avec l'envoi de quelque 30 000 cadres civils et militaires dans des camps de rééducation, a provoqué l'exode massive de la population, 10% au total entre 1975 et 1987.
Après un changement de cap économique avec la réforme et l'ouverture opérées en 1986, le Laos est devenu membre de l'ASEAN (Association des Nations de l'Asie du Sud-Est) en 1997 et de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) en février 2013. Intégré à l'AEC (Communauté Economique de l'ASEAN) depuis sa création à la fin de 2015, le Laos vise à sortir du statut des PMA (Pays les moins avancés) au plus tard en 2024. Le Laos a aujourd’hui l'autosuffisance alimentaire et devient un petit exportateur de riz.
Comment le Laos va-t-il prendre en main sa destinée ?
La coexistence d'une économie de capitalisme d'Etat et d'un système politique particulièrement rigide est-elle viable à long terme ? Quelle place auront les Laotiens de la diaspora pour participer à la modernisation du pays ? Ce sont quelques réflexions que soulève Kham Vorapheth, un laotien de la diaspora, dans son livre paru en 2018 : « Le Laos contemporain – Parcours et perspectives d'une nation ».
D’abondantes ressources minières
Le Laos dispose d'abondantes ressources minérales dans son sous-sol or, étain, cuivre, plomb, fer, charbon, pierres précieuses... Mythe ou réalité, l'exploitation du sous-sol au Laos est un phénomène ancien. On connaît l'exploitation autochtone des minerais, l'exploitation coloniale des mines avec des espoirs déçus et des succès isolés. Toujours est-il que l'on observe de nos jours la ruée sur les concessions minières. L’exploitation des ressources minières, assurée principalement par des investissements directs étrangers, serait devenue un secteur essentiel de l'économie du Laos.
Les forêts ont été longtemps la richesse du pays
Mais la déforestation est un problème environnemental majeur au Laos, le pays perdant sa couverture forestière par des coupes aussi bien légales qu'illégales. La perte de surface forestière totale a été de 6,8% entre 1990 et 2005. Entre 1940 et 2000, la forêt est passée de 70% à 41% du territoire, et les forêts primaires ne représentent plus que 3% de la surface du pays.
En 2018, la population du Laos s'élève à 7,06 millions d'habitants selon les chiffres de la Banque Mondiale, répartis sur 236 000 km², soit une densité de population de 29,8 habitants par km². La croissance démographique est de 2,9% par an. 67% des habitants vivent dans les zones rurales. Ils vivent de l'agriculture, principalement de la culture du riz.
Selon les chiffres du PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement) en 2018, l'espérance de vie est de 67 ans. Le taux d'alphabétisation en 2015 est de 85%.
Cette population est composée de 68 ethnies selon les ethnologues (47 répertoriées par le Front lao d'édification nationale), réparties en quatre grandes familles linguistiques principales. Les Lao dont la langue maternelle est langue officielle du Laos, représentent selon les sources entre 55% à 68% de la population totale.
La majorité des Lao d'origine vivent aujourd'hui dans les provinces du Nord-Est de Thaïlande (autrefois territoire laotien). Représentant sept fois la population actuelle du Laos, ils perpétuent et développent leur culture traditionnelle.
Très faible impact de la pandémie du COVID 19 au LAOS
Chiffres clés et faits marquants : Date d'arrivée de la pandémie au Laos : 24 mars 2020
Au 24 septembre 2020 : Cas confirmés : 23 ; Cas suspects[1] : 318 ; Guéris : 22 ; Décès : 0
23 cas seulement de COVID19 ?
Les raisons avancées pour expliquer le faible nombre de cas de contamination au Laos sont d’abord d’ordres géographique et culturel.
Peu peuplé avec un territoire relativement vaste, la densité du Laos n’est que de 29,8 habitants au km². Cette faible densité diminue de fait la propagation du virus. Ensuite, les populations touchées sont jeunes, entre 18 et 55 ans avec une moyenne d’âge de 31 ans. Encore dans la force de l’âge et n’étant quasiment pas affectés par la comorbidité, ils ont mieux résisté à la maladie.
[1] Les cas suspects n'ont pas été confirmés comme étant dus à la souche SRAS-CoV-2.
Par ailleurs, il n’y a pas de trace de souche locale. Les sources de contamination sont presque exclusivement d’origines étrangères. Les contaminations proviennent essentiellement des contacts avec les voyageurs/travailleurs ayant séjourné en Thaïlande, en Europe ou Papouasie-Nouvelle-Guinée. Enfin, les autorités ont su prendre des mesures efficaces pour limiter la propagation du virus.
Les actions des autorités, le comportement de la société
Les plans d’actions, élaborés très en amont de l’apparition du virus par les autorités, ont été immédiatement mis en œuvre dès le 1er cas avéré : fermeture des frontières, mise en quarantaine des travailleurs expatriés dans des pays affectés par pandémie, contrôles stricts de l’application des règles de confinement (certes moins contraignantes qu’ailleurs), etc.
Après le déconfinement, certains lieux (de divertissement, marchés de nuit, lieux de culte) sont restés fermés. Les personnes présentant des symptômes du COVID-19 sont incitées à appeler les numéros de téléphone mis spécifiquement en place (le 166 en laotien uniquement, ou le 020 54 06 67 77 en laotien, anglais, chinois) qui les guident avant de se rendre éventuellement aux urgences hospitalières.
Mi-juin, les représentants de l'OMS et de la Croix Rouge Internationale ont félicité les autorités laotiennes pour leur anticipation et leur gestion de la crise du COVID-19.
