Le Ghana est un pays anglophone entouré de trois pays francophones : la Côte d'Ivoire, le Togo et le Burkina Faso. Des liens étroits culturels et linguistiques existent entre les 4 pays : 45% de la population ghanéenne est composée d’Akans qui sont en même temps 33% de la population ivoirienne. Les Mossis constituent 26% de la population du Ghana et 40 % de celle du Burkina Faso. Et on recense trois millions d’Ewes au Ghana et 2 millions au Togo. Les diasporas sont représentatives des communautés ethniques des 4 pays.
Le 12 mars, le Ministère de la Santé, Mr. Kwaku Agyemang-Manu annonce que 2 cas positifs à la COVID-19 sont déclarés, importés de Turquie et Norvège[1]. Dans la foulée, le Président de la République, Mr. Nana Akufo-Addo annonce un plan de 100 millions de dollars pour faire face à la crise. Le 16 mars, le gouvernement déclare la fermeture de tous les rassemblements publics, conférences, enterrements, festivals, évènements sportifs, et cérémonies religieuses, pour 4 semaines. Le 22 mars, les frontières sont fermées. Le 30, un confinement partiel est mis en place dans les villes d’Accra et Kumasi, avec des exceptions pour les services essentiels. A la fin de mois de mars, 141 cas positifs sont répertoriés. Le 11 avril, alors que le nombre de cas est porté à 566 confirmés, les premiers cas apparaissent dans les régions de l’ouest et de la Volta, importés du Nigéria. Le Président étend l’interdiction des rassemblements jusqu’au 31 mai. Toutefois, les mesures de confinement ont été assouplies dès la fin du mois d’avril, permettant aux commerces d’Accra de fonctionner normalement, en recommandant le port du masque et les gestes barrières. Cette réouverture rapide a été perçue comme prématurée par les populations, notamment face à la rapide augmentation du nombre de cas.
Le 14 juin, les médias annoncent que le ministère de la Santé a contracté le virus.
La stratégie de lutte contre le virus adopté au lendemain du premier cas identifié le 12 mars s’est définie selon la règle des trois T, Tracing, Testing and Treatment soit Traçage Dépistage et Isolement/Traitement. Ainsi, en un mois, 11000 personnes ont été testées[2] .
[1] https://citinewsroom.com/2020/03/two-cases-of-coronavirus-confirmed-in-ghana/
[2] https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-ghana/test-and-trace-has-worked-for-us-ghanas-president-says-idUSKBN22B2OE
Les conséquences économiques de la crise promettent d’être violentes. Le Ghana, principal producteur de cacao et d’or, connaitra sans doute sa pire année en terme de croissance pour 2020 depuis des décennies. Dès le début de la crise, la Compagnie Ghanéenne des Eaux et la Compagnie Ghanéenne de l’Electricité ont été enjoints d’assurer la continuité de leurs services. Le Gouvernement s’est engagé à prendre en charge les factures d’eau de tous les ghanéen.ne.s pour trois mois (avril, mai, juin).
Le Gouvernement s’est également engagé à soutenir l’économie. En partenariat avec les syndicats et les représentants du patronat, un plan de prêts de 600 millions de cedis (92 millions d’euros) pour les petites entreprises a été lancé.
Les diasporas ghanéennes ont, à travers le monde, joué un rôle essentiel pendant la crise du COVID-19. Celle du Canada et des États-Unis a envoyé quelques 60,000 dollars au "National Trust Fund" établi par le président ghanéen, fond auquel lui-même et son vice-président ont abondé à hauteur de trois mois de leur salaire avril, mai et juin 2020.
La diaspora ghanéenne en Angleterre quant à elle a transféré 30,000 livres sterling, illustrant la contribution des diasporas d'autres continents à ce fond.
En France, elle a choisi une autre voie : celle de concentrer ses efforts dans le pays d’immigration. La décision impulsée par les membres du CAGEF (Collectif des Associations Ghanéennes en France) relevait d’un constat simple : la maladie a frappé de plein fouet la communauté ghanéenne de France. En Mars et en Avril, nous avons constaté de nombreuses hospitalisations dues au Covid 19 et nous perdions cinq personnes chaque semaine.
Notre action s’est déroulé sur deux volets :
La méthode :
Une équipe médicale et scientifique a été créée. Quinze jeunes (médecins, pharmaciens, infirmiers, chimistes, internes, physiciens) se sont portés volontaires. Pendant deux mois ils ont mené des actions pédagogiques auprès de notre communauté en France à travers des émissions radios et vidéos, des appels téléphoniques auprès de la population. Aujourd'hui ce groupe se constitue en association des scientifiques et médecins.
Le deuxième volet repose sur la distribution de colis alimentaires : nous avons lancé un appel au sein de notre communauté pour le financement et avons collecté ainsi quelques quatre mille euros. Sur cette base, les comités créés dans toute l’île de France ont pu acheter des denrées et assurer des distributions hebdomadaires. Deux cents familles ont pu, selon notre décompte, en bénéficier.
Ceci nous a permis une cartographie de la communauté ghanéenne : les étudiants, les sans-papiers, les plus démunis etc.
La crise Covid19 nous a toutefois conforté dans nos solidarités et nous a aussi donné plus de visibilité auprès l'ambassade du Ghana en France.
Chronique rédigée par Mike Attah, Administrateur du Collectif des Associations Ghanéennes de France (CAGEF)
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
Les propos contenus dans la présente publication n’engagent que leurs auteur.e.s
Le FORIM était invité mardi 9 juin au Grand Débat d’Africa Radio, pour une émission entièrement dédiée aux actions des associations de la diaspora face à la crise sanitaire.
Le Président Mackendie Toupuissant, avec Aboubakar Lalo, Vice-président du Conif (Conseil des Nigériens de France), et Fatoumata Fadiga, Vice-présidente de l’association Enfants Mundo ont expliqué comment les OSIM se mobilisent depuis plusieurs semaines, notamment en France, pour mener des actions spécifiques en faveur des populations immigrées vulnérables dans cette période de pandémie.
Le FORIM, tête de réseau de plus que 1000 associations de migrants, a très tôt choisi de mettre la lutte contre la Covid-19 au centre de son agenda, en «initiant des activités et des outils adaptés pour lutter contre cette pandémie» aussi bien en France que dans les pays d’origine des migrant.e.s.
Contacts presse :
Pierangela Fontana, Chargée de communication
pfontana@forim.net
Nom officiel : Haïti, indépendante 1er Janvier 1804 suite à la victoire militaire des anciens esclaves face à l’armée de Napoléon le 18 Novembre 1803 (Bataille de Vertières). Située dans la Caraïbe, Haïti fait partie de Grandes Antilles occupant le tiers occidental de l’île, les deux tiers orientaux étant occupés par la République Dominicaine, indépendante d’Haïti en 1844.
Population : 10 981 000 habitants (Banque mondiale, 2017)
Densité : 398 habitants/ km² (Banque mondiale, 2017)
Croissance démographique : 1,22 % (Banque mondiale, 2017)
Espérance de vie : 63,3 ans (Banque mondiale, 2016)
Taux d’alphabétisation : 48,68 % (PNUD, 2005-2013)
Religion (s) : vaudou et 55 % catholiques, plus de 40 % protestants
Indice de développement humain : 0,498 - 168e (sur 189 pays, source PNUD rapport 2018)
Superficie : 27 560 km² (Banque mondiale)
Capitale : Port-au-Prince
Langue (s) officielle (s) : le créole et le français
Monnaie : la gourde haïtienne (HTG)
Les défis structurels d’Haïti sont connus et soulignés par plusieurs publications. On y lit : « Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant de 756 $ en 2019 et un indice de développement humain le classant 169 sur 189 pays en 2019. Selon l’indice de capital humain, un enfant né aujourd'hui en Haïti a un potentiel à l’âge adulte évalué à 45% de ce qu’il aurait pu avoir s’il avait bénéficié d’une éducation et d’une santé complètes. La dernière enquête sur la pauvreté (2012) informe que plus de 6 millions d’Haïtiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté avec moins de 2.41 $ par jour, et plus de 2.5 millions sont tombés en-dessous du seuil de pauvreté extrême, ayant moins de 1.23 $ par jour. » (Banque Mondiale, 11 Mai 2020, banquemondiale.org)
Il faudrait ajouter à ce triste tableau la dégradation de l’investissement expliquée par le niveau élevé des risques. Une violence endémique des groupes armés, notamment autour de la capitale est entretenue par des factions politiques qui terrorisent les populations. Le niveau d’insatisfaction des populations déçues des promesses des dirigeants a entrainé un mouvement de contestation amorcé en 2019 appelé « peyilok » (lock out) caractérisé par la fermeture de nombreuses entreprises, la paralysie des activités commerciales et de l’économie informelle. En conséquence, le PIB s'est contracté de 0,9% en 2019 ; le pays fait aussi face à une dépréciation monétaire rapide (près de 25 % par an), des taux d’inflation élevés (près de 20%). L’administration discréditée montre son incapacité à collecter les recettes. Malgré cette difficulté, le gouvernement subventionne les produits énergétiques estimés à 6.5% du PIB en 2019, un lourd fardeau budgétaire.
Haïti sort à peine des effets désastreux du cyclone Matthew estimés à 32% du PIB de 2016, notamment dans la Grande Anse. Sur quel levier l’économie haïtienne aurait-elle pu s’appuyer pour répondre à ces défis ? Le tourisme ? Mais les visiteurs sont de moins en moins intéressés en raison de l’image négative d’Haïti à l’extérieur. Le cholera y a contribué pour partie. La dépendance d’Haïti vis-à-vis de l’ONU, renforcée par l’état de la corruption ne tend pas à diffuser les élans locaux porteurs d’espérances. Et l’agriculture ? Elle est mise à genoux par les effets de la politique de libéralisation économique engagée depuis les années 80. Le non-soutien aux agriculteurs dépourvus de moyens financiers, technologiques, matériels, considérés comme étant les producteurs pauvres, se traduit par la dépendance d’Haïti envers l’importation de produits soit de la République Dominicaine, soit des Etats-Unis d’Amérique. 852 millions de dollars d’exportation pour la République Dominicaine contre 36 millions pour Haïti. (www.loophaiti.com) L’agriculture s’accompagne également de la migration massive vers la République Dominicaine et vers les sites d’accueil nouveaux tels le Chili, le Brésil, le Mexique. La majorité de la population dont plus de la moitié est âgée de moins de 21 ans se trouve forcée de fuir la misère. La Covid-19 ajoute à cette situation : la situation alimentaire se dégrade et les risques de famine sont une source d’inquiétudes supplémentaires.
