FORIM

A l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, le FORIM, réseau des diasporas solidaires, rappelle le rôle crucial qui est joué par les femmes migrantes et de la diaspora dans le co-développement et appelle les pouvoirs publics à des politiques publiques plus ambitieuses face aux défis qu’elles rencontrent.

Les femmes des diasporas :  des actrices majeures de la solidarité internationale et de la cohésion sociale

Dans l’imaginaire collectif, l’archétype du « migrant » est souvent attaché à la main d’œuvre de travail masculine ayant immigré pour subvenir aux besoins de sa famille restée au pays. Or, la réalité en est toute autre et la figure de la personne migrante a considérablement évolué depuis ces profils observés dans le contexte des années 1970 en France.

Selon les chiffres de l’Organisation Internationale pour les Migrations en 2020, les femmes représentent plus de la moitié des personnes migrantes dans le monde (51,9 %)[1] – une tendance également observée en France[2]. Ces chiffres témoignent du rôle précurseur joué par les femmes qui décident, pour un ensemble de raisons relevant de la liberté individuelle, d’entreprendre un nouveau projet de vie dans un autre pays.

Or, les femmes des diasporas contribuent directement au co-développement dans le double espace, via des projets mis en œuvre dans leur pays d’origine et leur pays d’accueil. Vectrices d’échanges interculturels transfrontaliers, elles font souvent le lien entre les sociétés d’ici et de là-bas et jouent à ce titre le rôle d’ambassadrices de dialogue et de paix. Leurs contributions sont multiples : elles stimulent l’économie des pays d’origine en portant des projets d’entreprenariat et contribuent à l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) en menant des initiatives qui bénéficient aux femmes et aux jeunes filles. En France, leur rôle a été souligné notamment durant la pandémie de Covid-19, lors de laquelle elles se sont illustrées comme des chainons indispensables du maillage social et économique du pays.

Des femmes des diasporas toujours confrontées à une série d’obstacles contraignant leurs actions et limitant leurs droits fondamentaux

Par leur double appartenance à des catégories minoritaires liées à leur origine étrangère et leur genre, les femmes des diasporas se situent à l’intersectionnalité d’une série de discriminations.

Pendant leur parcours migratoire, les femmes et les filles sont surexposées à de multiples violences (physiques, psychologiques, administratives, économiques et sexuelles) qui peuvent perdurer une fois arrivées dans le pays d’accueil. De ce fait, elles n’ont pas un accès équitable aux droits fondamentaux indispensables à leur épanouissement personnel (éducation & formation, logement, santé sexuelle et reproductive, emploi, etc.). En tant que personnes étrangères, les femmes des diasporas sont également exclues de certains droits fondamentaux dont ceux liés à la participation politique et au droit de vote. Elles sont ainsi reléguées à un statut de « citoyennes de seconde de zone », ne pouvant pas exprimer leur opinion politique et leurs choix d’orientations collectives au sein de la société.

Du fait de l’ensemble des violences symboliques qu’elles subissent en raison de leur identité de genre et leur origine étrangère cumulées aux inégalités structurelles qu’elles subissent dans l’accès aux droits et services de bases, on observe chez les femmes des diasporas un taux de chômage deux fois plus élevé que celui des femmes sans ascendance migratoire[3].

Le FORIM appelle les pouvoirs publics à adopter des politiques publiques plus ambitieuses en faveur des femmes des diasporas

Alors que le gouvernement a renouvelé son engagement d’inscrire l’égalité femmes/hommes comme grande cause du quinquennat[4] et affiche régulièrement sa volonté de défendre une diplomatie féministe[5], le FORIM appelle les pouvoirs publics à plus de cohérence et à transformer ces ambitions en actions concrètes, pour enfin changer le quotidien des femmes desdiasporas :

Participation politique et citoyenneté

Le FORIM encourage l’adoption de la proposition de loi constitutionnelle n°1982 déposée à l’Assemblée nationale le 8 décembre 2023 pour « accorder le droit de vote aux élections locales aux étrangers et étrangères non ressortissantes de l’Union européenne résidant en France ». Cette proposition de loi constitue un progrès attendu depuis de longues années par les personnes migrantes en France désirant être reconnues comme des citoyen.ne.s à part entière[6]. Nous appelons également les pouvoirs publics à renforcer la place des femmes des diasporas dans les espaces de consultation et de codécision des politiques dans une logique de démocratie participative effective. Cette participation est d’autant plus décisive dans les processus d’élaboration des politiques publiques visant l’égalité femmes/hommes et les politiques migratoires. Nous regrettons à cet égard l’absence des femmes migrantes dans les débats accompagnant l’adoption de la loi du 26 janvier 2024 pour « contrôler l'immigration, améliorer l'intégration » à laquelle nous nous sommes fermement opposés. 

