L’environnement
D’une longueur de 1600 kms et de 580 kms dans sa plus grande largeur, la grande île est située au Sud-ouest de l'Océan Indien, séparée de 400 kms du continent africain par le Canal de Mozambique. En 2019, Madagascar occupe le cinquième rang du classement des pays qui produisent le moins de richesses par habitant, avec un PIB par habitant de 471 dollars pour une population de 27,06 millions d'habitants.
Au classement IDH, la Grande-île a reculé au 161e rang sur 189 pays. Les inégalités sociales y sont très marquées. Madagascar est l’un des pays les plus pauvres au monde avec 74 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté et 50% en situation d’extrême précarité. Le taux de couverture sociale est inférieur à 20%. 37% de la population vivrait en zone urbaine. 11% des actifs sont salariés (89% relèvent donc du secteur informel)
La population est jeune : 64% de la population a moins de 25 ans, 47% moins de 15 ans. Cette jeunesse de la population caractérise une demande sociale croissante en éducation, santé, emplois, logements et infrastructures, et pose de fait un défi environnemental.
Carte des cyclones tropicaux majeurs (de catégorie 3 et plus) ayant frappé Madagascar entre 1983 et 2016. Source : Historical Hurricane Tracks, NOAA (Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique
Données santé et données sociales[ii]
Des problèmes sanitaires cruciaux persistent à Madagascar, problèmes aggravés par les urgences cycliques et les cataclysmes naturels (cyclones et inondations, sècheresse, sauterelles, …). Dans la perspective d’une expansion de COVID-19, les éléments de risque suivants pourraient fragiliser la population malagasy et le système de santé dans son ensemble :
- Les personnes âgées de 60 ans et plus représentent 5% de la population. Les maladies cardiovasculaires constituent le premier motif d’hospitalisation des personnes âgées avec 38% des cas. 3,9% des malades hospitalisés sont affectés de diabète. 11,6% des hospitalisations sont dues aux affections broncho-pulmonaires.
- Les maladies non transmissibles sont responsables de 49% des décès dans le pays. En outre, 36 % de la population présente une hypertension artérielle (HTA) et 880 000 sont diabétiques (2014).
- Les indicateurs de santé maternelle et infantile sont à des niveaux particulièrement inquiétants. La prévalence des Infections Respiratoires Aiguës chez l’enfant est passée de 3 % en 2008 à 11 % en 2012. La proportion d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition chronique avec retard de croissance stagne à un niveau élevé de 47 % en 2012. Le ratio de mortalité maternelle reste à un niveau élevé depuis deux décennies. Pour 100 000 naissances vivantes on recense encore 478 décès maternels en 2012 et 23,6% de ces décès sont dus aux septicémies.
- Enfin, la persistance des maladies infectieuses et tropicales met en lumière des problèmes structurels d’accès à l’eau potable, d’hygiène et d’assainissement. En corollaire, le taux d’incidence du paludisme (nombre de personnes susceptibles d’être infectées) est passé de 6% à 12% de 2010 à 2015, avec une recrudescence particulière dans les régions Sud-est et Sud- ouest. En 2013, la prévalence du paludisme était de 9 %.
- De même, le nombre recensé de cas de tuberculose a augmenté de 3,1% entre 2014 et 2015. L’Ile constate par ailleurs 1500 nouveaux cas de lèpre par an et recense le plus grand nombre de cas de peste au monde, avec 515 cas rapportés en 2015.
- 2017 a connu un épisode épidémique de peste pulmonaire et bubonique violent qui a été particulièrement traumatisant pour la population. On aura constaté à Madagascar 75% des cas de peste recensés dans le monde par l'OMS
- Les maladies tropicales négligées (filariose, bilharzioses, cysticercose...) restent de forte prévalence.
- Une épidémie de rougeole meurtrière (2018-2019) s’est caractérisée à Madagascar par 115 000 cas recensés et 1 200 décès. A sa source, la faiblesse de la couverture vaccinale, aggravée par la malnutrition infantile.
[iI] ibid
Le système de santé malagasy, fortement tributaire des aides extérieures et sans stratégie claire de financement, souffre en outre d’une faible capacité de leadership, accentuée par l’instabilité institutionnelle et sociopolitique et un faible alignement des parties prenantes, en termes de priorité. La faiblesse de la gouvernance (équité, éthique, transparence et redevabilité sociale) engendre par ailleurs un déficit de confiance des bénéficiaires vis-à-vis du système qui laisse mal augurer la transparence et la solidité d’une remontée d’information des données épidémiologiques de la part du public
Les ménages supportent une grande partie des dépenses en santé (près de 40% de leur budget), par paiements directs avec un système de prévoyance sociale, notamment en faveur des couches vulnérables, notoirement insuffisant.