De son côté, la population s’est montrée compréhensive et disciplinée vis-à-vis de l’ensemble des instructions gouvernementales, notamment en ce qui concerne le port de masques et les gestes barrières, les espacements sociaux, les rassemblements, les déplacements...
La solidarité de la diaspora de France
Etant donné le faible nombre de cas de contamination au Laos, le recours à la solidarité de la diaspora en France ne s’est pas imposé.
Toutefois, sans qu’il y ait d’opération spécifique, les associations de solidarité actives au Laos, et en particulier celles du secteur sanitaire, ont poursuivi leurs actions de base tout en les complétant par des aides ponctuelles concernant spécifiquement la COVID-19.
Au-delà de la période actuelle de pandémie, des informations sur la diaspora laotienne dans le monde et en France.
Avant 1975, la diaspora laotienne n'existe pas. A partir de 1975, à la fin de la guerre du Vietnam et au changement de régime politique au Laos, les Laotiens se sont expatriés en masse, en tant que réfugiés et demandeurs d'asile. Au début des années 1990, le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR) donnait un peu plus de 300 000 Laotiens accueillis dans les pays occidentaux, soit 10% de la population du Laos. Aujourd'hui, on peut estimer à un peu plus de 1 million le nombre de laotiens formant la diaspora laotienne dans le monde, dont 150 000 en France.
La création d’OLREC
Pendant presque vingt ans à partir de 1975, les Laotiens en France sont consultés par leurs homologues des autres pays sur leur intégration et leur lien avec le pays d'origine. C'est ainsi que fut créée en France, en 1990, l'Organisation Laotienne pour les Réfugiés et la Concorde nationale (OLREC) au nom de tous les réfugiés laotiens dans le monde. OLREC a participé aux efforts de l'UNHCR et de la communauté internationale pour résoudre le problème des réfugiés qui stagnaient dans les camps dans les pays du Sud-Est Asiatique. A l'issue de ces efforts, les réfugiés des camps ont pu avoir le choix de se réinstaller dignement dans les pays occidentaux ou de rentrer au Laos non seulement sans représailles mais avec de l'aide matérielle et sociale pour se reconstruire la vie normale. Depuis 1993, ces camps de réfugiés n'existent plus.
Des migrants intégrés dans leurs pays d’accueil
Maintenant les Laotiens de la diaspora du monde ont réussi leur intégration dans leurs pays d'adoption et n'ont plus besoin de se référer à ceux de France. Mais les liens familiaux et amicaux entre personnes restent très forts. Ils pensent toujours au Laos mais n'espèrent plus rentrer pour jouer un rôle important. Ils peuvent mieux agir pour le Laos depuis l'extérieur. Ainsi grâce à la diaspora laotienne aux Etats-Unis, les relations commerciales normales ont pu s'établir au milieu des années 2000 entre les Etats-Unis et le Laos.
En France, intégration et maintien des liens communautaires…
En France, dans le contexte d'éclatement des structures familiales et sociales de la période de 1975, les Lao s'intègrent dans la société, par le travail, l'école, la résidence, la consommation. Ils maintiennent ou rétablissent des liens spécifiques à l'intérieur de leur groupe ethnique et s'aménagent des structures communautaires favorisant un regroupement et une sociabilité proprement lao. C'est notamment le rôle du mouvement associatif, qui gère un vécu collectif, organise l'entraide et vise par la perpétuation de certaines pratiques, la sauvegarde du patrimoine culturel et artistique. La solidarité traditionnelle laotienne est vivante et manifeste au moment des décès, des fêtes de famille, des cérémonies religieuses dans les pagodes bouddhistes qu'ils ont par eux-mêmes reconstituées.
… et engagement dans le développement du pays d’origine, le Laos
Ils sont aussi organisés en associations pour l'intégration ici et pour le développement là-bas, au Laos. Certaines associations telles que l'Association de soutien au développement de la société paysanne (ASDSP), travaillent étroitement avec les paysans au Laos. Elles sont reconnues par les organismes de développement en France. Les lycées techniques participent à la fabrication d'outils agricoles adaptés. La production paysanne laotienne est soutenue pour être commercialisée en France et en Europe. Néanmoins, pour pouvoir agir sur le développement au Laos, les associations de la diaspora doivent adopter un profil bas tout en ayant la participation motivée des autorités et de la population locale.
Chronique rédigée par Organisation Laotienne des Ressources Edifiées pour la Coopération (OLREC) - Membre fondateur du FORIM
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
Les propos contenus dans la présente publication n’engagent que leurs auteur.e.s
MOTION.
Paris, le mercredi 23 septembre 2020. La loi de programmation relative au Développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales (LOP-DSLIM) est en préparation depuis 2018. Elle fait suite à la loi Canfin du 8 juillet 2014, dans laquelle était inscrite une obligation de révision pour 2019. Force est de constater que cette révision n’a toujours pas été faite. Le projet de loi devait être présenté au conseil des Ministres du 23 septembre – après une série de report depuis 2019 – et avant d’être transmis au Parlement. Il est désormais annoncé au 4 novembre prochain.
L’assemblée générale de Coordination SUD vient de se tenir, l’occasion de fêter ses 25 ans d’existence au service de la solidarité internationale. L’occasion aussi pour Coordination SUD et l’ensemble de ses organisations membres d’exprimer unanimement leur mécontentement face au nouveau report de l’examen du projet de loi de programmation relatif au Développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales. Une loi qui était pourtant annoncée depuis 2018 comme devant être une priorité politique pour l’exécutif actuel.