Selon la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), 40% de la population est aujourd’hui en insécurité alimentaire. « Le coût nominal moyen du panier alimentaire, en mars 2020 se situe autour de 1,960 gourdes par personne par mois avec une hausse de 25% en rythme annuel » selon les données fournies par la CNSA dans son bulletin d’avril 2020. Un ménage de 5 personnes en Haïti aurait besoin en moyenne de 11,006 gourdes pour accéder aux aliments de base.
Les Haïtiens ont une relation ambivalente à la pandémie du covid-19. Reconnaissant au gouvernement sa capacité imaginative, ils sont nombreux à le soupçonner d’avoir inventé la Covid-19 comme source de prédation des ressources au profit d’une clientèle. Ils s’en prennent, dans certains quartiers, à des agents de la santé publique venus installer des centres de traitement du covid-19. Ils menacent de lyncher toute personne qui serait contaminée. Malgré la campagne de sensibilisation engagée par de nombreux acteurs (société civile, autorités publiques, fondations, autorités religieuses.), les populations haïtiennes se montrent incrédules, n’hésitant pas à châtier leurs compatriotes contaminés). Cette peur d’être accusée d’avoir instillé le mal a nui à l’identification des individus contaminés. Qu’est ce qui explique cette méfiance des populations ?
La première remonte aux faiblesses congénitales de la présidence actuelle. Doté d’une faible légitimité issue de la distance prise par les Haïtiens avec la politique, le président haïtien Jovenel Moïse n’a pu redonner confiance aux Haïtiens qui ont cru à ses promesses de transformer leurs conditions de vie par une politique incitative de création d’emplois et de relance des investissements. La deuxième raison de la méfiance est la tergiversation du pouvoir depuis les trois années de son règne, sans réponse face aux défis des populations : jugement des ministres, présidents de la République et premiers ministres soupçonnés de détournement des fonds de Petro Caribe, (un fonds estimé à 3.8 milliards de dollars dans le cadre d’un accord avec le Venezuela de 2006 à 2017), mise en œuvre d’une politique qui prenne en compte les souffrances physiques et cognitives des populations, rupture avec la politique de captation des ressources de l’Etat en faveur d’une tribu aux pratiques mafieuses.
La troisième raison de la méfiance des populations : c’est l’importance désormais accordée à la santé chez les Haïtiens. Ils pointent du doigt le gaspillage et les mauvais choix qui ont guidé les différents gouvernements de 2006 à 2016, bénéficiaires de la manne pétrolière du Venezuela. Pour les Haïtiens, celle-ci aurait pu être mobilisée à la construction de centres hospitaliers modernes qui auraient pu faire face avec efficacité au covid-19. Cette absence de politique publique en matière de santé n’est pas étrangère aux attitudes des élites dirigeantes haïtiennes. En l’absence d’une politique sociale née de la loi du 10 octobre 1949 sur la sécurité sociale, le filet de protection sociale n’est pas garanti à tous les Haïtiens. Ainsi, les Haïtiens ne seraient plus des citoyens égaux. Ils seraient plutôt insérés dans un ordre social deshumanisant qui intègre l’indécence de la misère à une politique insolente du mépris. Et pour preuve : malgré les mesures barrières, les Haïtiens se sont inscrits en grand nombre à l’Office National d’Identification en vue d’obtenir leur carte électorale.
L’auto-protection et le recours aux solutions locales
Ce sont ces défaillances qui sans doute motivent les populations haïtiennes à s’auto-protéger. Elles se fabriquent leurs propres masques, installent des seaux d’eau javellisés à l’entrée de leur domicile (alors que l’accès à l’eau est couteux), revisitent les pratiques de solidarité communautaire, pour celles qui croient dans le caractère réel de la pandémie. De plus, elles souhaitent elles-mêmes définir leur propre médication, avant même la demande exprimée par le président haïtien à son homologue malgache (tisanes d’armoise, de gingembre, d’aloe vera, d’oignons, d’ail, de rhum…) posant par hypothèse que l’épidémie qui les terrasse est d’origine extérieure ; par conséquent, elle est objet d’un traitement spécifique à l’histoire politique d’Haïti forgée dans les fers de l’esclavage.
Deux épidémies ont marqué les Haïtiens récemment et les ont portés à considérer leurs origines extérieures dans une relation de reproduction de l’humiliation : le VIH sida et le choléra. Les victimes en ont subi le même traitement que celles qui sont contaminées du covid-19 : le mépris, la stigmatisation. La crise sanitaire qu’a connue Haïti dans la période contemporaine-antérieure au covid-19 est le résultat des initiatives rachitiques qui contrastent avec les besoins des populations en matière de santé.
La crise sanitaire du Covid-19, annonciatrice de profonds bouleversements s’accompagne d’un malaise qui alimente les hypothèses les plus alarmistes sur le projet d’un monde amputé de ses objets embarrassants : des Indiens exterminés par l’aventure de Christophe Colomb, des Noirs d’Afrique projetés sur des territoires d’Haïti jusque-là ignorés, des migrants haïtiens refoulés des Etats-Unis (61 le 7 avril 2020, 50 le 14 mai 2020). Cette description rappelle l’ordre actuel de la séparation, de la distinction. Plus que la distinction, c’est plutôt l’ère de la survie. Survivre à la pandémie du covid-19 est une urgence de l’instinct. Mais la survie ne va pas sans réfléchir à la faiblesse et à la qualité des structures de santé d’Haïti qui rend compte du modèle de société : ni un Etat minimal limité à la protection contre le vol, l’escroquerie et la violence, ni un Etat-providence protecteur des droits sociaux et du bien-être collectif. Ainsi, la Covid-19 est révélateur du niveau d’incapacité de l’Etat haïtien à répondre aux défis de la crise sanitaire : distribution et disponibilité de l’eau aux populations, distribution de savon ou de gel hydro alcoolique et de masques, adoption de mesures-barrières, mesures de confinement, état d’urgence sanitaire…
Faute de se montrer à la hauteur des enjeux, le pouvoir de Port-au-Prince s’inspire des mesures envisagées en Occident. Leur irréalisme saute aux yeux comme si Haïti dispose autant d’atouts que les sociétés occidentales. Mais cette tentation ne vise qu’à noyer le poisson, qu’à cacher les incompétences, les irresponsabilités, les défaillances, l’impéritie haïtiennes. (Voir encadré de l’évolution du covid-19 en Haïti).
Les mesures préventives envisagées par le gouvernement n’ont pas été suivies par les populations. Au cours de la phase 2 ainsi appelée par les autorités gouvernementales, des recommandations adressées aux Haïtiens de rester chez eux, de limiter leurs déplacements n’ont pas été respectées. La mise en quarantaine des individus provenant des zones à risque, l’affluence des passagers dans les transports publics, le non-respect du confinement pour des raisons de survie… rendent compte d’un déficit d’adaptation à la réalité locale. Les promesses du gouvernement d’assurer la prise en charge salariale de 60.000 ouvriers des usines de la sous-traitance, du personnel médical, de 100.000 professeurs, d’allouer 27 dollars américains aux familles les plus vulnérables, de distribuer massivement des masques… ne sont pas encore traduites dans les faits. Il est vrai, quelques familles ont reçu un kit contenant 10kg de riz, 2 sachets de spaghettis, 2 boites de saumon, 2 sachets de pain dans les quartiers de Tabarre, de Delmas.
Quant à l’évolution de la pandémie, elle semble franchir un autre pas. Selon les derniers chiffres disponibles le 21 mai 2020, 600 cas de contamination du coronavirus étaient enregistrés. Les personnes testées positives sont au nombre 663, pour 22 décès enregistrés, 21 cas de guérison et 620 cas actifs. Mais où se faire soigner quand on est contaminé ? Il est difficile de répondre.
Ce qui suscite inquiétudes et angoisses c’est l’absence d’informations sur les lieux des centres de traitement du covid-19. Sans doute, cette information est-elle volontairement lacunaire. En effet, les populations locales s’opposent violemment à tout projet d’implantation des centres de traitement. Les campagnes de sensibilisation assez tonitruantes sur cette attitude démentielle et déraisonnable de certains individus n’y ont rien changé.
Par ailleurs, les numéros d’appel 2020 publiés par le Ministère de la Santé Publique, destinés aux contaminés du covid-19, sont sans réponse. En outre, on ne sait pas à quels établissements hospitaliers sont affectés les matériels commandés d’une valeur de 4.5 milliards de gourdes. Alors qu’ « Haïti dispose désormais, de 1.000 lits complets, 1.5 millions de masques chirurgicaux, 200 mille N95, plus de 249 mille lunettes de protection, 250 mille visières, 100 charriots pour les respirateurs et 100 respirateurs artificiels avec accessoires. »
12 mars 2020 : réalisation des tests de dépistage dans les aéroports selon le gouvernement. Aucun cas de covid-19 en Haïti.
13 mars 2020 : mise en place d’une task force en prévention de la pandémie.
17 mars 2020 : mise en place d’un centre d’informations permanentes sur le Corona virus.
18 Mars 2020 : fermeture des usines de sous-traitance, des centres de formation professionnelle, des universités. Un cas de suspect mais non confirmé. Des individus armés de machettes tentent de lyncher l'enseignant de l'Université Henry Christophe, suspecté d’être contaminé. Mise en quarantaine d’une soixantaine de personnes qui étaient en contact avec le suspect.
Couvre-feu applicable sur le territoire national entre 20h et 5h. Conseil des Ministres spécial sur le traitement du covid-19. Formation d’un Comité scientifique chargé d’éclairer les décisions du gouvernement
Annonce gouvernementale portant sur la livraison des masques, des gants, des médicaments, des solutés et autres fournitures médicales nécessaires ; sur la mise en quarantaine des individus provenant des zones à risques.
19 mars 2020 : Etat d’urgence sanitaire.
22 mars 2020 : 6 cas de COVID-19 confirmés. 4 nouveaux cas ont été confirmés le 21 mars après les tests du laboratoire nationale sur les cas suspects.
23 mars 2020 : publication des mesures barrières à respecter.
25 mars 2020 : interdiction d'atterrissage des vols en provenance des zones rouges et affectées, à l'exception des États-Unis et Cuba, fermeture de la frontière terrestre d'Haïti avec la République Dominicaine
27 Mars 2020 : prolongation d’un délai de 3 mois accordé aux entreprises de s’acquitter de leurs redevances fiscales.
30 mars 2020 : la COVID-19 présente dans 4 départements. Les Haïtiens boudent les mesures-barrières, les principes d’hygiène et de distanciation sociale et ne limitent pas leurs déplacements.