L’expérience de la lutte contre la drépanocytose à Madagascar, lutte pilotée par une ONG issue de la diaspora, illustre cruellement les difficultés d’un programme d’actions contre une pathologie donnée. Quant à cette maladie les causes de mortalité précoce au sein de la population malagasy, notamment au cœur des zones enclavées, sont majoritairement liées aux difficultés d’accès aux soins, au manque de moyens techniques, aux difficultés et errances de diagnostics et enfin, aux carences d’information et d’éducation. Reflétant les faiblesses du système de santé, les effectifs des malades atteints de cette maladie génétique seraient en expansion, alors qu’ils devraient être contrôlés par de seules mesures d’information, d’éducation et de prise en charge. Il est à l’instar imaginable que la prise en charge d’une épidémie de type COVID par ce système sanitaire risque de faire face à des difficultés liées à ces mêmes défaillances.
a. Le 17 mars, le gouvernement annonce que tous les vols internationaux et régionaux sont suspendus pendant 30 jours à partir du 20 mars.
b. À partir du 20 mars, toutes les personnes arrivées de l’étranger font l’objet d’un test auprès de l’Institut Pasteur de Madagascar. Une trentaine de cas sont comptabilisés. Tous les malades sont pris en charge par l’État à l’hôpital Manarapenitra d’Andohatapenaka à Tananarive, la capitale.
c. Décret de l’état d’urgence sanitaire le samedi 21 mars, prolongé de 15 jours le 17 avril, et mise en place de mesures de confinement à Antananarivo et Toamasina
d. Le 23 mars, les transports sont suspendus. Les familles quittent la capitale à pied pour rejoindre leurs villages d’origine.
e. Mise en place d’un centre de commandement opérationnel COVID-19 : coordination des mesures à appliquer contre la propagation du virus ; réception et répartition des équipements et matériels médicaux dons de l’OMS ; diffusion des informations officielles sur l’épidémie, retransmises sur les chaines nationales, ainsi que sur les chaînes de télévisions ;
f. Mise en place sur Tananarive et Toamasina de 2 x 70 brigades (agents de santé, forces de l’ordre et un agent psychosocial, véhicules mis à disposition) pour le suivi de santé et d’isolement de personnes confinées dans des hôtels, à domicile et dans des sites spécialisés (1.000 personnes par jour)
Les conséquences sociales des mesures de confinement se sont très vite fait sentir. Des files d’attente sont observées dans les grandes surfaces, les marchés, les stations d’essence.
Les tireurs de cyclo-pousse à Toamasina organisent des manifestations, en raison de la perte de leur activité liée aux mesures de confinement.
Toutefois, les mesures de prévention sont encore difficilement respectées dans la capitale. Pour Hélène, une lavandière, « ce coronavirus, c’est une maladie pour les vazaha [étrangers, ndlr], nous, on n’y croit pas du tout ». Tongatsara renchérit « c’est une politique mise en place par l’État, juste pour obtenir des subventions »(ouest France 23/03).
Le prix du ravintsara, du romba et du kininimpotsy, des plantes que la rumeur prétend efficaces contre le Covid-19, quadruple.
g. Arphine Rahelisoa, journaliste, qui avait critiqué la gestion de la crise par le pouvoir, est arrêtée le 4 avril, inculpée d’« incitation à la haine »envers le président et placée en détention.
h. Face aux problèmes de liquidité et de financement, la banque centrale malagasy annonce avoir injecté près de 620 milliards d’ariary (150 millions d’euros).
i. L’aide internationale afflue. Les principaux bailleurs (UE, France, FMI, BAD, etc.) débloquent 441 millions de $ (soit 16% du budget total de l’Etat !) pour équilibrer la balance de paiements, l’achat de matériel et le soutien au système de santé.
En relation avec l’OMS, la fondation Jack Ma (AliBaba) fait des dons de matériels et de kits de dépistages : 10 respirateurs, 20 000 tests de dépistage, 4 000 combinaisons de protection individuelle, 10 000 masques, 10 000 paires de gants et 400 thermomètres … etc, après une première livraison de 100 000 masques et 200 000 kits de tests le 25 Mars.
En parallèle, la recherche sur la pharmacopée malagasy, l’Artemisia en particulier, et l’utilisation de protocoles à base d’huiles essentielles et de médications de traditionnelles déploie la plus grande activité.
La « faiblesse » relative de ces chiffres en a interrogé plus d’un. Avec ce questionnement : « Comment un pays aussi pauvre, avec autant de faiblesses du système de santé, déjà submergé par des flambées successives de maladie en cours, et autant de fragilités sociales, pouvait-il connaître aussi peu de cas confirmés, aussi peu de décès » ? A regarder les quelques 700 000 cas et les 40 000 morts d’un pays développé comme les USA, ou les 112 000 cas et 19 000 morts en France, pour ne citer que ceux-là, le constat rendait perplexe certains observateurs.
Le continent africain est désormais touché, mais que sont les 13 000 cas et les 616 décès confirmés en Afrique au regard du million de cas confirmés en Europe ?