Malgré un soutien constant de Coordination SUD, de ses membres, ainsi que de nombreux parlementaires, tous partis confondus, à cette promesse de campagne du candidat Macron, les ONG constatent que la loi n’est toujours pas une priorité politique pour l’exécutif. Et pourtant, les ONG n’ont cessé, dans différentes enceintes, en particulier au sein du Conseil national du développement et de la solidarité internationale (CNDSI) mais également via le Conseil économique, social et environnemental (CESE), de partager leurs recommandations afin que la future loi devienne un levier ambitieux de la politique française de coopération, au service du développement durable et de la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
Le président de la République a affirmé dans l’allocution sur le Plan de relance que toutes les politiques publiques devaient se bâtir sur le temps long. La politique de développement est par excellence une politique du temps long. Dans le contexte de crise sanitaire actuel, il serait incompréhensible que cette loi ne devienne, par absence de volonté politique, qu’une occasion historique manquée pour incarner, par l’outil législatif, un engagement fort de la France à contribuer à un monde plus juste, plus solidaire et plus écologique. Aucune relance digne et durable ne pourra s’engager sans prise en compte des pays les plus pauvres et les plus vulnérables.
Les associations françaises de solidarité internationale, réunies au sein de Coordination SUD à l’occasion de son assemblée générale tenue ce 8 octobre 2020, en appellent donc solennellement la présidence de la République et le gouvernement à la remobilisation forte pour la solidarité internationale et pour sa consécration effective avant la fin de l’année, dans une loi d’orientation et de programmation ambitieuse.
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LAVA est une association oeuvrant pour la réalisation de projets de développement de la commune rurale de Vohilava Manaptrana à Madagascar. L'ile connait la 5ème place des pays avec le plus grand nombre d'enfants descolarisés avec 76.2% de sa population vivant sous le seuil de la pauvreté et le peu d'initiative dans cette zone rurale est généralement l'oeuvre d'OSIM et d'organisations non gouvernementale. Lauréat PRA/OSIM 2019, l'association s'est donnée comme mission d'améliorer les conditions de scolarisation du village avec 3 nouvelles classes et une meilleure construction contre les intempéries. Le projet s'est construit autour d'un besoin significatif de la part des parents, enfants et enseignants face au manque de moyens et la capacité d'accueil de l'école risquant de mettre en péril la scolarisation de plus de 382 élèves et qui peut entrainer leur déscolarisation. Malgré la crise sanitaire liée à la covid-19, l'association LAVA a pu continuer ses travaux et a inauguré l'école le 18 aout 2020 avec différents représentants de la région dont le gouverneur de la province Farafangana ainsi que le maire de Vohilava
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COMMIUNIQUE.
Paris, le mercredi 23 septembre 2020 – Lors du Conseil des ministres de ce matin, le projet de loi de programmation relatif au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales devait être présenté avant d’être transmis au Parlement. Coordination SUD dénonce un nouveau report incompréhensible alors que le monde fait face à un besoin urgent de solidarité internationale pour limiter les conséquences catastrophiques de la covid-19.
La pandémie actuelle entraîne des répercussions désastreuses dans tous les pays, notamment pour les populations les plus vulnérables dont le nombre risque de s’accroître, et plus particulièrement dans ceux en développement. Ce sont pourtant 100 millions de personnes qui sont aujourd’hui menacées de tomber dans l’extrême pauvreté et le nombre de décès liés à d’autres maladies comme le sida ou le paludisme risque de doubler dans l’année à venir, du fait des conséquences de la crise causée par la covid-19. S’y ajouteront les effets de la crise alimentaire, climatique et environnementale qui risquent d’être sans commune mesure. L’engagement de la France dans la coopération pour le développement doit s’intensifier et s’incarner à travers ce texte en l’inscrivant notamment dans la durée.
Coordination SUD et ses membres ont témoigné leur soutien à cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron et ont partagé leurs recommandations afin que la future loi permette de renforcer cette politique de lutte contre la pauvreté et les inégalités. Toutefois, déjà repoussée fin 2019 puis à nouveau à deux reprises courant 2020, cette révision de la loi de 2014 est une fois de plus reportée sine die. Le processus de révision dure maintenant depuis 3 ans et l’échéance pour aboutir à un nouveau texte est déjà dépassée de 14 mois.
La future loi devait en effet fixer les orientations politiques et budgétaires essentielles pour traduire l’ambition et donner perspectives et lisibilité à la politique de développement solidaire. Il est temps d’engager le débat démocratique et de mobilisation citoyenne que cette politique mérite et que cette loi permet. Rappelons que 70 % des Français et Françaises sont favorables à un soutien aux pays en développement.
Emmanuel Macron déclarait hier lors de l’assemblée générale des Nations unies : « Nous devons penser les termes d'une mondialisation qui accepte de revenir et de repenser les termes d'une juste souveraineté et du juste échange ; qui intègre en son sein, au cœur de son modèle, la lutte contre les inégalités sous toutes leurs formes, qu'elles soient de genre, de conditions ou économiques, la lutte contre le réchauffement climatique et pour la biodiversité, et qui permette de manière durable d'intégrer les conditions d'un nouvel équilibre du monde ». Le futur projet de loi doit incarner cette ambition. Sa présentation en Conseil des ministres ne doit pas davantage être retardée et permettre au Parlement de se saisir du texte.
Coordination SUD et ses membres appellent à une reprise urgente de ce processus primordial et de ne pas trahir les promesses de solidarité avec les populations les plus vulnérables de la planète à un moment où elles ont particulièrement besoin.