Le gouvernement a sollicité un don d'un million de masques des entreprises haïtiennes. De plus une commande de 10 millions de masques est prévue. Quatre entreprises haïtiennes ont repris partiellement leurs activités en vue de production de masques. Trois autres usines pour la production d'autres matériels médicaux dont des blouses pour le personnel médical. Le chef du gouvernement a expliqué que ces masques seront distribués gratuitement par l'intermédiaire des municipalités, des collectivités territoriales et d'autres entités de l'État.
Promesse du président de la République de distribuer des rations alimentaires pour I million de familles sous contrôle du Commissaire du gouvernement à Delmas et à Tabarre. Et promesse de prise en charge salariale de 60.000 ouvriers de la sous-traitance, du personnel médical, de 100.000 enseignants, professeurs d’Universités.
2 Avril 2020 : Les laboratoires Pharmatrix et 4C produisent de la chloroquine en sirop et en comprimé pour le gouvernement « qui les distribue au système sanitaire. »
7 avril 2020 : Une nouvelle commission dite multisectorielle de gestion de la pandémie du Covid-19 a été installée par le Président Jovenel Moïse.
9 avril 2020 : En une semaine Haïti est passé de 16 à 30 cas confirmés de covid-19. Hausse également des décès avec 2 morts. 68 personnes sont en quarantaine hospitalière et 664 à domicile.
16 avril 2020 : Le gouvernement autorise la reprise des activités des entreprises du secteur des textiles. Plus de 58 000 ouvriers notamment à la Sonapi, à Codevi et à Caracol sont concernés par cette reprise
17 avril 2020 : 108 détenus ont été libérés dans le cadre des dispositions spéciales liées à la crise du corona virus. Le chef du parquet de Port-au-Prince assure qu'aucun « bandit » accusé d'implication dans des crimes, assassinats, kidnappings et viols n'ont bénéficié de ces dispositions.
20 avril 2020 : Etat d’urgence sanitaire prorogé. Couvre-feu instauré.
23 avril 2020 : Le chargé d'Affaires de l'Ambassade de la République de Chine (Taïwan) en Haïti, M. Chi-Chih Shin, a fait un don de 7 caméras thermiques et d'un lot de 100 000 masques dans le cadre de la lutte contre le coronavirus en Haïti.
27 avril 2020 : don de 75.500.000 dollars américains du gouvernement américain à Haïti. Par le biais de l'USAID, le peuple américain fournit également 13,2 millions de dollars supplémentaires pour soutenir les efforts haïtiens de communication sur les risques du COVID-19, l'amélioration de l'eau et de l'assainissement, la prévention des infections, la gestion des cas, entre autres.
19 mai 2020 : Deux mois après le début de la pandémie, le nombre de cas confirmés de corona virus a déjà franchi la barre symbolique des 500. Le département de l'ouest, qui concentre plus de 80% de l'activité financière, est l'épicentre de la pandémie. L'Ouest compte 396 personnes infectées et 12 décès.12 communes sur 20 comptent au moins 1 cas de contamination. La capitale Port-au-Prince, arrive en tête avec 109 personnes infectées et 3 décès, suivie de Delmas 102 personnes infectées et 2 décès, Pétion ville 87 personnes infectées et 1 décès, Tabarre et Croix des Bouquets avec 30 personnes infectées chacun et 2 décès pour Croix des Bouquets.
21 mai 2020 : publication du décret présidentiel fixant les règles générales de protection de la population. Article 13.- « Toutes formes de stigmatisation et de discrimination sont interdites sous peine des sanctions prévues par la loi. » Article 8 «Le port du masque de protection ou d'un équipement de protection individuelle… est obligatoire pour toute personne se trouvant ou circulant sur la voie publique, sous peine de trois mille (3,000.00) gourdes d'amende, de cinq (5) jours d'emprisonnement ou de quinze (15) jours de travail d'intérêt général à déterminer par le Conseil Municipal »Article 5.- Le conducteur est autorisé à refuser l'accès du véhicule ou du matériel de transport à toute personne qui refuse de porter un masque de protection ou un équipement de protection individuelle protégeant au moins la bouche et le nez ou qui ne se conforme pas aux autres mesures de lutte contre la pandémie / épidémie adoptées par Arrêté pris en Conseil des Ministres. »
Séances de formation aux précautions à appliquer et à la bonne utilisation du port des masques à divers groupements d'agriculteurs/trices, de marchand.e.s et d'habitant.e.s de sections communales de Fort Ogé, Calvacher, Orangers, Berry..
L’association Rêvons Pour Haïti, membre de la PAFHA, s’est engagée auprès des acteurs locaux par les actions suivantes :
- Campagne de sensibilisation pour application des gestes barrières
- Décontamination de l’eau pour favoriser le lavage des mains (Gardien dlo).
- Fabrication et distribution des masques dans différents centres de santé à Leogane.
La communauté haïtienne de France a été frappée par le deuil. On dénombre plus d’une centaine de victime du coronavirus dont l’âge se situe entre 50 et 80 ans appartenant aux communautés évangéliques, les taxis, les entrepreneurs…
Venir en aide à la communauté haïtienne de France
Pour faire face à la situation de crise créée par la covid-19, la PAFHA (Plateforme d’Associations Franco-Haïtiennes), ses associations membres, ses partenaires et les églises de la communauté haïtienne de France ont mis en place les dispositifs suivants :
« Vous souhaitez nous aider !
Participer à notre action en venant déposer conserves, riz, pâtes dans notre boite à donations. »
Madagascar va envoyer le Covid-Organics en Haïti pour lutter contre le coronavirus
La Covid-19 rapproche Haïti et Madagascar. Dans une vidéoconférence, les présidents haïtien Jovenel Moïse et malgache Andry Rajoelina se sont mis d’accord sur l’envoi en Haïti d’un stock du médicament baptisé Covid-Organics utilisé à Madagascar dans la lutte contre le coronavirus. Les scientifiques des deux pays vont aussi travailler ensemble à approfondir les recherches sur la pandémie.
Aide apportée par la Banque mondiale
La Banque mondiale se tient prête à soutenir ses partenaires en Haïti au cours de ce moment difficile. Un projet de réponse rapide au COVID-19 d’un montant de 20 millions de dollars a déjà été approuvé pour Haïti. En plus du financement d'urgence au secteur santé, un soutien est fourni à d'autres secteurs critiques en reprogrammant les ressources existantes, notamment dans l'agriculture, l'éducation, l'eau et l'assainissement. À l’avenir, la Banque mondiale envisage également d’autres initiatives pour soutenir les efforts du pays en faveur de la reprise économique, de la résilience et de la protection de la population vulnérable. https://www.banquemondiale.org/fr/who-we-are/news/coronavirus-covid19
Le FMI approuve une aide de 111,6 millions de dollars en faveur de Haïti
Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé vendredi le versement d'une aide d'urgence de 111,6 millions de dollars en faveur de Haïti pour lutter contre la pandémie de coronavirus. « Le soutien financier du FMI fournit des ressources aux autorités pour les dépenses essentielles de santé et le soutien des revenus pour atténuer l'impact de Covid-19 sur la population », indique l'institution dans un communiqué.
Dans quel état se trouvent les hôpitaux aujourd’hui ? Sont-ils en état d’accueil des contaminés de la Covid19 ?
Haïti partageant l’ile d’Hispaniola avec la République Dominicaine compte de 12 millions habitants sur une superficie de 27.000km carrés. Elle dispose d’un faible système sanitaire qui ne peut pas répondre aux besoins exprimés par la population. Le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) divise le pays en 10 régions sanitaires. Chacun des départements est constitué de centres communautaires de santé (CCS) communément appelés dispensaires, de centres de santé, d’hôpitaux communautaires de référence coiffés par l’Unité d’Arrondissement de Sante (UAS), d’hôpital départemental et d’hôpitaux Universitaires. Avec un ratio d’un médecin pour 10,000 habitants et un budget national de 7,1%, le MSPP n’arrive pas à couvrir les besoins en santé de la population. La plupart des structures sanitaires du pays sont supportées par les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui travaillent dans le leadership, la gouvernance, le suivi et évaluation, la dotation en intrants et matériels et l’offre des soins.
L’apparition de la Covid-19 vient mettre à genoux un système déjà fragile qui n’arrive pas encore à offrir la santé primaire aux Haïtiens. Dépourvues de matériels et équipements et de plateau technique qualifié, les structures sanitaires du pays confrontent de sérieuses difficultés à assurer la prise en charge des patients atteints de corona virus. Le pays ne dispose que 60 ventilateurs et d’une cinquantaine de médecins anesthésistes -réanimateurs dont 85% travaillent à la Capitale. Haïti aura besoin de 7.000 lits pour soigner ces patients contaminés alors qu’elle ne dispose que de 125 lits capables de répondre aux principes de soins intensifs. Très peu de professionnels sont formés sur la prise en charge des complications majeures liées à la Covid19.
Comment la gestion de la pandémie est-elle assurée par les médecins ?
Compte tenu du faible investissement dans le secteur de la santé en Haïti, la grande majorité des hôpitaux du pays ne disposent pas de plateau technique suffisant et bien entrainé pour assurer la prise en charge des patients atteints de Covid 19. Sur la liste de 42 structures sanitaires présentées par le MSPP devant recevoir ces derniers, seulement 5 d’entre elles peuvent offrir ces services. Les cas suspects ou contaminés ont été transférés dans ces centres sanitaires où ils assurent leur traitement à travers le Centre Ambulancier National (CAN), la seule structure du MSPP devant assurer le transport des malades vers ces hôpitaux spécialisés. Pour cela, le MSPP a établi un protocole national de traitement qui se modifie avec le temps, étant donné que la Covid-19 est une pathologie émergente.
Comment les populations font-elles face aux défis de la pandémie ?
Cette pathologie a été mal accueillie par les collectivités haïtiennes qui affichent un certain refus d’appliquer les principes de prévention prônés par le gouvernement. Les mesures barrières sont loin d’être appliquées dans toutes les couches sociales du pays. Ce refus s’explique par l’origine ancestrale de rejeter tout ce qui vient de l’étranger colonisateur et par le manque de crédibilité des acteurs politiques au pouvoir qui souffrent de ce déficit de confiance des mandants. Les populations s’opposent de manière violente à la mise en place des structures Covid 19 pour les soigner. Parallèlement, elles ont recours à la médecine traditionnelle très prisée par l’emploi abusif et incontrôlé des feuilles en potions pour éviter d’éventuelles complications liées à cette pandémie.