Si ces chiffres sont difficilement comparables, en raison des différences en termes de critères d’établissement et de disponibilité des données, les masses interpellent. Elles interpellent d’autant plus que localement les interprétations des plus fantaisistes font cours. Depuis les prédictions d’une prophétesse brésilienne qui viennent soutenir les déclarations fracassantes d’un dirigeant qui aurait découvert le remède miracle en passant par les interprétations les plus superstitieuses et populistes (« c’est une maladie d’européens, on n’a rien à craindre »), nous ne sommes pas certains de la meilleure prise en compte de la pandémie qui risque de se développer. Et l’examen des chiffres qui analysent le nombre de cas par pays et par million d’habitants rapportés au PIB, pourrait laisser accroire que le COVID 19 est une maladie des pays occidentaux.
Nous souffrons en fait d’une forme d’aberration mentale qui nous fait croire que la situation pourrait être moins grave qu’elle ne l’est réellement. Pollués émotionnellement et intellectuellement par le matraquage médiatique qui nous assène à longueur de journées les chiffres « hallucinants » du nombre de décès d’un Occident qui ne se préoccupe pas tant du nombre de victimes de la faim dans le monde, on en oublie qu’il faut comparer des choses comparables.
LA SITUATION A VENIR SERAIT, DE FAIT, BIEN PLUS GRAVE QU’ELLE NE LE PARAIT AUJOURD’HUI.
Le manque de transparence et la volonté de verrouiller l’information de la part du pouvoir malagasy ne peut que rajouter du brouillard au brouillard, et les postures de satisfaction de dirigeants qui se félicitent de la faiblesse du nombre de décès, et qui prétendent maîtriser la pandémie, ne sont pas moins aberrantes que les postures de dirigeants, scientifiques et gens de médias français qui regardaient avec condescendance la crise se développer en Chine ou en Italie.
L’exemple des errements et des retards des décisions européennes devrait alerter les dirigeants de nos pays : ils tombent dans les mêmes schémas erratiques de pensée. Cherchant à se rassurer et à nous rassurer en fuyant la réalité, en quête d’un hypothétique miracle : « On va passer à travers parce que… la météo, la génétique, les régimes alimentaires, le paludisme endémique, la jeunesse de la population, etc.». C’est éminemment dangereux.
En fait à comparer l’évolution du nombre de cas en France et à Madagascar, on a le tableau suivant qui prend en référence J0 la date d’apparition officielle du premier cas et la date de recensement des 100 premiers cas.
Le déclenchement de l’épidémie aurait débuté à Madagascar 54 jours après son déclenchement en France. Le début de confinement en France du 17 Mars a été suivi par un début de confinement partiel dans la Grande Ile seulement 6 jours après.
Il reste que malgré des mesures préventives et une connaissance « précoce » sur le sujet, le passage à la centaine de cas survient à Madagascar à J0 + 22 quand il survient à J0+33 en France dans des conditions où les mesures préventives ne relevaient encore que des préconisations de gestes barrières.
La courbe de propagation du COVID SERAIT donc plus forte qu’elle ne l’a été en France.
Le conditionnel s’impose. Cette maladie, dont le comportement nous reste très largement méconnu, pourrait - du moins on doit l’espérer – ne pas répondre aux seules données et projections statistiques. Ces projections seraient dramatiques si elles devaient s’avérer.
Il faut souligner que du 20 mars au 17 Avril, l’Institut Pasteur aura réalisé 2 357 tests à Madagascar (analyses de prélèvements) par les tests PCR (par le nez), sur une population de 27 millions d’habitants.
Avec une diaspora malagasy à la population estimée en 2013 à quelques 166 000 individus dans le monde (120 000 en France) le montant des transferts (hors IED) vers Madagascar par sa diaspora serait de l’ordre de 427 millions de $ annuels (373 millions depuis la France). En 2014, le montant des Investissements Etrangers Directs (IED) était de 635 millions de $. La diaspora malagasy est donc un acteur essentiel en termes de développement et de solidarités. La crise COVID ne semble toutefois pas avoir éveillé une mobilisation que l’on aurait aimé plus massive. On notera toutefois les initiatives suivantes :
Un collectif d'associations et d’ESS franco-malgaches réunies autour d'Alliances et Missions Médicales, du Relais Fianarantsoa, et d'Esperanza Joie des Enfants a lancé le 26 mars une opération "100 000 masques pour Madagascar" (production locale des masques lavables et réutilisables). Avec le soutien de la Fondation EDF, l'opération devient le 12 avril "500 000 masques pour Madagascar". La production est au 16 avril engagée à Fianarantsoa, Antsirabe, Imady, et d'autres sites s'engagent à Antananarivo, Morondava, Imito.
On constate une floraison d’initiatives de levées de fonds qui fait jour sur les plateformes de collecte (Leetchi, HelloAsso) : « Aide aux Habitants démunis d’Ambatolampy », « Covid - 19 Mada”, “Covid 19 Madagascar Medic”, “Covid 19 Masques à Madagascar (Amitie franco-malgache Fihavanana »), « Covid 19 Solidarité Madagascar », « Enfants Parrainés d’Ivato (Sol’Su) », »Hackaton Covid 19 Madagascar”, “Kits Urgence Covid 19 Madagascar”, “Les démunis de Madagasca »r, « Manakara sy Manodina », « Natcha Ramine », « Solidarité Covid19 Madagascar », « Solidev”, “Stop Covid 19 Madagascar”, “Urgence Covid19 Madagascar (Avenir Enfants Malgaches)”…
… Et bien d’autres encore qui ne seront pas recensées ici, masquées au sein d’initiatives individuelles, tout en alertant sur la nécessité de se prémunir de probables effets d’aubaine de certains appels aux solidarités.