Réalisées dans le cadre du programme « Made – Afrique de l’Ouest : Pour une gouvernance des mobilités basées sur les droits » le FORIM et ses partenaires issues des diasporas burkinabè et togolaises, ces feuilles de route portent un diagnostic sur les progrès accomplis et les obstacles qui limitent la capacité d’intervention et l’impact des diasporas dans leurs pays d’origine en Afrique de l’Ouest. Elles présentent également des pistes concrètes de renforcement pour l’ensemble des parties prenantes, des OSIM aux autorités nationales en passant par les structures d’accompagnement, le secteur privé et les organisations internationales. Issues d’un travail de 3 ans au sein d’espaces de concertations multi-acteurs, ces recommandations reflètent la volonté partagée d’améliorer les cadres d’engagement des diasporas, et de développer des outils innovants de coopération entre société civile, ici et là-bas, et autorités.
Alors que chacun.e aspire à une vie pacifique et digne, les crises et les conflits rythment l'histoire de l'humanité et ce, toujours en 2020. Il est encore possible - et urgent - d'imaginer un développement de nos sociétés où la paix soit l'état normal, et non cette période de calme entre deux guerres. Construire un monde de paix doit donc s'interroger sur les mécanismes en jeu, les conditions nécessaires à mettre en œuvre et sur les espaces d'action possibles. Cette analyse est pertinente et pertinente dans le contexte de la Covid-19, cette pandémie mondiale bouleversant de manière considérable le fonctionnement de nos sociétés, du local au global.
Sous le patronage de la Commission nationale française de l'UNESCO, le Département de la Seine-Saint-Denis a ainsi le plaisir de vous proposer une série de 3 débats en visio ou audio-conférence. Organisés entre le 21 et le 25 septembre et convoquant de nombreux experts et acteurs, ces débats s'attacheront à analyser et tracer des pistes pour construire un monde de paix, que cela soit à l'échelle de la planète ou du quartier où nous vivons .
Des relations entre Etats, en passant par les enjeux climatiques, ceux des inégalités territoriales, des violences policières ou de la lutte contre les violences faites aux femmes, cette série de 3 débats vise à donc interroger de nombreux aspects de ce qui devrait construire une société de paix.
Le FORIM interviendra au 1er débat d'un cycle d'événements en ligne, dans l'objectif d'interroger le rôle que peuvent jouer les diasporas pour construire un monde pacifique :
LUNDI 21 SEPTEMBRE 2020
18 H À 20 H
Débat # 1
« CONSTRUIRE UN MONDE DE PAIX DANS UN CONTEXTE POSTCOVID»
Inscription obligatoire et gratuite ici
Les relations internationales entre Etats sont soumises à des logiques de puissance, de compétitions et de conflits. L'histoire de l'humanité témoigne de ces logiques dont les populations sont les premières victimes. A l'inverse, des espaces de coopération existants concourant à ce que ces relations interviennent dans un monde pacifié. Pour le construire, l'ensemble de ces questionnements doivent absolument intégrer les enjeux liés au réchauffement climatique, qui structurera de plus en plus l'avenir du monde et de nos sociétés, là aussi, pour le meilleur ou pour le pire. La pandémie mondiale de Covid-19 a également mis en évidence d'interroger nos modèles de développement à l'échelle planétaire. Ce débat interrogera également le rôle que peut jouer la société civile pour construire un monde pacifique.
En présence de:
Débat animé par Roland Nivet , porte parole national du Mouvement de la paix et Pierangela Fontana , co-présidente de Non-violence XXI
Lien de pré-inscription
Pour tout contact, renseignement ou rejoindre le Réseau des acteurs de la culture de la paix et de la non-violence:
Nicolas Boureaumaux
Conseil départemental Seine Saint Denis
www.vialemonde93.net
Le premier cas de Covid19 a été signalé dans la ville de Wuhan (la capitale de la province du Hubei) date du 17 novembre 2019 en Chine. Le 22 janvier, le gouvernement chinois place sous quarantaine trois villes de la province de Hubei: Wuhan, Huanggang et Ezhou. D'autres villes comme Shanghai et Pékin sont également concernées.
Les autorités chinoises interdisent tout trafic aérien, ferroviaire,
routier et fluvial à destination et en provenance de ces trois agglomérations, à l'intérieur desquelles les transports publics (autobus, métro) sont également suspendus. Les autorités ordonnent également la fermeture des lieux publics de divertissement à l'instar des salles de cinémas, des salles de spectacle ou encore des cybercafés. Le port du masque est rendu obligatoire.
Le confinement est relativement strict et contrôlé. Aussi, deux hôpitaux de campagne sont construits de 25 000 m2 et pouvant accueillir jusqu'à mille patients et l’autre pour mille six cents patients. Alors que l’épidémie s’était fortement ralenti, une deuxième vague est annoncée en juin, touchant plus spécifiquement la ville de Pékin. La ville se reconfine après une augmentation de cas dans la ville, dû à une contamination dans un marché de gros.
La Chine est le pays le plus peuplé au monde, avec 1,4 milliard de personnes. C’est aussi le pays qui connait l’une des plus grande diaspora de la planète. Les Chinois d’outre-mer ont débuté leur émigration à la fin du 16ème siècle. Elle s’est intensifiée dans la deuxième partie du
19ème siècle et poursuivie jusque à l’époque contemporaine. Les Chinois d’outre-mer sont aujourd’hui présents sur tous les continents (Zhipeng Li, 2017[1]).