Dr. Floris NESI, Médecin MD Obstétricien-Gynécologue, Médecin attaché à l’Hôpital Universitaire de la Paix / MSPP Haïti - Port-au-Prince. HAÏTI, Le 25 Mai 2020
(Dr. Floris NESI vit et travaille en Haïti).
Propos recueillis par Nikie ANDRE.
Chronique rédigée par : Jacques NESI, administrateur de la PAFHA (Plateforme d’Associations Franco-Haïtiennes) avec la collaboration de Mackendie TOUPUISSANT et Esther SAINT-VILLE
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
Les propos contenus dans la présente publication n’engagent que leurs auteur.e.s
Par Mike Attah, administrateur du CAGEF et du FORIM
LES SOLDATS DE LA GUERRE CONTRE LE COVID-19 SONT PRINCIPALEMENT DES FEMMES.
Plusieurs guerres ont été menées et écrites dans l'histoire humaine de l'Antiquité en passant par l’époque médiévale et moderne.
Les caractéristiques sont toujours les mêmes : violence extrême, destruction extrême, chaos et mort. Surtout, les forces militaires étaient principalement des hommes.
Je me souviens avoir écouté des histoires d'horreur sur les champs de bataille de Wofa Yaw Asumadu et Wofa Kwame Oti, mes deux oncles maternels qui avaient combattu en Birmanie, aujourd'hui Myanmar, aux côtés des Britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale.
Yaw Asumadu est décédé à l'âge de 90 ans à Koforidua, tandis que son frère est décédé à Juaso dans la région d'Asante où il s'était retiré pour rejoindre notre famille.
Sans être sarcastique, j'ai eu le privilège de vivre la guerre civile au Libéria et les premiers jours de la guerre en Sierra Leone. Les hommes ont constitué le noyau principal de ces guerres.
Les soldats de la guerre contre l'actuel Covid-19 sont principalement des femmes. Elles représentent plus de 60% des effectifs de la recherche scientifique et sanitaire dans le monde : 87% des infirmières, 91% des aides-soignants à domicile, 73% des femmes de ménage, 76% des caissières et vendeuses et 60% des jeunes médecins sont des femmes (Statistiques françaises).
Bien que les femmes n’aient pas de munitions pour combattre, ce sont leurs compétences, leurs connaissances, leur approche intuitive naturelle pour résoudre les problèmes, des méthodes pragmatiques, le souci du détail, une compréhension des personnes et de l'empathie qui expliquent les succès qu'elles remportent dans le Covid 19.
L'histoire de la guerre contre le Covid-19 sera écrite un jour. L'histoire est toujours écrite par les conquérants. Les femmes sont les conquérantes de ladite guerre.
Elles doivent raconter leurs histoires et écrire leur histoire. Ce serait une façon de leur rendre hommage.
Nous ne devons pas laisser les Donald Trumps, Xi Jinpings, Boris Johnsons, Emmanuel Macron, Bolsanaros, écrivent cette histoire.
CETTE HISTOIRE DOIT ÊTRE RÉCITÉE PAR LES CONQUÉRANTES - Les Femmes.
Nana Attah, Paris.
Le monde est confronté depuis le mois de mars (et bien avant en Chine) à un défi sanitaire de grande ampleur, jamais vu depuis plus de 100 ans. Cette pandémie appelée CoronaVirus ou CoVid 19 à forte contagiosité compromet, en raison de sa rapide diffusion, la vie économique et sociale de la planète.
L’Afrique, continent à propos duquel les Cassandre ont de manière précoce prédit le pire, en particulier celui d’une explosion sanitaire finalement jamais arrivée, doit faire face à une chute des exportations et à un ralentissement des importations qui fait craindre une paupérisation d’une population déjà fragilisée par une insécurité alimentaire chronique (qui toucherait au Sahel plus de 11 millions de personnes), par des conflits et des maladies orphelines. Ces pays, malgré les préjugés, ont actionné très tôt les leviers d’une stabilisation avec des mesures contraignantes qui ont porté des résultats… Pour le moment…
Le Niger, vaste pays enclavé d’une superficie de 1 267 000 km2 est circonscrit dans l’ensemble géographique sahélo-saharien à cheval entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne.
Le Niger compte à ce jour une population de 23 millions d’habitants, population essentiellement rurale (à plus de 80 %). Mais elle est surtout caractérisée par son extrême jeunesse due à sa croissance démographique, la plus forte au monde : selon la concordance des statistiques compilées, le Niger détient le « record mondial » avec environ 50 % de la population à moins de 15 ans (et 20 % a moins de 5 ans) ; la jeunesse de cette population se justifie par un accroissement démographique de 3,8 % sous-tendu par un indice synthétique de fécondité de 6,8 enfants par femme en 2019 []. Les prévisions tablent sur une envolée des chiffres de la population passant de 23 millions à 30 millions dans 10 ans, pour atteindre 70 millions en 2050.
Pauvreté et insécurité alimentaire
Le Niger subit depuis de longues années une irrégularité pluviométrique qui induit une disponibilité insuffisante en produits agricoles de base : la faiblesse des pluies dans le temps et dans l’espace, alliée à la dégradation de l’environnement due à l’avancée du Sahara influent sur le sort de presque 80% de la population (sur seulement 11% des terres arables) de ce secteur primaire, représentant malgré tout plus de 40% du PIB. D’ailleurs toute l’histoire du Sahel, depuis le XVIIème siècle (voire au-delà) n’est qu’une succession de sècheresses et de famines occasionnant des pertes en vies humaines et animales ainsi qu’un déplacement massif des populations vers les zones les plus clémentes : l’une des famines les plus emblématiques survenue au début des années 70 a donné lieu à un élan de solidarité internationale avec une certaine médiatisation de la situation qui dans l’inconscient collectif renvoie le Sahel à la famine et à la sècheresse.
De ce fait, la pression démographique particulièrement élevée engendrant une pression foncière et l’amenuisement des ressources naturelles est un point d’achoppement quant à l’objectif affiché de l’autosuffisance alimentaire. Au cours de l’an 2020, plus de 2 millions de personnes pourraient être affectées par une insécurité alimentaire sévère, selon le premier ministre nigérien, aux termes d’une campagne d’évaluation de la sécurité alimentaire dans la partie septentrionale : 6 des 8 régions du Niger sont marquées par la mauvaise production agricole, des inondations et une production fourragère insuffisante dans les zones pastorales.
Avec 41% de la population vivant au-dessus du seuil de pauvreté, le Niger est l’un des pays qui se débat dans les tréfonds du classement IDH des pays les plus pauvres de la planète, abonné aux dernières places. Cette situation en trompe-l’œil ne doit pas occulter les constantes démographiques dans un pays qui a fait d’énormes progrès dans la transition démographique et dans la lutte pour la réduction de la pauvreté, laquelle était de 54% en 2005. En plus, le taux de croissance de 6,4% en 2019, supporté essentiellement par le secteur rural, permet de maintenir les leviers économiques à flot malgré la réduction des retombées financières générées par le pétrole et l’uranium. Ces deux ressources minières (auxquelles il faudrait ajouter l’or, le charbon, la cassitérite, le gypse) - qui sont contrôlées, l’une, par la Chine, qui exploite en plus une raffinerie à Zinder et, l’autre, par la France (avec Orano ex-Areva) - pèsent dans la balance commerciale. Mais la baisse des cours de l’uranium nigérien (qui ravitaille près de 40% des centrales nucléaires françaises) porte un coup au programme de développement du pays.
Le spectre de la pandémie s’est tardivement mais progressivement installée au Niger comme dans tous les pays africains. Les pouvoirs publics ont vite anticipé la catastrophe tant annoncée sur le continent en prenant des mesures préventives. Le patient 0 a été rapidement identifié et pris en charge au Niger : il est présenté comme étant un passager d’un bus qui revenait de Ouagadougou le19 mars soit 9 jours après la déclaration de plusieurs cas au Burkina. Ce pays est vite devenu un foyer inquiétant de la pandémie en Afrique de l’ouest en raison de l’arrivée de ses compatriotes d’Europe et d’Asie.
⦁ Appréhensions vis-à-vis de la pandémie
Les premières semaines de la déclaration des cas en Chine et en Europe ont été attentivement suivies sur les réseaux sociaux au Niger mais accueillies avec scepticisme : les Nigériens, comme ailleurs, ont développé une incrédulité et une défiance d’une pandémie considérée déjà comme une « maladie des Blancs ». Même les premiers cas n’ont pas convaincu les Nigériens de l’acuité de cette pandémie mêlant théories du complot et nihilisme : pour beaucoup, la maladie n’existe pas, c’est un complot de l’Occident pour piller nos ressources, ou pire Bill Gates via sa fondation veut massacrer les Africains avec un vaccin ou veut s’enrichir en finançant un remède… Une flopée de fake news sont relayées par WhatsApp sur la base de sources douteuses ou non signées.A titre d’exemple, lors d’une interview le docteur vétérinaire Z. Maïga, à l’instar de certains leaders d’opinion, après avoir fait un historique du virus avec une première mutation pour donner le SRAS (sic), puis le MERS (re-sic), décrétait de manière abrupte «au-delà de 20°C, il [le virus] dégage, il est mort ! » C’est le genre de parole qui porte dans un pays qui enregistrait à l’époque des pics de température de 35-40°C.
Le facteur religieux :
L’irruption de la pandémie au Niger à partir du 19 mars, n’a pas refréné les habitudes religieuses des Nigériens en termes de participation aux prières collectives. L’imaginaire collectif du croyant veut qu’on ne peut combattre une pandémie qu’avec des invocations en groupe, malgré les mises en garde de certains imams qui se réfèrent aux textes canoniques en période de trouble ou de maladie. La fermeture des mosquées ordonnée à partir du 19 mars par le gouvernement a provoqué des manifestations de rue à Niamey, Zinder, Mirriah de la part de croyants qui voulaient la réouverture immédiate des mosquées et l’autorisation de la prière collective du vendredi. Cette situation a occasionné par contre l’indignation de beaucoup de Nigériens qui craignent la diffusion rapide du virus en raison de la non-observance des mesures-barrières.