La communauté malagasy semble difficile à mobiliser sur les grandes opérations solidaires, faisant la part belle à la multiplication d’actions associatives ou personnelles. A l’exception du CEN qui organise la RNS (Rencontres Nationales Sportives), événement significatif de la Diaspora de Madagascar qui rassemble traditionnellement à Pâques, lors d’un week-end festif, jusqu’à 7 000 membres de la société malagasy expatriée pour des rencontres inter-associations. Le contexte confinement, annulant la manifestation, les a vus transformer ces rencontres en une semaine d’événements virtuels sur Internet pour entretenir la cohésion sociale de la communauté malgré la crise.
Faire le constat de ces fragilités n’est pas sombrer dans le catastrophisme. Mais il faut bannir toute forme de pensée magique, de la part des gouvernants, de la part de leurs administrations, et de fait de la part de leurs administrés entretenus dans un sentiment de « on passera au travers » .
Les initiatives erratiques, telles qu’un confinement inapplicable et inappliqué calqué sur les pays du nord, le manque de visibilité et de transparence sur les besoins projetés et les moyens, les équipements, les infrastructures, les ressources et les traitements nécessaires pour contenir une possible crise sanitaire, ne peuvent pas nous rassurer et ne peuvent pas nous permettre de projeter les actions et initiatives qui seraient nécessaires.
S’il nous reste quelque espoir de passer au travers d’un drame sanitaire, il est par contre certain que nous n’éviterons pas de graves difficultés économiques et sociales. La pandémie est un fait. Mais le deuxième et véritable danger qui guette nos populations, même si le premier est évité, est un écroulement économique du pays avec son lot de chômage, son lot de perturbations, entre autres, de la circulation des intrants agricoles et importés, son lot de misère et de famine et de régressions sociales.
Nous avons plus que jamais besoin de transparence pour pouvoir lire la situation, anticiper, agir. Et, au-delà de la préservation de la cohésion sociale, nous avons plus que jamais besoin d’affirmer nos solidarités ICI et LA-BAS.
[i] Sources : Ministère de la santé publique (Plan National de Santé) - OMS – PNUD - Institut Pasteur
[ii] ibid
[iii] Sources : l’Express de Madagascar, Madagascar Tribune
Chronique rédigée par Patrick Rakotomalala, Fact'Madagascar, Fédération d'associations de la diaspora de Madagascar
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
Les propos contenus dans la présente publication n’engagent que leurs auteur.e.s
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Mohamed Mansour LY
Président du COSIM Normandie, administrateur du FORIM,
Enseignant- Juriste spécialiste en droit international du développement, IUT Rouen
Il y a seulement quelques petites semaines, le FORIM s’apprêtait à démarrer les activités d’accompagnement aux OSIM, pour répondre à l’appel à projets PRA/OSIM. Ce dispositif phare du FORIM met en évidence les effets positifs de la migration sur le développement de nos pays d’origine et tout particulièrement, l’apport des migrant.e.s par la valorisation et la capitalisation de leurs pratiques.
Mais le pire est arrivé.
Comme un couperet, à la suite de la fermeture de toutes les frontières internationales, nous apprenons avec stupeur la mise en place de mesures de restrictions drastiques pour limiter les déplacements et les rassemblements. C’est à ce moment que nous commençons à mesurer la gravité de la situation.
Pour nos organisations de solidarité internationale issues des migrations dont l’ADN est de promouvoir la mobilité et la migration sans frontières entre les états, ces nouvelles mesures viennent bousculer nos habitudes et ébranler nos certitudes. Tous pris de court, secoués mais pas terrassés. Aussitôt nous nous sommes ingéniés à imaginer des alternatives. Comment continuer à accompagner efficacement nos OSIMs ? Quelle mobilisation pour continuer à porter notre plaidoyer à travers nos réseaux ?
Nous le savons toutes et tous, l’histoire écrit une nouvelle page. Face à cette crise sanitaire aussi chaotique que nous impose le COVID 19, notre plateforme nationale regroupant les organisations de solidarité internationale reste fidèle à ses valeurs en continuant d’offrir l’image spécifique de personnes issues de l’immigration qui mettent en évidence les aspects positifs de notre double appartenance. Nous restons mobilisés et solidaires Ici et là-bas où le COVID 19 risque d’impacter durablement.