La communauté chinoise en France s’est formée par vagues successives de migrants venus à différentes époques et pour des raisons diverses. Elle est estimée à environ entre 600 000 à 700 000 personnes, soit la plus importante d'Europe. Elle est particulièrement concentrée en Ile de France et à Paris dans le 13ème arrondissement, plus souvent appelé le « quartier chinois ».
La crise de la Covid, en plus de malmener la santé des personnes, a été révélatrice d’une peur de l’Autre. Celui et celle, qui dans notre inconscient, a fait entrer l’épidémie en France est devenu indésirable. Pendant cette crise, la communauté chinoise a connu diverses formes de stigmatisations et de discriminations à son encontre, assimilant les Chinois.e.s de France directement au virus. Sur les réseaux sociaux, s’est développé le #Jenesuispasunvirus pour lutter contre cette stigmatisation. Deux personnalités de la société civile chinoise de France ont accepté de répondre à nos questions et nous apprennent d’une communauté, que nous ne connaissons que très peu. Nous les en remercions.
[1] Voir la thèse de Zhipeng Li « La diaspora Wenzhou en France et ses relations avec la Chine » : https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01819716/document
Grâce Ly est écrivaine, autrice-réalisatrice, et animatrice de podcasts. Elle est née en France de parents chinois, installée en région parisienne depuis l’âge de 6 ans. Elle lance le blog La Petite Banane en 2011, puis crée une websérie Ça reste entre nous diffusée en 2017 et 2018. Elle discute particulièrement des questions d’identité, de racisme de culture.
En septembre 2018, elle crée le podcast bimensuel « Kiffe ta race », avec Rokhaya Diallo. Elle publie, à la même date « Jeune fille modèle » son premier roman chez Fayard. C’est pour elle l’occasion d’évoquer l’exil, les stéréotypes, la double culture, au travers de l’héroïne du livre, Chichi, une jeune asiatique de la seconde génération.
Sacha Lin Jung est de nationalité française, né à Paris issu d'une famille chinoise originaire de la ville Wenzhou. De formation scientifique, il profite néanmoins de la culture entrepreneuriale familiale pour se lancer dans de multiples activités commerciales en France et en Chine. Confronté tout au long de sa vie à des contrastes conflictuels, a germé en lui un besoin d'équilibre intérieur et d'harmonie extérieure. Il est le fondateur d’une association (« Jeunes Chinois de France ») afin de réunir des français d'origine chinoise dans le but de traiter des problématiques ainsi que des potentialités non exploitées relatives aux jeunes français asiatiques. C'est pour lui presque devenu une mission de vie. Lors de la crise sanitaire, il a été l’invité de nombreux plateaux de télévision pour apporter son éclairage en tant que membre actif de la société civile sur le débat du racisme anti-asiatique.
Propos recueillis par Chadia Arab, Jacques Ould Aoudia, et Benoit Mayaux
FORIM : Comment la communauté chinoise se structure-t-elle en France ? Pourriez-vous décrire cette diaspora peu connue ?
Sacha : La première chose à distinguer avant de commencer à parler de la «communauté chinoise» est que la «communauté chinoise» est devenu un amalgame de l'imaginaire collectif qui regroupe des communautés hétérogènes. Dans cette imaginaire collectif, les populations asiatiques font malgré elles aussi partie de cette communauté chinoise. Le seul point commun qui fait vraiment consensus au sein des populations asiatiques est la discrimination au faciès. C'est pourquoi dans la lutte contre les discriminations, nous parlons presque exclusivement de communauté asiatique au lieu de chinoise. Ceci étant posé, on peut distinguer deux courants migratoires qui ont déterminé la composition de la communauté dite chinoise en France: La plus connue est essentiellement basée dans le13eme arrondissement de Paris et a démarré à la fin des années 60, composée de populations asiatiques d'anciennes colonies françaises en Indochine (Vietnam, Cambodge, Laos principalement) qu'on appelle communément les «Boat people». Ces ressortissants de nationalité diverses ont souvent des origines chinoises, l'amalgame de qualifier tous les asiatiques de «chinois» n'est pas causée par la seule méconnaissance, le fait sociologique atteste parfois d'un réel amalgame culturel. L'autre courant migratoire moins connue, est pourtant plus ancien et plus important en terme démographique, représentant près de la moitié de la population chinoise en France est originaire de Chine continentale et son installation en France remonte à la Première Guerre Mondiale. À cette époque, la France et l'Angleterre passent un accord avec le gouvernement chinois de l'époque pour recruter 140 000 travailleurs chinois dont certains, quelques milliers vont finir par s'installer définitivement en France, et notamment à Paris près de la gare de Lyon et dans le 3eme arrondissement de Paris dès 1919. Beaucoup de ces Chinois sont originaires de la région de Wenzhou (ancienne concession étrangère). Cet ilot chinois en plein cœur de Paris restera marginal jusqu'à la fin des années 60 où la Révolution Culturelle en Chine engendre une fuite des Chinois vers de plus verts pâturages. C'est donc en concomitance avec les fameux «boat people», que se développe une migration plus discrète de Chinois de la région de Wenzhou qui, contrairement aux «boat people», n'ont jamais eu de contacts culturels avec la France. Ces deux courants d'immigration représentent la très grande majorité de la population chinoise en France. En marge, on compte bien entendu une présence d'étudiants chinois et une population en provenance de la région du Dongbei au nord-est de la Chine arrivée dans les années 90.n Chaque groupe a ses spécificités culturelles distinctes, ne parlent pas les mêmes langues et dialectes, se développe indépendamment dans des secteurs économiques très différents et possède son propre réseau communautaire et associatif.