Les premières mesures gouvernementales :
Le Niger a pris d’importantes mesures conservatoires et de prévention avant la déclaration officielle du premier cas. Ainsi, dès le 19 mars, le Président de la République a dans un premier message tant attendu à la Nation, fixé le cap avec des mesures sociales et pratiques afin de contrecarrer le développement des foyers pandémiques : fermeture de l’espace aérien, des écoles, des mosquées et d’autres lieux de rassemblement tout en rappelant les mesures-barrières et d’hygiène (voir tableau ci-après). Ces premières mesures qui seront suivies par d’autres, en raison de l’acuité de la pandémie et de l’urgence infrastructurelle, ont eu le mérite de réduire, dans un premier temps, le degré de propagation du virus avec une attention particulière portée sur le Burkina Faso voisin qui recense déjà ses premières victimes.
Fermeture des aéroports internationaux de Niamey et de Zinder pour une durée de 2 semaines, renouvelable à compter du 19 mars 2020 à minuit sauf pour les vols domestiques, cargos, sanitaires, et militaires;
Fermeture de toutes les frontières terrestres pour une durée de 2 semaines renouvelables à compter du 19 mars 2020 à minuit excepté pour le transport des marchandises ;
Concertation entre le gouvernement et les leaders religieux (Oulémas et prêtres) afin d'arrêter les mesures relatives à l'accès aux lieux de culte.
Fermeture de tous les établissements d’enseignement préscolaire, primaire, secondaire et supérieur pour une durée de 2 semaines renouvelable à compter du 20 mars 2020 à minuit; les parents sont chargés de la garde de leurs enfants.
Fermeture des bars, des boites de nuit, salles de cinéma et des lieux de spectacle à compter du 18 mars 2020 à minuit ;
Interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes. Cette mesure concerne notamment : les baptêmes, les mariages et toute autre forme de cérémonie, sur toute l’étendue du territoire. En particulier, les ateliers et séminaires sont interdits jusqu' à nouvel ordre.
Institution des mesures d’hygiène obligatoires dans les marchés, magasins, restaurants, services publics et privés ;
Respect d’une distance d’au moins un mètre entre les personnes dans les grandes surfaces, les restaurants, les entreprises, les zones aéroportuaires et les lieux publics;
Gratuité du diagnostic et de la prise en charge des éventuels cas confirmés.
Révision du plan d'urgence pour tenir compte des nouvelles exigences, et allocation d'une somme d' 1 milliard de francs CFA sur le budget national pour son financement.
Evolution de la pandémie :
En dépit de ces premières mesures énergiques censées contenir la pandémie, la courbe du coronavirus poursuit une hausse exponentielle surtout à partir du 31 mars. Au départ les infections sont dues aux facteurs et individus exogènes entrés sur le territoire fin février et début mars surtout dans les deux principaux foyers de Niamey et Zinder. Ainsi, on dénombre à la date du 25 mai 2020 :
⦁ Le « cluster » de Niamey
Le « cluster » de Niamey La capitale a été la première zone touchée par la pandémie en raison de son cosmopolitisme, son activité aéroportuaire et de sa proximité avec le Burkina, considéré comme le principal foyer de l’Afrique de l’Ouest. La non-observance des mesures et gestes barrières ont favorisé, comme ailleurs au Niger, le développement de la pandémie : attitudes tactiles, rassemblements, manque d’eau ou de savons, absence de masques ou de qualité douteuse…
⦁ Le foyer de Zinder
La deuxième ville du Niger a connu par contre plus tardivement ses premiers patients bien après Dosso, Maradi. Zinder, un des centres religieux le plus important (siège d’un sultanat) a subi ses premières infections en raison des manquements de l’observation des mesures-barrières mais surtout de sa proximité avec le Nigeria. Fin avril-début plus de 23 000 personnes (talibés, villageois) sont refoulés ou volontairement refugiés au Niger (au sud de Zinder) en provenance de la mégapole nigériane de Kano qui commençait à recenser des « morts mystérieuses ». En outre, certains croyants ont peu apprécié les mesures de fermeture des mosquées déclenchant comme à Niamey ou à Mirriah (20 km de Zinder) des manifestations de mécontentements.
Au Niger, à la date de 24 mai 2020, Niamey, avec 54 cas positifs pour 100 000 habitants, reste la région la plus touchée par la pandémie, suivie d’Agadez (5 cas pour 100 000 habitants), de Zinder (2 cas pour 100 000 habitants), de Diffa et de Dosso, qui enregistrent environ un cas pour 100 000 habitants. En revanche, les régions de Tillaberi, de Maradi et de Tahoua sont les moins touchées, avec moins d’un cas pour 100 000 habitants. Le pic de la pandémie a été atteint le 12 avril avec 69 cas positifs dans la seule journée. D’après les données recueillies par le ministère de la santé et l’INS, les proportions des décès liés au Covid-19 concernent très souvent les personnes sujettes aux maladies chroniques, la pauvreté, la sous-alimentation, la peur d’attirer l’attention sur le coronavirus que d’aucuns considèrent comme une « affection honteuse », qu’il faut absolument cacher !
En outre, il y a une disproportion des décès par sexe où 67% sont des hommes (qui sont généralement au travail à l’extérieur) tandis que les femmes, probables victimes collatérales représentent 33%.
Mais d’une manière générale, depuis le premier cas le 19 mars, on note à partir de la mi-mai, une tendance à la baisse, mais surtout un taux de guérison de plus de 82%. Par contre, en dépit de l’amélioration continue du taux de guérison à la COVID-19, la létalité liée à ce virus reste relativement élevée. En effet, à l’échelle du continent africain, le Niger avec 6,5%, fait partie des pays enregistrant les plus forts taux de létalité (proportion des décès) à la COVID-19, à la date du 24 mai 2020. C’est pourquoi les pouvoirs publics incitent la population à plus de vigilance et au respect des mesures-barrières malgré les bons chiffres du R0 (coefficient de transmission) passés de 0,60 à 0,25, ce qui témoigne de l’évolution favorable de la pandémie.
Infrastructures de prise en charge sanitaire :
Malgré la pauvreté du pays, le Niger dispose d’un système de santé certes très insuffisant mais en avance sur beaucoup d’autres pays d’Afrique. Avec un fonctionnement pyramidal, ces structures publiques assurent la couverture sanitaire du pays. A celles-ci se s’ajoutent des formations privées constituées de cliniques, dispensaires et centres de soin… plus ou moins formelles.
Mais il a fallu parer au plus pressé avec l’apparition du coronavirus, puisqu’aucune structure n’est prévue pour ce genre d’affection contagieuse dans la prise en charge des patients. L’hôpital général de référence de Niamey (HGR), a été mis à contribution pour les premiers cas avérés. En province, ce sont les hôpitaux nationaux et les centres hospitaliers régionaux qui dépistent et traitent cette pathologie.
Infrastructures de prise en charge sanitaire :
Malgré la pauvreté du pays, le Niger dispose d’un système de santé certes très insuffisant mais en avance sur beaucoup d’autres pays d’Afrique. Avec un fonctionnement pyramidal, ces structures publiques assurent la couverture sanitaire du pays. A celles-ci se s’ajoutent des formations privées constituées de cliniques, dispensaires et centres de soin… plus ou moins formelles.
Mais il a fallu parer au plus pressé avec l’apparition du coronavirus, puisqu’aucune structure n’est prévue pour ce genre d’affection contagieuse dans la prise en charge des patients. L’hôpital général de référence de Niamey (HGR), a été mis à contribution pour les premiers cas avérés. En province, ce sont les hôpitaux nationaux et les centres hospitaliers régionaux qui dépistent et traitent cette pathologie.
La Diaspora à travers son instance représentative, le Conseil des Nigériens de France (CONIF) a très tôt pris la mesure de la singularité de la situation en publiant régulièrement des notes d’information sur la situation de ses compatriotes. Une attention particulière portait sur des franges de sa population les plus précaires ou fragiles (migrants, refugiés, étudiants ou familles monoparentales). Il s’agit de prendre régulièrement des nouvelles, conseiller, orienter, rassurer les personnes en souffrance ou non. Des contacts téléphoniques, réunions en téléconférence avec les concernés sont effectués pour faire le point avec ces catégories de population, ce qui lui permet de suivre et de communiquer sur l’évolution de la pandémie.
Par manque de moyens financiers conséquents pour porter secours et assistance éventuels, le CONIF en collaboration avec toutes les associations qui lui sont affiliées, réfléchit depuis un certain temps à la mise en place d’un « « Fonds de solidarité » pour parer aux questions d’urgence qui peuvent se poser à la communauté nigérienne. La survenue de la pandémie vient donner les arguments et la pertinence de la constitution d’un tel fonds.
En tout état de cause, le CONIF continuera sa politique d’informations et de conseils (et d’assistance si les conditions le permettent) et mettra à profit après normalisation de la situation lors de ses activités (comme la Journée Culturelle, la Journée de la Femme, Conifoot –barbecue/foot, Journée de l’étudiant…) pour porter les messages de rassemblement et de sensibilisation en période exceptionnelle comme celle-ci.
D’autres associations ou ONG nigériennes de France ont pu aussi, avec le soutien du CONIF, mener des opérations de distribution des kits anti-Covid ou de distribution de vivres, surtout en cette période avril-mai coïncidant avec le mois du ramadan au Niger.
Le Niger peut, avec le train de mesures annoncées par le gouvernement et le respect relatif des règles-barrières, aborder depuis le 20 mai avec sérénité mais prudence la décrue des cas de la pandémie. A l’inquiétude suscitée par la capacité d’accueil et de prise en charge sanitaire, le Niger a réussi pour le moment, à ne pas subir de débordements. Les autorités viennent d’ailleurs d’assouplir le couvre-feu à Niamey, et les règles de réouverture des lieux de culte, des lignes de transport terrestre.
Le Niger, ce pays aux multiples défis démographiques, écologiques, alimentaires, sécuritaires est en passe sûrement de gagner aussi le énième combat contre une pandémie qui a causé des milliers de victimes dans le monde.
Chronique rédigée par : Aboubakar LALO - Vice-président du Conseil des Nigériens de France (CONIF)
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
Les propos contenus dans la présente publication n’engagent que leurs auteur.e.s
Pays tropical et subtropical, avec une superficie de 331 000 km², le Vietnam s’étire sur 1650 km de long du Nord au Sud et possède 3260 km de côtes. Les 98 millions d’habitants sont regroupés essentiellement dans les plaines (delta du fleuve rouge au Nord, delta du Mekong au Sud).