Dans un contexte d'emballement médiatique, beaucoup de fausses informations circulent. Il faut remettre de l’ordre dans les idées, réembrayer sur le concret. La crise du COVID 19 nous indique un nouvel horizon d’alternatives potentielles mais, à l’évidence, un rapport de force à construire pour changer le système en mettant l’humain et l’humanité au centre de nos préoccupations. Une des gageures de l’après COVID 19, c’est de pouvoir mener un véritable travail de réflexion de fond sur la coopération, la solidarité et le développement entre le Nord et le Sud, pour que les deux parties donnent et reçoivent réciproquement.
D’Ici là, continuons de prendre soins les un.e. s les autres.
Restons Unis et solidaires pour accomplir notre destin.
1. Le Maroc : un pays riche et pauvre à la fois où les inégalités restent fortes
Le Maroc est un pays de 35,2 millions d’habitant.e.s (2018, Haut Commissariat au Plan, HCP), dont 63% habitent dans le milieu urbain. 35% des emplois sont occupés dans la branche de l’agriculture, forêt et pêche. Entre 75 et 89% des emplois au Maroc se trouvent dans le secteur dit « informel » (2016, Organisation Internationale du Travail).
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a classé le Maroc à la 121ème place (sur 189) pour son indice de développement humain en 2019. Malgré des évolutions reconnues par les Nations Unies, le Maroc connait un retard important dans son développement. De plus, cet indicateur cache des inégalités importantes, notamment sociales, de genre et des disparités territoriales fortes. En particulier le Rif et ses périphéries et la grande périphérie de Marrakech. Le système de santé au Maroc reste encore fragile et est un véritable défi pour le pays. Le Maroc a une faible densité de médecin, moins de 7 médecins pour 10.000 habitants. Un effort est réalisé dans la formation du personnel de médecine pour améliorer ce chiffre. Et une loi a permis la mise en place d’un régime d’assistance médicale (RAMED) pour les plus démunis.
Pour réduire ces inégalités, la diaspora marocaine joue un rôle important. Les transferts de fonds des MRE (Marocains Résidents à l’Etranger) sont estimés à 65 milliards de dirhams en 2018 (6.3 Mds d’Euros) dont 35% en provenance de France (Office des changes du Maroc). La diaspora marocaine est importante, elle correspond à 11 % de la population totale avec 5 millions de MRE, dont plus de 1 million en France. Le Maroc est aussi depuis une dizaine d’années un pays d’installation pour quelques 84.000 étrangers (dont 65% sont originaire d’Afrique subsaharienne).
Situation du Covid au Maroc
L’État d’urgence a été proclamé relativement tôt. Le Maroc prend très au sérieux l’épidémie et a pris des mesures rapidement : état d’urgence, déplacements encadrés, suspension de tous les vols internationaux, ports fermés (excepté pour les marchandises). Un comité de pilotage à la surveillance de l’épidémie et à la prise de décision a été mis en place par le gouvernement (constitué du ministère de la Santé, de la Gendarmerie royale, des services de la médecine militaire, du ministère de l'Intérieur ou encore de la Protection civile). Tous les grands rassemblements et évènements sont annulés ou reportés (exemple du 15ème Salon de l’agriculture du 14 au 19 avril). Depuis le 20 mars, le confinement est mis en place dans tout le pays. Depuis le 7 avril, le port du masque est obligatoire. Des industries du Maroc se sont reconverties dans leur production. Et il est vendu à 7 centimes d’euros, un prix dérisoire pour démocratiser son utilisation. Aussi, le pays se lance sur la fabrication de respirateurs artificiels, ainsi que sur le réaménagement de halls d’exposition en hôpital de campagne.
Deux mesures sociales importantes ont été prises au Maroc : une dotation de 10 milliards de dirhams pour la mise à niveau du système de santé au Maroc (infrastructure et urgences en lien avec l’épidémie) et une aide de subsistance financières aux plus démunis (les bénéficiaires du RAMED et les autres populations travaillant dans l’informel).
Mais cela suffira-t-il ? Comment réagit la population marocaine face à cette épidémie ? Et quelles sont les apports de la diaspora dans cette crise ?
2. Les initiatives citoyennes de la diaspora et des associations marocaines
Saadia mène depuis 11 ans des actions de solidarité avec son village d’origine dans l’Atlas marocain, à travers une association créée en France. « Avant le confinement au Maroc, les gens du village m’ont appelé pour demander de mes nouvelles. Quand les villageois ont senti que le Maroc pouvait être concerné, ils m’ont sollicité pour avoir des explications. Depuis, je suis en lien quotidien avec les habitants de mon village. Les jeunes veillent sur le confinement des habitants.
Zaïna, originaire d’un village dans l’Atlas marocain, est professeur à Paris. « Dans les six hameaux de mon village, une grande partie de la population a peu de moyens et dépend de l’argent transféré par les émigrés, en majorité de l’intérieur (Casablanca, Agadir). Cette année est une année de sécheresse. Cela renforce la précarité des familles qui font face avec courage et pudeur à la menace du coronavirus, au confinement, et au renchérissement du coût de la vie en raison de la fermeture du souk « bon marché ». En plus, on a un retour massif des journaliers fuyant les villes sans indemnités ni épargne et revenant au village, privant les villageois d’une aide financière vitale, et augmentant les besoins essentiels.