En complément de ce tableau non exhaustif, il faut parler d'une population assimilée à chinoise mais qui ne rentrent pas dans les statistiques, celle des français d'origine asiatique issu des différentes courants d'immigrations que l'on voit émerger dans des actions de lutte contre les discriminations ou pour une meilleure représentativité politique. Cette conscience citoyenne est encore très récente et il n'existe aucune étude sur cette population de nationalité française qui commence à s'affirmer de différentes manières.
Grâce : Il serait plus juste de parler des communautés chinoises en France, parce qu’il y a de nombreuses migrations et de nombreux parcours. La Chine est évidemment un grand pays, 17 fois la France. Et donc les immigrations successives ne se ressemblent pas. Il y a par exemple, une immigration de Chine qui date des évènements Tian’anmen[1] de 1989, qui est très politique. Il y a aussi des étudiants chinois qui restent en France et qui s‘installent, il y a des migrations clandestines, des territoires du Dongbei au Nord de la Chine, une immigration qui vient de Wenzhou avec qui la France a tissé beaucoup de liens. Il y a aussi les Chinois qui sont issus des diasporas indochinoises, d’Ex-Indochine française, donc du Cambodge, du Laos et du Viet Nam et qui sont souvent confondus avec ces populations sous le nom de boat people par exemple.
[1] Le 15 avril 1989 débute un mouvement d'étudiants, d'intellectuels et d'ouvriers chinois qui dénoncent la corruption dans la classe politique chinoise et réclament des réformes politiques et démocratiques. Cette contestation, d'abord joyeuse et toujours non violente, se termine par l'intervention de l'armée (Source : France Info).
FORIM : L'épidémie de la Covid19 a débuté en Chine, quels impacts cette crise sanitaire a-t-elle eu en France? Et particulièrement sur la communauté chinoise de France? (racisme? Discriminations ? Autres ?, etc.)
Sacha : Pour les personnes sensibles au contexte de protectionnisme européen et de guerre économique entre les USA et la Chine, le fait que l'épidémie de coronavirus ait débuté en Chine a tout de suite été pris très au sérieux sur le plan sanitaire mais encore plus sur le plan des discriminations. C'est ainsi que les défilés traditionnels du nouvel an chinois en France ont été annulés afin d'éviter tout risque d'exposer les plus jeunes participants à d'éventuels débordements racistes auxquels nous assistions déjà sur les réseaux sociaux et dans la vraie vie. Sur le plan économique, dès le mois de janvier 2020, les commerces de bouche tenus par des asiatiques ont subi une baisse de fréquentation. Le secteur très important du tourisme s'est totalement arrêté. Sur les réseaux sociaux, les propos racistes à l'encontre de la communauté asiatique a explosé de plus de 900%. Sur le plan social, cette crise a mis en évidence le manque de préparation de la société française à faire face à une épidémie. Et donc au sentiment d'injustice des populations d'origine asiatique et malgré tout la suspicion qui a pu être exprimée à l'encontre de la gestion de la crise en Chine, subsiste quand même la conscience que l'Asie notamment la Chine est moins sous-développée qu'on aurait pu le penser. Ce qui peut générer un sentiment compensatoire de fierté au milieu de cette débâcle.
Grâce : Depuis le début de la crise sanitaire en Chine, c’est-à-dire à peu près vers le 20 janvier, date du nouvel an chinois en Chine, il y a eu un début de stigmatisation parce qu’on a projeté sur la population chinoise, les asiatiques d’une manière générale, et donc pas que chinoise, les personnes qui sont perçues comme étant asiatiques, aussi Vietnamiens, aussi d’autres groupes qui ne sont spécifiquement chinois mais qui sont perçues comme asiatiques. Donc des stigmatisations, des discriminations, des violences verbales et aussi physiques. L’épidémie du Covid19 a non seulement été une épidémie sanitaire, mais aussi un reflet des tensions sociales et de la montée du racisme anti-asiatique soudain. C’était une montée soudaine et très circonstanciée, et c’est quelque chose qui n’est pas nouveau en France. Il y a toujours eu du racisme anti-asiatique. En dehors de la crise sanitaire, c’était quelque chose de beaucoup plus insidieux, beaucoup plus invisible. On parle souvent de stéréotype qu’on dit positif. On dit souvent la communauté asiatique, chinoise, qu’on trouverait modèle, qui serait discrète et qui travaillerait dur, qui serait composée de « bons immigrés ». C’est souvent l’image qui colle à la peau aux personnes migrantes asiatiques et même des populations françaises aux origines asiatiques. Ce racisme qu’on dit positif, bienveillant mais qui demeure tout de même du racisme, s’est transformé en ostracisation, en violence franche, depuis le début de la crise sanitaire et ça a perduré aujourd’hui encore.
FORIM : Y'a-t-il un racisme particulier par rapport au Chinois et en comparaison aux autres communautés? Y'a-t-il une convergence des luttes? Nous pensons plus spécifiquement aux manifestations contre les violences policières. Est-ce que les Chinois.es de France se sentent concerné.es ? Comment les Chinois s'inscrivent dans ces luttes? Comment palier au racisme anti-chinois?
Sacha : Les noirs, les juifs, les maghrébins et les asiatiques ne souffrent évidemment pas des mêmes suspicions. Le racisme dont souffre les «Chinois» s'articulent sur des clichés effectivement spécifiques. Hormis le racisme ordinaire des clichés positifs ou réducteurs, le racisme anti-chinois se manifeste aussi par le phénomène d'agressions ciblées visant surtout les femmes et les personnes perçues comme les plus vulnérables.