Formation et insertion professionnelle

Les perspectives d’intégration socio-économique des femmes des diasporas dépendent intrinsèquement de la reconnaissance de leurs diplômes et expériences professionnelles en France. Or, beaucoup de personnes étrangères en France font l’objet d’un processus de déclassement professionnel du fait de l’absence d’équivalence officielle de leurs parcours et savoir-faire acquis à l’étranger. C’est pourquoi le FORIM milite pour la reconnaissance des compétences des femmes migrantes afin qu’elles puissent révéler leur plein potentiel et atteindre des objectifs professionnels à la hauteur de leurs attentes et capacités. Nous invitons aussi à soutenir les initiatives entrepreneuriales des femmes des diasporas en facilitant leur accès à des mécanismes de financement inclusifs, tels que les prêts à faible coût et les subventions. Encourager l’accès à de tels mécanismes financiers contribuera à briser les barrières économiques, stimuler l’entrepreneuriat féminin mais aussi autonomiser de manière significative les femmes.

Appui aux initiatives de la société civile agissant pour le genre 

Pour que les organisations de la société civile puissent continuer à mettre en œuvre leurs actions en faveur des ODD (notamment l’ODD n°5 visant l’égalité de genre[7]), nous appelons les pouvoirs publics à maintenir leur financement inconditionnel. Cela nécessite de pérenniser et élargir les fonds de soutien tels que le Fonds de soutien aux organisations féministes[8], et de renforcer l’accessibilité de tels fonds aux petites organisations. A ce titre, nous dénonçons la tendance actuelle visant à incorporer progressivement de la conditionnalité dans l’accès à ces financements sur des critères externes aux règles et aux procédures de candidature formelles (injonction au positionnement politique, à l’adhésion à certaines valeurs, etc.). Tout comme pour l’aide publique au développement, nous militons pour que les politiques publiques de solidarité internationale ne soient pas détournées de leurs objectifs initiaux de réduire les inégalités et d’atteindre les ODD.

Sensibilisation et changement des représentations

Pour que l’égalité femmes/hommes soit réellement atteinte, il est indispensable de mener un travail sur les mentalités et les représentations collectives autour du genre et de la migration. Nous encourageons donc les pouvoirs publics à impulser des campagnes de sensibilisation visant à lutter contre les stéréotypes de genre et les préjugés associés aux femmes des diasporas. Via des partenariats avec des acteur.trice.s issu.e.s de la société civile, du monde de la recherche et des médias, il nous semble crucial aujourd’hui d’apporter un éclairage multi-dimensionnel sur les contributions positives des personnes migrantes. Ce travail de sensibilisation semble d’autant plus important aujourd’hui pour faire face à la propagation des idées d’extrême droite toujours plus hostiles aux principes d’égalité et mettant en péril les fondamentaux de notre démocratie.


[1] https://www.migrationdataportal.org/fr/themes/sexospecificites-et-migration

[2] https://www.histoire-immigration.fr/societe-et-immigration/quelle-est-la-part-des-femmes-dans-l-immigration-en-france

[3] https://www.insee.fr/fr/statistiques/6793274?sommaire=6793391

[4] https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/toutes-et-tous-egaux-plan-interministeriel-pour-legalite-entre-les-femmes-et-les-hommes-2023-2027

[5] https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/diplomatie-feministe

[6] https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1982_proposition-loi#

[7] https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/gender-equality/

[8] https://www.afd.fr/fr/fonds-de-soutien-aux-organisations-feministes-fsof

Dans le cadre de l'appel à projets du dispositif PRAO/SIM, 20 associations membres du FORIM ont été sélectionnées et labellisées en tant qu'opérateurs d'appui (OPAP). Être accompagné par un OPAP est une étape obligatoire pour toutes les associations souhaitant soumettre une demande de cofinancement. Leur rôle principal est d'accompagner les associations dans la conception et la réalisation de leurs projets.

Retrouvez ci-dessous la liste des activités organisées par nos opérateurs d'appui dans le cadre de cet appel à projet.