J’ai mis en place une chaîne pour alimenter une cagnotte par la solidarité de mon entourage amical et professionnel. Mon représentant sur place que je connais personnellement et dont je me porte garante répartira équitablement les produits aux familles les plus démunies selon leur taille respective. Je m’engage solennellement à suivre la gestion de la cagnotte et à en rendre compte aux généreux donateurs. »
A Taliouine les jeunes organisent la solidarité. Les jeunes du Forum Initiatives Jeunesse (FIJ), ont organisé une collecte auprès des familles dans tous les quartiers de la petite ville de Taliouine (Province de Taroudant), là où se situe le souk chaque lundi, sur la route nationale d’Agadir à Ouarzazate. Le souk est fermé depuis les mesures de confinement prises par les autorités. L’Association Algou et l’Association des jeunes d’Imgoun (Commune de Tassousfi) ont collecté auprès des habitants et des migrants, respectivement 30.000 DH (près de 2.800 €) et 23.000 DH (près de 2.200 €) pour confectionner régulièrement des « paniers » de nourriture pour les distribuer aux familles pauvres de leurs villages.
D’autres associations se coordonnent avec les autorités et les commerçants pour apporter les approvisionnements jusqu’aux villages et organisent les achats et distribution en respectant les règles de distance sociale.
Ces actions valorisent le rôle des Associations villageoises qui étaient nées il y a 30 ans pour mener des actions de construction d’infrastructures collectives au niveau villageois (électrification[1], adduction d’eau potable, irrigation, retenues collinaires…) avec le soutien des migrants du village. Avec le ralentissement des actions au niveau villageois, les Associations villageoises ont perdu de leur importance. La situation présente les remobilise sur des enjeux de solidarité, en lien le plus souvent avec les migrants (de l’intérieur et à l’international) issus de leur village.
[1] L’association Migrations & Développement (M&D) s’est construite dans le années 90 autour de ces petits équipement collectifs villageois soutenues par les migrants du village présents en France.
L’Association des Marocains de France (AMF) a lancé un appel d’urgence de fond auprès de son réseau pour soutenir les populations les plus démunies au Maroc, tout particulièrement les femmes seules et les enfants. En France, les violences sexuelles ont fortement augmenté pendant le confinement. De ce fait, l’AMF s’est centrée sur la réalisation de spots vidéos d’appel à la solidarité et à la vigilance envers les femmes et les enfants, victimes de violence.
Pour Ahmed Ouarab, président de l’association MCDA, membre d’Immigration, Développement, Démocratie (IDD), le Maroc est actuellement en phase de confinement, mais l’étape suivante va en être la sortie, car les populations vont avoir besoin de manger et de travailler. Et pour cela, il faut des masques.
Tout est parti d’un partenariat qui existe depuis plusieurs mois entre MCDA à Mulhouse, l’association italienne Sunschine4Palestine à Rome et deux universités, celle de Bethléem en Palestine et celle de Beni Mellal au Maroc. L’idée est de monter un FabLab et plus encore un réseau de laboratoire de fabrication méditerranéen. L’objectif est de lutter contre la pauvreté et les inégalités par un levier important qu’est l’éducation. Les 4 partenaires travaillent à la formation de jeunes étudiantes marocaines en thèse en sciences physiques. Elles ont appris l’assemblage, l’utilisation et la réparation d’imprimantes 3D afin de travailler à la vulgarisation scientifique locale dans leur pays et pour développer des projets indépendants et innovants.
Depuis l’épidémie du coronavirus au Maroc, le FabLab pourrait être le lieu de création de masques avec écran plastique. L’association MCDA, en lien avec une coopérative de femmes Khmissasanad présidée par Amina Majdi et l’association maindepaixsociale présidé par Hassan Agermousse à Oulad Mbarek, qui disposent de locaux équipés de machines de couture et de couturières organisent aussi la fabrication de masques en tissu.
MCDA demande des autorisations au gouverneur de Beni Mellal afin de permettre aux femmes la mise en place de masques en tissu, tout en fabriquant les masques en plastique. L’idée est ensuite de pouvoir en distribuer au sein des hôpitaux mais aussi auprès de la population. L’association, négocie à distance avec les autorités publiques les autorisations de sortie et de travail des femmes de la coopérative tout en tenant compte des mesures d’hygiène et de sécurité. L’association négocie avec les fournisseurs de matériaux de masque (tissus, plexiglass, etc.), que ce soit en France ou à Casablanca au Maroc.
Pour MCDA, l’idée est de fédérer ce réseau d’acteurs associatifs autour de la thématique du COVID à travers les actions suivantes : sensibilisation des populations au respect des consignes sanitaires, conception et fabrication de masques, distribution de masques et de vivres.