Après une dizaine d’années difficiles dues aux séquelles d’une guerre dévastatrice et des mesures économiques désastreuses, le Vietnam a su, grâce à une politique de libéralisation économique et d’ouverture, sortir de la pauvreté et devenir un pays à revenus intermédiaires (PIB par habitant 3200 USD en 2018). Le sort des paysans, en particulier, s’est amélioré de façon spectaculaire. Le Vietnam est devenu en 2019 le premier exportateur mondial de riz, de noix de cajou, de poivre, le deuxième exportateur de café… Pays de tradition agricole, il s’est industrialisé ces dernières années, grâce aux investissements étrangers (surtout du Japon et de la Corée du Sud), en particulier dans la fabrication de produits électroniques, ce qui a permis à ce secteur de contribuer à hauteur de 24% du PIB du pays. Une croissance continue entre 6 et 7% par an a propulsé le Vietnam au rang d’un «petit dragon» du Sud Est asiatique.
Le système de santé du Vietnam est un système mixte, alliant le public et le privé, la médecine occidentale et la médecine traditionnelle.
Le système de soins publics au Vietnam est organisé sur quatre niveaux, calqué sur l’organisation administrative. Le réseau des établissements de santé est très dense : 99% des communes possèdent un dispensaire, destiné à apporter aux populations les soins de santé primaires et les vaccinations. Chaque district (au nombre de 527) possède également au moins un centre de santé, pour des soins plus avancés. On dénombre 419 hôpitaux de province. Au niveau national, le Ministère de la Santé gère plusieurs institutions, notamment 47 hôpitaux d’état, des instituts de recherche et des universités. La médecine traditionnelle joue un rôle essentiel dans le système de soins. Environ 30% des patients du pays y ont recours, en particulier dans les zones reculées et difficiles. En plus des 63 hôpitaux de médecine traditionnelle, 92% des hôpitaux de médecine occidentale possèdent un département ou une équipe de médecine traditionnelle.
La caractéristique de la médecine traditionnelle au Vietnam est qu’elle a su combiner de manière harmonieuse les pratiques et les médicaments traditionnels et ceux de la médecine dite « moderne ».
Des résultats louables dans la médecine de base, et de grands efforts pour que chaque Vietnamien puisse avoir une assurance maladie, ne peuvent cacher certaines insuffisances du système de santé vietnamien, en particulier le sous-équipement des hôpitaux publics et l’inégalité entre les services de santé des zones urbaines et ceux des zones rurales. En l’absence de soins spécialisés et de qualité de proximité, les malades des campagnes affluent vers les hôpitaux des grandes villes qui sont en permanence surchargés. Une autre conséquence est la multiplication dans les grandes villes d’hôpitaux privés souvent mieux équipés mais où ne peuvent aller que les gens fortunés, créant ainsi un sentiment d’injustice sociale
Le coronavirus a fait sa première apparition au Vietnam le 22 Janvier, apporté par un chinois arrivant de Wu Han. Au 12 Mai, le nombre de contaminés s’élève à 288, le nombre de guéris à 249 et le Vietnam ne déplore aucun mort.
1 : 22 Janvier : premier cas de malade du Covid 19, un chinois arrivant de Wu Han. 28 personnes ayant été en contact avec lui ont été testées, 2 sont atteints. 29 Janvier : 6 techniciens vietnamiens de retour de Wu Han ont infecté plusieurs membres de leur famille. Tous sont originaires de la commune de Son Lôi, province de Vinh Phuc. Cette commune a été mise en confinement le 12 Février. Au 13 Février, le VN compte 16 personnes atteintes, ce nombre est resté stable jusqu'au 6 Mars
2 : 30 Janvier : le Vietnam ferme ses frontières terrestres et aériennes avec la Chine
3 : 6 Mars : Deuxième phase de contaminations venant d'Europe (Vietnamiens et Européens). Le nombre des contaminés augmente rapidement. Le Vietnam déclare le stade 3 de l'épidémie
4 : 11 Mars : Arrêt de délivrance de visa pour les ressortissants des pays de l'espace Schengen. Toute personne entrant au Vietnam doit faire une déclaration de santé, et mise en quarantaine 14 jours dans des centres d'isolement
5 : 25 Mars : Fermeture des restaurants, bars, salles de karaoké, salons de coiffure…Les magasins, supermarchés et les marchés restent ouverts
6: 1er Avril : Le Vietnam décrète un confinement national (assez soft). Tous les commerces non essentiels sont fermés. Les circulations de personnes inter-provinces sont réglementées, les rassemblements sont interdits, il est seulement conseillé de ne sortir que pour les achats essentiels
7 : 1er Mai : Fin du confinement. Réouverture des écoles
8 : 5 Mai : rapatriement de 297 Vietnamiens : tous ont été immédiatement mis en isolement et testés. 17 personnes ont été testées positives.
Comment le Vietnam, qui partage 1400 km de frontières avec la Chine, dont le système de santé est fragile et les hôpitaux en permanence surchargés, a-t-il réussi cet exploit d’avoir un nombre aussi bas de contaminés et aucun décès ?
Eh bien, justement, parce que se sachant dans l’incapacité de faire face si le virus se propageait, le gouvernement vietnamien a pris les devants. Sa stratégie se résume en un mot : anticiper.
Il a déployé sur tout le territoire 3 grands axes d’actions :
A ces mesures, s’ajoutent les conseils de gestes barrière et d’hygiène envoyés régulièrement par le Ministère de la santé sur tous les smartphones (il y a 51,1 millions d’utilisateurs de smartphones au Vietnam). Et bien sûr, le port de masque obligatoire. Il est vrai que les Vietnamiens ont l’habitude de porter un masque en tissu, pour se protéger des gaz d’échappement des motos, dans un pays où on utilise majoritairement les 2 roues pour se déplacer.
Certains ont pu déplorer les atteintes à la liberté individuelle et les mesures autoritaires, mais tous les observateurs internationaux ont pu remarquer que les Vietnamiens se plient sans problème à cette discipline. Une des raisons de cette acceptation, suggère Jean-Noël Poirier, ex-ambassadeur de France au Vietnam, est qu’« elle est fondée sur un fait culturel et civilisationnel fondamental. Dans le monde confucéen, au Vietnam comme en Corée, au Japon comme dans le monde chinois (Chine, Taïwan, Hong-Kong, Singapour), la défense et les intérêts du groupe l’emportent sur le droit de l’individu » (https://www.causeur.fr/vietnam-coronavirus-confucius-jean-noel-poirier-175499)
On recense plus de 4,5 millions de personnes vivant, étudiant et travaillant hors du Vietnam, dans 110 pays et territoires. Les vagues successives de l’émigration vietnamienne suivent les vicissitudes de l’histoire contemporaine et actuellement la moitié environ des vietnamiens de l’étranger vit aux États-Unis (2,1 millions). Plus de 300 000 sont installés en France. Le gouvernement considère les « viêt kiêu » (vietnamiens d’outre-mer) comme « faisant partie intégrante du peuple vietnamien » et tient en haute considération leur apport intellectuel et économique à la mère-patrie. En 2018, les transferts des fonds de la diaspora s’élèvent à 15,9 milliards de dollars américains. Un organe dépendant directement du Ministère des Affaires étrangères, le Comité des Vietnamiens de l’étranger, a pour missions d’informer et de mobiliser les communautés vietnamiennes résidant à l’étranger. Une chaine de télévision vietnamienne VTV4, dédiée aux diasporas (l’équivalent de TV5 Monde) a une émission spéciale sur les communautés des Vietnamiens à l’étranger (Người Việt bốn phương, Vietnamiens des quatre coins du monde). Y sont montrés la vie des Vietnamiens de l’étranger, leur apport à la mère patrie, leur contribution au pays d’installation à travers en particulier le portrait de personnalités célèbres issues de l’immigration.
En cette période de Covid-19, on peut voir tous les jours sur les médias vietnamiens comment les diasporas la vivent, s’entraident, aident le pays d’origine et apportent leur soutien aux populations des pays d’immigration. Des restaurateurs offrent des repas aux personnels de santé, des boutiques sont transformées en ateliers de confection de masques pour la population locale.
Les dons d’argent et les envois de matériel médical affluent au Vietnam : au 27 avril, la contribution financière des Vietnamiens de l’étranger s’élève à 33 milliards de dongs vietnamiens, soit 1 320 000 euros.
Au Vietnam, le confinement a plongé tout un pan de la population urbaine dans une situation très difficile : marchands ambulants, travailleurs sans contrat, entrepreneurs familiaux... Pour leur venir en aide, la communauté vietnamienne de France a envoyé des dons d’urgence. L’Union Générale des Vietnamiens de France (UGVF) a pu récolter 12 000 euros, l’Association Internationale pour le Développement de l’Enseignement au Vietnam (AIDEV) a pour sa part envoyé 6 900 euros au Vietnam. Beaucoup d’associations et d’individus ont également aidé financièrement les démunis de leur village d’origine, ou apporté leur contribution directe à des organisations humanitaires au Vietnam.
Les communautés vietnamiennes ont aussi pensé à leurs compatriotes confinés, en particulier les personnes âgées, isolées, ou handicapées en France. En région parisienne, avec l’aide de fournisseurs vietnamiens et la mobilisation des étudiants, des produits asiatiques sont livrés à domicile aux personnes âgées.
PLATEFORME D’ENTRAIDE AUX VIÊT KIEU ÂGÉS EN PÉRIODE DE PANDÉMIE COVID 19
Devant la situation de propagation rapide du Covid 19 et suite aux mesures de confinement en France, l’UGVF crée une plateforme nationale d’entraide aux aînés de la communauté vietnamienne en France afin de leur apporter un soutien moral ou logistique.
A cette fin, l’UGVF appelle tous ses membres, fédérations et associations amis à se réunir afin constituer un réseau d’entraide national.
Si vous pouvez consacrer quelques minutes pour :
- Aider nos ainés à faire des courses de première nécessité (produits asiatiques, médicaments…)
- Prêter votre véhicule si vous n’êtes pas vous-même disponible
- Soutenir moralement nos aînés par téléphone, email, etc…
- Proposer une animation (concert, jeux, sport…) en ligne
- Faire un don pour soutenir la plateforme logistique
Le Vietnam, jusqu’à maintenant, n’a pas été trop affecté sur le plan social et humain, mais il est fortement tributaire du commerce mondial. Dans le contexte d’une probable récession planétaire post-pandémique, cela signifie que l'économie et le marché du travail du Vietnam seront sérieusement affectés. Saura-t-il relever les grands défis de l’après-Covid ? Saura t-il profiter de la volonté de diversification des chaines d’approvisionnement des pays européens ? Quelle que soit la capacité de résilience du Vietnam, la diaspora vietnamienne sera comme toujours à ses côtés.