Le racisme anti-chinois est donc présent sous deux formes, l'une est le racisme dit ordinaire et l'autre est un racisme lié à un ressentiment à l'encontre d'une image préconçue de la Chine. Dans les théories du complot, tout le monde peut trouver une raison de haïr «les Chinois», la consommation de viande de chiens, le traitement des musulmans du Xinjiang, la menace pour les démocraties occidentales, toutes ces accusations suffisent à construire un imaginaire collectif ou le «chinois» est l'ennemi. Dans ce contexte de dénonciation des violences policières, les populations chinoises ne se sont que très peu positionnés officiellement même si l'affaire LIU SHAOYAO, père abattu à son domicile à Paris devant ses enfants a été le motif d'un soulèvement contre les violences policières. Le racisme anti-chinois est lié à l'image de la Chine véhiculée dans les grands média occidentaux, la lutte contre ce racisme consisterait avant tout à détricoter les mythes anxiogènes sur la Chine qui masquent les points de convergence de l'histoire de la Chine avec le reste du monde. D'ailleurs je constate que depuis la dernière flambée de racisme anti-chinois, le nombre de militants indépendants appliqués à ce travail titanesque sont de plus en plus nombreux.
Grâce : Je ne pense pas qu’il y ait un racisme particulier contre les chinois, de manière interindividuelle, car c’est difficile de distinguer une personne chinoise d’une autre personne asiatique : je ne suis pas ciblée en tant que cambodgienne ou chinoise, je suis ciblée en tant qu’asiatique, avec un faciès, une forme d’yeux, de cheveux, qu’on associe à tout un continent, ce qui par ailleurs est de l’ordre du fantasme. Il y a en revanche du China bashing, qui vise les ressortissants chinois, et l’image de la Chine dans les médias. Le made in China c’est cheap, la Chine ne respecte pas les droits humains, etc. Certaines sont vérifiées, d’autres non. En tout cas, on remarque un emploi de vocabulaire qui est généralement négatif quand on parle de la Chine, et c’est une forme de racisme. Il se génère au niveau institutionnel, politique, de la recherche, et se diffuse ensuite dans la société française.
Il y a des convergences des luttes : la lutte contre le sexisme touche les femmes asiatiques, qui le subissent quotidiennement. L’antiracisme aussi fait partie de cette convergence. Les violences policières sont une lutte partagée. Les enfants de Liu Shaoyao ont monté un groupe de soutien pour demander justice pour leur père. En tant que franco-chinoise, je me sens concernée par ces faits de société, et cette prise de conscience en France. Ces revendications, ces demandes, ces manifestations pour la justice de Liu Shaoyao s’inscrivent dans un contexte plus large contre les violences systémiques.
Concernant la lutte contre le racisme anti-asiatique, je pense que la réponse pour faire progresser la société française peut être, à mon sens, la même que pour le sexisme ou pour toutes les formes d’oppression. Toutes ces formes d’oppression sont aujourd’hui régulièrement dénoncées et pour lesquelles on cherche à la fois un appui institutionnel et une médiatisation, une prise de conscience, une sensibilisation et un travail éducatif auprès de la population.
Lutter contre le racisme, c’est à la fois dénoncer ceux qui le pratiquent. C’est demander à nos institutions, aux personnes qui nous représentent, d’en faire une priorité dans les politiques publiques, de l’inscrire dans les programmes de l’Education Nationale. Mais aussi c’est rendre responsables ceux qui se rendraient coupables de racisme et qu’il y ait des réparations. C’est une réponse qui est globale. Qui peut se faire pour toute sorte d’oppression.
FORIM : Quels liens entre les Chinois de France et le pays d'origine?
Sacha : J'ai toujours observé que les Chinois de France de même que les Français d'origine chinoise étaient tournés vers la France plutôt que la Chine, peu sont ceux de la deuxième génération à garder des liens effectifs avec la Chine. Mais l'apparition d'une forme de sentiment anti-chinois pousse de plus en plus les Chinois de France à se tourner vers leur pays d'origine et à se réapproprier cette culture qui constitue à la fois un atout sur le plan professionnel mais aussi un éventuel refuge par rapport au spectre d'un échec social en France.
Grâce : En ce qui concerne mon lien avec mon pays d’origine, je suis Chinoise du Cambodge. Donc je suis à la fois Chinoise, et mes parents viennent de Chine. C’est-à-dire qu’il sont nés au Cambodge dans une communauté, une famille chinoise. Ma mère est Cantonaise, mon père est Teochew.
Mon lien avec mon pays d’origine ? Je fais des voyages touristiques. J’ai de la famille qui a pu se réinstaller dans ces territoires [chinois]. Moi, personnellement, je ne travaille pas avec ces territoires. Je ne suis pas activement liée au pays d’origine. Mais j’ai une grande fascination pour sa culture, et pour mon héritage. Je ne pourrai pas, bien sûr, répondre au nom des Chinois de France. Je n’ai pas de mandat pour parler en leur nom.
FORIM : Enfin, comment voyez-vous le "monde de demain"?
Sacha : Pendant le confinement, chacun s'est mis à imaginer «le monde d'après». Je n'ai pas attendu pour œuvrer à un monde de Paix et de compréhension entre les peuples. Mais comment se comprendre séparés par des écrans de smartphones, séparés par la distanciation sociale, la suspicion et les restrictions de voyage?