Pour La FAF, le Forum des Amis de Figuig (membre d’IDD), les associations de Figuig France s’organisent. Ici, pour accompagner des Marocain.e.s de la diaspora qui décèdent, afin de les enterrer dans un carré musulman en France, car depuis l’épidémie, le rapatriement des corps est interdit. Plusieurs associations de Figuig en France font de la collecte d’argent pour venir en aide aussi aux sans-abris, aux sans-papiers et aux personnes seules en France. La solidarité s’organise aussi à Figuig. Une forte mobilisation se met en place avec les partenaires des Associations de Figuig en France et au-delà. Par exemple, la société civile à Figuig organise une sensibilisation à l’importance du confinement et accompagne des distributions alimentaires.
Sociologue, Professeur Associé en Sociologie à l’Université Internationale de Rabat, Directeur pédagogique de Sciences Po Rabat, Titulaire de la Chaire Migrations, Mobilités, Cosmopolitisme, Rédacteur en chef de la revue Afrique(s) en Mouvement, Coordinateur Maroc du LMI Movida (IRD)
Propos recueillis par Chadia Arab
Qu'en est-t-il des mesures prises par le Maroc dans le cadre de l’épidémie ?
Le Maroc a pu bénéficier des expériences des autres pays face à l’évolution de la pandémie puisqu’il a détecté des cas bien plus tard qu’en Europe. Sa proximité avec l’Europe et, surtout, les circulations incessantes de ses ressortissant.e.s y résidant, a, selon moi, permis une mise en place préventive de lutte contre les effets de la pandémie, que cela soit d’abord au niveau sanitaire et épidémiologique ou que ce soit maintenant au niveau économique et social. Il y a eu d’abord la fermeture des écoles et des universités, l’annulation des évènements sportifs et culturels, l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes sauf pour les moussems (fête traditionnelle et religieuse), l’interdiction des réunions publiques, conférences et autres manifestations avec des personnes venant de l’étranger, Marocain.e.s ou non.
Puis, cela ne suffisant pas, il y a eu la fermeture des mosquées, des cafés, restaurants et bars, la fermeture des salons de coiffure et esthétique, des hammams. Mais, malheureusement, cette stratégie de lutte préventive contre les effets du Covid-19 n’a pas permis d’empêcher la diffusion sur tout le territoire des infections à ce virus. Le Maroc a donc pris la décision de fermer les frontières, puis de décréter un état d’urgence sanitaire prenant effet le 20 mars et s’arrêtant le 20 avril avec le décret-loi 2.20.292 pour restreindre au maximum les déplacements et encourager au confinement. Les Marocain.e.s n’ont plus le droit de sortir sans autorisation et les déplacements inter-villes ne sont permis qu’aux déplacements essentiels à la vie économique et à la lutte contre la pandémie (principalement pour les approvisionnements). Afin de lutter aussi contre les effets économiques et sociaux, pendant le temps même des mesures de prévention progressives tel que je les ai sommairement décrites, le Maroc a mis en place un Fonds spécial où toutes les fortunes (ou presque) du pays ont contribué, notamment le Roi lui-même, atteignant aujourd’hui près de 3 milliards d’euros, ce qui pour un pays comme le Maroc est impressionnant.
Vous évoquez dans vos articles un confinement à plusieurs vitesses, qu'est-ce que vous entendez par là ?
D’abord, de manière générale, j’essaie simplement d’expliquer que le confinement généralisée à domicile ainsi que la distanciation sociale sont deux concepts ineptes et impossibles à réaliser ! Pour qu’une société fonctionne il faut bien qu’il y ait des catégories professionnelles qui non seulement ne soient pas confinées mais en plus aillent au contact… Au minimum, les forces de l’ordre, les personnels soignants, les personnels de ménage et d’hygiène, les personnels de l’alimentaire et de sa distribution, les personnels des transports, des télécoms, de l’eau et l’électricité. Sans parler de tout un ensemble d’autres métiers que le soi-disant confinement généralisé à domicile n’a pas empêché de continuer et qui font que ces travailleu.ses.rs prennent quotidiennement les transports en commun. Partout dans le monde confiné, les cadres « télétravaillent » (quel concept bizarre là aussi) mais pas les ouvri.ères.ers ! Au Maroc, c’est aussi la même chose mais c’est encore plus compliqué parce qu’il y a plus de 70% de la population active qui travaillent sans contrat de travail, ni protections sociales, ni cotisations, ni droits ! Tou.te.s ne sont pas pauvres, mais très rarement aisé.e.s et ne pourront pas faire de grandes provisions. Elles et ils ne tiendront pas longtemps sans revenus. Pire, une grande partie de travailleu.ses.rs de ce qu’on appelle très maladroitement « l’économie informelle », alors qu’elle est en réalité très formelle socialement, très inscrites dans les habitudes et les normes sociales, sinon elle ne fonctionnerait pas, ne vivent qu’au jour le jour et n’ont pas de revenu fixe. Et parmi cette catégorie, il y a une sous-catégorie que j’ai nommé économie de la circulation et de la débrouille. C’est une économie d’entre-pauvres qui est essentiellement basée sur les mobilités : les mobilité des personnes qui en multipliant les contacts gagnent un peu d’argent, circulation entre les personnes permettant de connecter des marchés de toutes sortes, mobilité des marchandises et des personnes pour les porter, circulation de l’argent qui changent de main en main tellement rapidement qu’il y a une sommes considérables de familles qui vivent en une journée sur un seul billet de 20 dhs (d’ailleurs ce sont les billets les plus abimés, parce que les plus utilisés). Arrêter les déplacements, c’est tuer cette économie de la circulation et de la débrouille. Arrêter la vie sociale dans les rues et les marchés, c’est tuer cette forme particulière d’économie d’entre-pauvres.