Chronique rédigée par Anh Thu PHAM, membre de l’UGVF, l’union Générale des Vietnamiens de France, membre fondatrice du FORIM
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
Les propos contenus dans la présente publication n’engagent que leurs auteur.e.s
Le grand témoin, le Docteur Diouf Mamadou Mansour, Médecin anesthésiste-réanimateur à Bordeaux, avec une grande expérience dans l’hôpital de Dakar et des hôpitaux régionaux du Sénégal
Propos recueillis par Khady Sakho Niang, membre du Comité de Suivi du Symposium sur les Sénégalais de l’Extérieur (CSSSE), présidente d’Africa-Europe Diaspora Development Platform (ADEPT), ancienne Présidente du FORIM
Propos retranscris par Benoit Mayaux, chargé de plaidoyer au FORIM
Bonjour je suis le docteur Diouf Mamadou Mansour, je suis anesthésiste réanimateur installé à Bordeaux. Pour ce qui est de mon cursus, j’ai été formé à l’Ecole Militaire de la Santé de Dakar particulièrement à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. J’ai servi au Sénégal dans l’armée et j’ai servi dans beaucoup d’hôpitaux universitaires notamment au CHU de Fann, à l’hôpital Aristide le Dantec, l’hôpital Général de Grand Yoff, et j’ai également servi dans de nombreux hôpitaux régionaux, pour vous dire que le système hospitalier au Sénégal ne m’est pas inconnu !
Comme on peut le voir depuis que cette maladie a éclaté en chine, et s’est propagée progressivement en Europe, aux Etats-Unis, etc. jusqu’à devenir aujourd’hui une pandémie, on voit des évolutions assez disparates, par exemple au moment où la Chine sort du déconfinement et reprend progressivement une vie normale, en Europe on voit une première tendance à une pente descendante mais attention ! les lendemains du déconfinement sont incertains. Certains redoutent une seconde vague, attendons de voir ce que cela va donner. Pendant ce temps, les Etats-Unis sont devenus l’épicentre de cette pandémie avec son lot de morts, notamment l’état de New York avec une mortalité très importante et une progression rapide, tandis qu’en Afrique après une phase de balbutiement on commence à avoir une augmentation assez inquiétante du nombre de cas. Voilà la situation actuelle. En ce qui concerne les stratégie mises en places, elles varient d’un pays à l’autre. Sur le plan thérapeutique, nous n’avons pas de traitement curatif qui fasse l’unanimité. Les travaux sont en cours et les molécules testées, les protocoles en cours d’évaluation. Nous verrons les résultats dans quelques temps.
Oui, donc je suis effectivement impliqué dans la prise en charge de cette maladie ici en France, dans sa face la plus hideuse, les formes graves que l’on voit en réanimation parce que j’y travaille, mais je suis de très près ce qui se passe au Sénégal en m’impliquant dans le cadre de la sensibilisation. Est-il facile de porter ces casquettes ? Oui, on ne peut pas rester indifférent à ce qui se passe au pays. On participe par le biais de contributions, soit des publications sur les réseaux sociaux, par le biais de vidéos de sensibilisation, parce que ce que nous vivions ici, nous ne souhaitons pas que nos pays démunis en terme d’infrastructure sanitaire, en terme de plateau technique médical, puissent être confrontés à cette situation, qui serait catastrophique.
Ceux qui me suivent me voient sur tous les fronts. Les combats de la sensibilisation, pour l’information et la communication, expliquer l’importance des mesures barrières, comment porter les masques, les enlever, etc. Sur le plan de certaines décisions qui ne semblent pas opportunes, la mesure d’interdiction des rapatriements des corps, je suis particulièrement impliqué dans ce combat contre l’injustice et l’arbitraire, contre ce qui risque de saper l’unité nationale. Toute cette énergie je la puise du patriotisme
Concernant l’appréciation globale, je pense que tout le monde peut se faire son idée. Initialement, ceux qui avait qualifié à tort de grippe banale se sont rendus compte que le virus a des qualités importantes, caractérisées par une contagiosité forte, une forte mortalité au niveaux des groupes vulnérables, des personnes âgées ou avec des pathologies chroniques, qui ont des déficits d’immunités, mais on voit des sujets jeunes maintenant aussi victimes de cette maladie. Tous les jours on en apprend davantage, le virus n’a pas encore livré tous ses secrets. Je pense que cela nous oblige à un apprentissage, à nous préparer, ces maladies transmissibles émergentes sont la conséquence de la dégradation de l’environnement, on va faire face à l’avenir à ces types de maladies. Par analogie à la course à l’armement nucléaire, aujourd’hui c’est la course à l’armement médical. Il faut relever les plateaux techniques des hôpitaux. Les pays qui ont été submergés par la vague ont été pris de cours et se sont rendus comptes des limites de leur plateau et sont en train de se rééquiper. C’est dommage que l’Afrique ne soit pas dans cette perspective.
Les prévisions de l’OMS par rapport à l’hécatombe en Afrique sont basées sur des faits concrets, quand on voit la pauvreté du plateau technique médicale en Afrique, et les comportements irresponsables des populations, tous les ingrédients sont réunis pour une propagation de l’épidémie. On a raison de se faire du souci ! Là où l’Afrique peut avoir un avantage, c’est qu’elle a vu venir pour mettre des stratégies en place, et apprendre des erreurs des autres. On sent une certaine négligence de la maladie, de son potentiel, qui risque de nous prendre de court.
Vous avez certainement remarqué les polémiques sur les protocoles du Dr Raoult. Le monde médical a édicté des règles pour les protocoles, elles sont universellement reconnues mais n’ont pas été appliquées à la lettre par le Dr Raoult. Pour le médicament de nos frères malgaches, ça mérite d’être exploré. Mais ce ne sont pas des recettes à prendre avec un chèque en blanc ! il faut évaluer son efficacité mais également son innocuité, il ne faut pas que ça génère des effets indésirables.
Déjà, que les professionnels se protègent ! le personnel de santé est le plus exposé. Je reçois des informations qui montrent que le matériel adéquat n’est pas toujours disponible, cela fait froid dans le dos. Il faut exiger une protection optimale (masques, lunettes, etc.). Pour ce qui est des stratégies par les autorités, il faut tenir compte des suggestions et des avis de ceux qui vivent l’épidémie (Europe, Etats-Unis), et retenir les leçons pour ne pas commettre les mêmes erreurs. Nous regardons ce qui a été mis en place au niveau du Sénégal, et nous avons fait des propositions. Par exemple, hospitaliser tous les patients, symptomatiques ou asymptomatiques, qui a été la stratégie au début, nous l’avons critiqué. Les capacités du système hospitalier sénégalais sont limitées et hospitaliser tout le monde n’est pas une bonne option et certains peuvent rester chez eux. Les autorités sont revenues dessus après 2 mois.
La prise en charge dans les hôtels des « cas contacts » ne nous parait pas judicieux. Cet argent devrait servir à équiper les hôpitaux en priorité. Les milliards annoncés dans le cadre de la force COVID 19 doivent être utilisés dans les hôpitaux. Nous sommes face à une crise sanitaire avant d’être une crise économique
C’est une mesure discriminatoire, illégale, et qui n’est pas justifiée, sans fondement médical et scientifique. Les autorités consulaires affirment avoir pris cette décision sur la base de recommandations de l’OMS et des spécialistes, nous avons dit que l’OMS n’a jamais dit ça. Le 24 mars, l’OMS a assouplit ses recommandations sur la prise en charge des victimes du COVID 19, et encourage au contraire le respect des croyances et des coutumes en matière funéraire. Par ailleurs, aucun document n’a été produit pour justifier cette mesure. La diaspora a formé un « collectif de rapatriement des corps » avec un pôle juridique, et un pôle médical. Après avoir interpellé en vain les autorités, le pôle juridique a saisi la cour suprême du Sénégal, qui a rendu une décision d’irrecevabilité, en invoquant une « controverse ». Nous espérons que les autorités reviennent à de meilleurs sentiments. La diaspora est déchirée par cette mesure, qui sape le moral et l’unité nationale. Je souhaite que ce problème puisse trouver une issue heureuse pour notre cohésion et que la diaspora ne se sente pas marginalisée et stigmatisée. La nation sénégalaise est une et indivisible[1].
[1] Depuis, le gouvernement sénégalais a autorisé le rapatriement des corps.
L’épidémie au COVID-19 draine dans ses sillons une vague de polémiques sur les intentions avérées ou supposées d’une destruction programmée de l’Afrique... Vrai ou faux ? Toujours est-il que le doute prépare à la vigilance et à l'alerte. Oui, malgré les prédictions de scénario catastrophe, force est de constater que l’Afrique s’en sort globalement mieux malgré des moyens très limités. Elle est en train de démontrer à la face du monde qu’elle peut prendre son destin en main et ne compter que sur elle-même avant tout.
Réveil d’un continent trop longtemps ankylosé dans la dépendance de relations ombilicales à intérêt unilatéral avec l’occident. L’histoire et la gestion de la crise pandémique renseignent sur sa capacité de résilience extraordinaire et son génie créateur. Innovation de solutions endogènes testées et reconnues.
Et le Sénégal fort d’une expérience antérieure de gestion, avec succès, de situations épidémiologiques a pris une longueur d’avance pour pouvoir faire face malgré la précocité de la présence des premiers cas sur son territoire.
Le Sénégal se situe à l'avancée la plus occidentale du continent africain dans l'Océan Atlantique, au confluent de l'Europe, de l'Afrique et des Amériques, et à un carrefour de grandes routes maritimes et aériennes. Un pays profondément ancré dans la diversité de ses cultures et traditions, mais généreusement ouvert au reste du monde. Le Sénégal renvoie aussi à des légendes telles que : Cheikh Anta Diop, Cheikh Ahmadou Bamba, Aline Sitoe Diatta, Djeubatt Mbodj et bien d’autres icones gardés jalousement dans les replis de l’histoire des résistances africaines. On ne peut évoquer le Sénégal sans faire une petite incursion au trio des chantres de la Négritude que sont Aimé Césaire (Martinique), Léon Gontran Damas (Guyane), Léopold Sédar Senghor (Sénégal). Ce dernier, premier président du Sénégal indépendant en 1960, poète, grammairien, fut aussi le premier Africain à siéger à l’Académie Française.