La crise du Covid-19 a mis en suspens les interactions sociales, le temps d'aujourd'hui est celui de la remise en question de nos sociétés et de la refonte de nos acquis et certitudes. Je vois le monde de demain bien partagé entre ceux qui auront su construire des fondations humaines solides qui leur permettront d'apprendre, de comprendre, de transmettre dans un monde meilleur qu'ils auront eux-mêmes créé et ceux qui s'enliseront dans des problématiques non résolues du passé, incapable de se projeter dans le monde de demain.
Il est difficile de lancer un pronostic sur le monde de demain mais toute crise à deux faces, d'un côté le danger de destruction et de l'autre l'opportunité de se renouveler, d'évoluer, de s'entraider. J'espère que celles et ceux qui liront ces lignes seront convaincus que le monde de demain se construira sur nos prières d'aujourd'hui, puissent-elles rapprocher les gens et consolider la Paix entre les différents peuples.
Grace : Le monde de demain ? En fait, il n’y en a pas ! C’est le monde d’aujourd’hui. On fait aujourd’hui notre monde, chaque jour. Le monde d’aujourd’hui, celui qui se profile, c’est un monde où il n’est plus possible de mépriser les autres. On le voit grâce aux mobilisations, à l’organisation des personnes qui sont les premières concernées par les oppressions comme les femmes, comme ceux qui souffrent de racisme, ceux qui sont victimes des violences policières. Il y a des mobilisations, il y a dans l’espace public des revendications fortes de ces personnes et toute la société pourrait en bénéficier puisque cela ne concerne pas qu’une seule personne.
Le monde d’aujourd’hui se construit tous les jours. Je vois depuis la fin du confinement notamment, une présence sur les réseaux sociaux mais aussi dans la rue de beaucoup de personnes qui demandent à être entendues et être respectées dans leur singularité. Et ces voix ne sont pas forcément entendues, mais j’ai bien l’impression qu’elles ne vont pas cesser de se faire entendre avant d’obtenir de la part des personnes qui nous représentent dans les institutions de gouvernance de la France, d’être considérées et de faire avancer ce qui doit l’être.
Chronique rédigée par Chadia Arab, Jacques Ould Aoudia, Benoit Mayaux
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
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Le programme Co-développement Mali, connu également comme Programme Mobilité Migrations pour le Développement (P2MD) est né de la volonté de deux pays – le Mali et la France – de valoriser et de mobiliser davantage la diaspora malienne en faveur du développement du Mali à travers notamment l’accompagnement et le renforcement de ses interventions par un appui technique et/ou financier à ses projets. Le cœur de la démarche constitue le co-développement sur le double espace qui entend l’engagement de la diaspora malienne dans les pays d’accueil, d’une coté, et des acteurs et des populations locales à Mali qui sont des bénéficiaires directs et des porteurs des projets, de l’autre.
DATE d'ECHeANCE : 24 Juillet 2020
Dans le cadre du programme, la Cellule Technique du Co-Développement du Ministère des Maliens de l’Extérieur, lance un appel à projets visant à lutter contre la propagation du Covid-19 et à en atténuer les impacts économiques et sociaux. Le dispositif vise à accompagner les collectivités territoriales, les associations ou ONG maliennes en partenariat avec les associations de la diaspora malienne installées dans les pays de l’UE, de la CEDEAO et/ou de la CEMAC dans la réalisation de projets collectifs.
L'appel s'adresse aux associations de la Diaspora Malienne basées en France. Une condition est pré-requise aux projets candidats avant la soumission : création d’un partenariat entre l’association de la diaspora malienne et le porteur local, où l’association de la diaspora se porte en tant que partenaire du projet et le porteur figure en tant que maître d’ouvrage principal.Les projets retenus devront être mis en œuvre sur une période maximale de 9 mois après leur sélection.
L’enveloppe globale mise à disposition pour cet appel à projets est de 300 000 000 FCFA. Toute subvention octroyée à une action dans le cadre du présent appel à propositions doit être comprise entre un montant minimum de 15 000 000 FCFA et maximum de 30 000 000 FCFA. La subvention octroyée dans le cadre du présent appel à propositions peut être de 100 % du total estimé des coûts éligibles de l'action les partenaires de la diaspora malienne sont invités à cofinancer l’action à hauteur minimum de 10% du total des coûts éligibles de l’action
1. Santé, hygiène et assainissement : réalisations d’infrastructures gérées collectivement (construction ou équipements de Centres de santé communautaire, adductions d’eau potable, achats de matériels de protection contre la propagation du Covid19, achats de médicaments, etc.) et acquisition de matériel destinés à promouvoir les gestes barrières, ou toute autre action visant à réduire la propagation et les effets du COVID-19.
2. Des projets structurants de sécurité alimentaire visant à soutenir la résilience des populations et l’autosuffisance alimentaire face aux crises et aux conséquences de l’épidémie COVID-19 pendant les périodes de soudure et de difficultés alimentaires (réalisations de banques de céréales et/ou dotations de celles-ci, réalisation des périmètres maraîchers ; dynamisation de filières productives agricoles et d’élevage).is
Les conditions d'éligibilité la procédure de dépôt de candidature et de sélection des projets, sont disponible ci-dessous.
#1 appel
#2 cahier de procédure
#3 fiche de candidature
#1 appel
#2 cahier de procédure
#3 fiche de candidature
présentation de l'appel Facilité 3
Mercredi 08 juillet 2020
de 17h à 19h
14, Passage Dubail 75010 Paris