L’Etat en est conscient, me semble-t-il, et a mis en place un système de dédommagement pour ces populations allant de 800 dhs à 1200 dhs selon le nombre de personnes à charge dans une famille, grâce au Fonds spécial dont j’ai parlé plus haut. Le problème reste l’identification des personnes, car beaucoup échappent aux registres déjà existants. De fait, au Maroc, lorsqu’on regarde les quartiers populaires des grandes villes, la vie sociale est assez forte les matinées et puis s’arrêtent progressivement les après-midi pour être totalement stoppées à partir de 18h dans une sorte de couvre-feu qui ne dit pas son nom. C’est donc en réalité un confinement à géométrie variable dans le temps et dans l’espace que nous vivons au Maroc.
Quelle est la situation des migrant.e.s face à cette épidémie au Maroc ?
Alors, il y a plusieurs catégories de personnes migrantes au Maroc, catégories sociales, nationales mais aussi raciales, c’est-à-dire racialisées. Ce n’est pas la même chose d’être un professeur de nationalité française dans un lycée de la mission française et une femme burkinabé qui réside sans autorisation administrative et fait des ménages au jour le jour, moins payée encore que les salaires, déjà de misère, qu’obtiennent les Marocaines faisant le même métier. Pour être clair, dans les villes de Casablanca et Rabat cela commence à 100 dhs la journée de ménage pour les Marocaines et cela peut descendre jusqu’à 70 dhs. Pour les personnes migrantes originaires des pays d’Afrique subsaharienne, c’est-à-dire, noire de peau, cela commence au mieux à 60 dhs la journée !
Et puis, il y a aussi des populations migrantes qui n’ont même pas accès à ces métiers de sous-prolétaires… qui ne vivent que d’aide alimentaire et de charité. Ce sont les vulnérables parmi les vulnérables ! Sans domicile et sans aucune forme de revenus, elles et ils vivent souvent à proximité des frontières européennes et de ses enclaves coloniales de Sebta et Melilla. Là, comme un peu partout sur le territoire national, les autorités ont fait arrêter les distributions d’aides et les maraudes afin de limiter la propagation du virus Covid-19. Mais la faim se fait sentir. J’ai des témoignages terribles de personnes qui n’ont rien mangé depuis 3 jours ! Et nous sommes impuissant.e.s face à cette situation. Les personnes non ressortissantes qui ont bénéficié des campagnes de régularisation et qui ont pu s’inscrire sur le registre du Ramed (régime d’assistance médicale pour les Marocain.e.s qui n’ont aucune couverture médicale parce que travaillant sans contrat de travail qui a été ouvert aux personnes migrant.e.s ayant les mêmes conditions socio-économiques que les Marocain.e.s) vont en principe recevoir l’aide promis au « secteur informel » comme on le nomme ici. Mais les autres ? Que va-t-il advenir des autres ? Comment aider ces populations sans aller au contact ? C’est là toute la limite de cette stratégie de confinement.
Prochaine ChroCo Vies : Madagascar
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Chronique rédigée par Chadia Arab, Abderrahmane Benkerroum, Souad Frikech Chaoui, Ahmed Ouarab, Jacques Ould Aoudia
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
Les propos contenus dans la présente publication n’engagent que leurs auteur.e.s
billet sorti sur MEDIAPART, 08 avril 2020
Les grandes puissances mondiales sont impuissantes face à cette crise et privilégient le « chacun pour soi »
Les vendredi 20 et samedi 21 décembre, le FORIM, en partenariat avec la Coordination des Organisations de la Diaspora Togolaise pour le Co-développement (CODT – CODEV), organisent une rencontre technique pour renforcer la contribution de la diaspora au développement du Togo. Cet évènement fait suite à la Rencontre Internationale Sud organisée à Lomé en janvier 2017 ainsi qu’à un atelier de suivi en juin 2019, au cours de laquelle les participants ont décidé d’entamer la constitution d’une nouvelle structure fédérant les associations menant des projets de développement au Togo.
Durant ces deux jours, les participants seront amenés à échanger sur leurs actions de co-développement, les difficultés rencontrés, et le type de soutien que les autorités publiques togolaises pourraient apporter à leurs actions.
Pour plus d'informations sur la participation et sur le processus :
Benoit Mayaux
Chargé de mission plaidoyer Europe et International
14 Passage Dubail, 75010 Paris
Tél : 0970680789
E-mail : bmayaux@forim.net
Web: forim.net
La campagne de l'Association des Marocains des France - AMF, qui vise à accompagner les jeunes vers une citoyenneté active et responsable.
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