Dakar (550 km2), la capitale, est une presqu’île située à l’extrême Ouest.La ville de Dakar (en wolof : Ndakaaru) est la capitale de la République du Sénégal et de la région de Dakar. Elle compte 1 056 0091 habitants sur les 3 630 000 habitants (estimation 20182) que compte l'ensemble de la région de Dakar.
C'est une des quatre communes historiques du Sénégal et l'ancienne capitale de l'Afrique-Occidentale française (AOF). N'occupant que 0,28 % du territoire national, la région de Dakar regroupe sur 550 km2, 25 % de la population et concentre 80 % des activités économiques du pays3. (Source Wikipédia)
Population (Projections 2020)
16 705 608
Population totale des femmes
8 391 358
Population totale des hommes
8 314 250
Superficie (km2)
196 712
Densité (Nbre d’hbts/km2) en 2020
85
Capitale
Dakar
Croissance économique
PIB Annuel : 6,4% (2018 - )
Production industrielle : -0,9% (Fév - 2020)
PIB Trimestriel : -0,5% (T4 - 2019)
Prix à la consommation
Taux d'inflation (2019) : +1,0%
Echanges extérieurs -Exportation : -42,8% (Fév - 2020)
Importation : -41,2% (Fé - 2020)
Prix à l'export : -0,5% (Fév - 2020)
Prix à l'import : -4,1% (Fé - 2020)
Population
Age moyen de la population : 19
Etat matrimonial et nuptialité
Taux synthétique de fécondité : 4,93
Age moyen de procréation : 30,1
Proportion de célibataires (2013): 43%
Proportion de polygames (2013): 35,2%
Fécondité
- Taux brut de natalité (‰) : 36,5‰
- Taux global de fécondité (%) : 152‰
Mortalité
- Taux brut de mortalité (‰) : 6,8‰
- Espérance de vie à la naissance : 67,4 ans
Source : http://www.sante.gouv.sn/politique-de-sante/pyramide-de-sant%C3%A9
Le 1er cas (patient zéro – cas importé) est déclaré au Sénégal le 2 mars 2020. Le 11 mars, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qualifiait de « pandémie » l’épidémie de coronavirus Covid-19 qui sévissait partout dans le monde.
Les réponses gouvernementales
Dès le 23 mars 2020, l’état d’urgence est déclaré au Sénégal accompagné de couvre-feu de 20h à 6h et fermeture des frontières terrestres pour une durée de 21 jours dans un premier temps. S’en est suivie la suspension des vols internationaux vers et depuis le Sénégal jusqu’au 31 mai 2020. Un constat qui malheureusement fera des étrangers et des Sénégalais(e)s de l’extérieur des parias avec une stigmatisation cruelle qui hante encore les imaginaires. D’enfants prodiges, ces braves émigré(e)s sont devenu(e)s des pestiféré(e)s à la limite relégué(e)s au sort réservé au pangolin.
Le Fonds Force COVID-19 doté du montant initial de 1000 Milliards de FCFA a été dégagé par l’Etat du Sénégal pour venir en aide aux populations en difficulté et en support aux structures sanitaires, aux personnels soignants. Le fonds continue à être abondé par les bonnes volontés tous secteurs confondus. Des téléthons COVID sont organisés sur toutes les chaines de télévision pour participer à l’effort de guerre. Cette somme, aussi colossale qu’elle paraisse, correspond à peu près au montant transféré annuellement par la Diaspora Sénégalaise au pays.
Rappelons que La Diaspora Sénégalaise contribue pour plus de 1000 milliards de francs CFA (près de 1,5 milliard d’euros) par an à l’économie nationale, soit près du tiers du budget de l’État pour 2018. Selon la direction des Sénégalais de l’extérieur, qui dépend du Ministère des Affaires Etrangères, les sénégalais résidant à l’étranger n’ont jamais fait l’objet de recensement. Cependant, les immatriculations consulaires et les recensements généraux de la population permettent de faire des projections comprises entre 2,5 et 3 millions de Sénégalais établis à travers le monde.,
Une enveloppe de 12,5 Milliards de FCFA a été affectée à la Diaspora Sénégalaise pour faire face aux effets collatéraux de la pandémie et notamment à la situation économique catastrophique (chômage, perte d’emploi ou d’opportunité, maladie, décès, etc…). Les Sénégalais vivant à l’extérieur du pays vont donc bénéficier de 12,5 milliards FCFA dans le cadre la gestion des effets du coronavirus. L’annonce a été faite le jeudi 9 avril 2020 par le Ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, lors du point de presse quotidien du gouvernement sénégalais sur le Covid-19.
La capacité d’innovation de l’Afrique est énorme et face à l’épreuve inédite, les talents se libèrent et les ripostes s’organisent. Le Sénégal n’échappe pas à ce phénomène de la culture de la débrouille où l’ingéniosité prend le pas sur les moyens et offre ainsi un fort potentiel exploitable à l’échelle nationale, régionale et mondiale. Ce génie doit être boosté et accompagné pour en tirer tous les avantages au profit du progrès universel.
Dans son article du 13 avril, paru dans le Monde[1], Théa Ollivier, soulignait la grande capacité de résilience et riposte des populations face aux multiples défis. « Le Sénégal offre une histoire et une tradition remarquables en recherche et développement, en éducation et en riposte aux épidémies. L’Institut Pasteur de Dakar produit déjà un vaccin contre la fièvre jaune. Il est même l’un des quatre fabricants mondiaux avec pré qualification par l’OMS. Preuve que le lieu dispose d’un ensemble de compétences uniques qui s’étendent de la recherche à la production ».
[1] L’article complet pourrait être consulté ici : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/04/13/dakar-va-produire-des-tests-rapides-de-depistage-du-coronavirus-a-moins-d-un-euro_6036469_3212.html
TEST à moins de 1 euros
Dans le même article, le professeur Sall de l’institut Pasteur de Dakar de revendiquer la chance historique de l’Afrique en ces termes : « la capacité d’innovation est énorme en Afrique » et il est primordial « d’augmenter la production locale sur le continent », revendique le professeur Sall, fier de contribuer au niveau mondial à la lutte contre cette pandémie. « Nous produisons en fonction de la demande pour éviter les pertes, localement au Sénégal avec une main-d’œuvre moins chère et une proximité des lieux …».
Ces tests du Covid-19 devront coûter moins d’un euro, soit « 5 à 20 fois moins chers que les tests moléculaires actuels », estime M. Diagne.
Une autre initiative révolutionnaire en cours pourrait être une innovation majeure au profit de l’Afrique et du reste du monde : Quatre enseignants-chercheurs Sénégalais fabriquent un respirateur artificiel
Quatre enseignants-chercheurs du Sénégal travaillent sur la mobilisation de leurs expertises et savoir-faire pour trouver des alternatives aux manques criants de moyens permettant faire face aux cas critiques du COVID. Ces enseignants-chercheurs qui servent à l’Ecole Polytechnique de Thiès ont créé un prototype de respirateur artificiel qui pourrait aider le Sénégal à éviter le pire en cas de multiplication de cas sérieux de Covid-19.
Cas des 13 Sénégalais bloqués à Wuhan
Déjà dès le 05 février, RFI titrait dans un reportage[1] : « Polémique au Sénégal sur le non rapatriement des étudiants confinés à Wuhan »
Le Sénégal a donc été très tôt confronté à l’épidémie du Coronavirus, qu’il a vécu par procuration bien avant son premier cas déclaré, importé de France (patient zéro), puis d’Angleterre et d’Italie. D’où la hantise des populations de tout ce qui vient d’Europe.
En effet dès le début du mois de février, 13 étudiants(e)s vivant en chine et plus précisément à Wuhan lançaient l’alerte et demandaient par l’intermédiaire de leur famille à être rapatriés au Sénégal. Beaucoup d’encre et de salive ont coulé pour laisser place à des positionnements politiques et des critiques acerbes envers les autorités qui après tergiversation avaient finalement pris la décision de non rapatriement des 13 étudiant(e)s contrairement à la France et beaucoup d’autres pays Européens. Cette mesure s’est avérée par la suite être une sage décision. En effet tous les pays qui avaient cédé à la panique en affrétant des vols pour rapatrier leurs ressortissant(e)s, même avec des mesures de quarantaines systématiques ont connu des vagues incontrôlées de cas sous les formes les plus graves.
Des mesures préventives ont été prises à temps pour certains et pour d’autres, la fermeture des frontières a mis du temps à être effective. Ce qui a engendré une vague de cas importés au nombre desquels des Sénégalais de l’extérieur.
Toujours est-il que toutes ces décisions prises ont eu des dégâts collatéraux sur certaines catégories de populations. Les migrant(e)s n’y ont pas échappé. Certains sont bloqués dans les frontières du Maroc, de la Lybie, de l’Algérie dans des conditions extrêmement difficiles et ne pouvant faire demi-tour pour rentrer au Sénégal.
[1] Lire le reportage : http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200204-senegal-polemique-non-rapatriement-etudiants-wuhan-chine-coronavirus
Face à la pandémie du Covid-19, plusieurs initiatives viennent renforcer les dynamiques de solidarité, dans les deux espaces. Les membres de la diaspora sénégalaise en France s’illustrent dans les aides d’urgence de proximité dans les quartiers et les foyers, mais aussi en faveur des familles au Sénégal.
On peut citer ici l'action citoyenne de la boutique "Barkatou" dans le 18ème arrondissement de Paris, qui a confectionné des masques en tissu pour les offrir aux habitants du quartier.
C'est également le cas de la boutique "Nassa Retoucherie", à Goussainville (95) qui a réalisé 500 masques qui ont été remis à la mairie.
100 masques pour Petit Quevilly et Blouses Blanches pour le CHU de Rouen
Solidarité Financières
En lien avec les communautés d’origine, on note la montée en puissance du cash-to-good avec livraison à domicile de courses achetées et payées en ligne par les Sénégalais de l’Extérieur, pour éviter à leurs proches les risques de contagion dans les marchés. De plus, la difficulté des circuits informels de transfert d’argent incite à renforcer les solutions de transfert en ligne (mobile Banking et autres), qui pourraient devenir des alternatives durables.
Interview et chronique réalisées par Khady Sakho Niang, membre du Comité de Suivi du Symposium sur les Sénégalais de l’Extérieur (CSSSE), présidente d’Africa-Europe Diaspora Development Platform (ADEPT), ancienne Présidente du FORIM
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
Les propos contenus dans la présente publication n’engagent que leurs auteur.e.s