MARS 2024

Vendredi 08 mars

Réunion d'information générale sur le PRA/OSIM - organisée par la Plateforme des Associations congolaises de France

Informations pratiques : 17h-21h, 19 rue de la Fraternité 93170 Bagnolet

Contact : kilemak@gmail.com

Samedi 09 mars

Journée d'écriture - organisée par la Plateforme des Associations congolaises de France

Informations pratiques : 10h-17h, 19 rue de la Fraternité 93170 Bagnolet

Contact : kilemak@gmail.com

Samedi 09 mars

Réunion d'informations sur le PRA/OSIM organisée par le Collectif des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations de la région Nouvelle Aquitaine

Informations pratiques : 10-13h, visioconférence

Contact : cosim.aquitaine@gmail.com

Lundi 11 mars -vendredi 22 mars

Séances d'accompagnement individuel d'un projet de développement local, organisées par la Coordination d'appui aux projets de solidarité internationale pour le Congo

Informations pratiques : 20h30-22h30, visioconférence

Contact : Gaston MASSALA, 06 64 08 91 01

Samedi 16 mars

Réunion d'information générale sur le PRA/OSIM - organisée par la Plateforme d'Associations Franco-Haïtiennes

Informations pratiques : 10h-17h, 14 rue Victor Hugo - 93500 PANTIN

Contact : contactpafha@gmail.com

Samedi 16 mars

Réunion d'information générale sur le PRA/OSIM organisée par le Réseau des Associations Mauritaniennes en Europe

Informations pratiques : 10h-15h, visioconférence

Contact : Moussa DRAME, contact@le-rame.org

Dimanche 17 mars

Réunion d'information générale sur le PRA/OSIM organisée par la Fédération des Associations Capverdiennes de France (FACF)

Information pratiques : 19h, visioconférence

Contact: contact.fac2016@gmail.com

Dimanche 17 mars

Réunion d'information générale sur le PRA/OSIM organisée par le Conseil des Béninois de France (CBF)

Informations pratiques : 10h-13h, visioconférence

Contact : martialmehouloko@gmail.com; Jean_charles.ahomadegbe@yahoo.fr

ID de réunion: 827 7449 1956
Code secret: 01081960

Samedi 23 mars

Séance d'information en ligne organisée par le Comité de suivi du symposium sur les Sénégalais de l'extérieur (CSSSE)

Informations pratiques : 14h-17h, visioconférence

ID de réunion: 763 5886 6640
Code secret: FYPS5g

Contact : Moulaye Aidara, 06 03 37 77 52

Samedi 23 mars

Atelier collectif d'écriture d'un projet de développement local organisé par la Coordination d'appui aux projets de solidarité internationale pour le Congo

Informations pratiques : 18h30-21h00, visioconférence

Contact : Gaston MASSALA, 06 64 08 91 01

Samedi 23 mars

Réunion d'information générale sur le PRA/OSIM organisée par le Haut Conseils des Maliens de France

Informations pratiques : 10h-17h, Bourse de Travail de Paris 3 rue de Château d’eau, Métro République
Salle Louise Michel

Dimanche 24 mars

Réunion d'information sur les dispositifs de co-financement, organisée par la Coordination des associations guinéennes de France

Informations pratiques : 14-17h, visioconférence

Contact : Tahirou BAH, 06 60 50 62 83

Dimanche 24 mars

Atelier d'écriture organisé par le Conseil des Béninois de France (CBF)

Informations pratiques : 10h-18h, visioconférence

Contact : martialmehouloko@gmail.com; Jean_charles.ahomadegbe@yahoo.fr

ID de réunion: 827 7449 1956
Code secret: 01081960

Dimanche 24 mars

Réunion d'information générale sur le PRA/OSIM - organisée par le Réseau des Associations Mauritaniennes en Europe

Informations pratiques : 10h-15h, visioconférence

Contact : Moussa DRAME, contact@le-rame.org

Lundi 25 mars au 05 avril

Séances d'accompagnement individuel d'un projet de développement local organisées par la Coordination d'appui aux projets de solidarité internationale pour le Congo

Informations pratiques : 20h30-22h30, visioconférence

Contact : Gaston MASSALA, 06 64 08 91 01

Lundi 25 mars

Réunion d'information sur le PRA/OSIM organisée par le Collectif des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations de Rhône-Alpes (COSIM Rhône-Alpes)

Informations pratiques : 19h00-19h45, visioconférence

Contact : contact@cosim-ara.fr

Mercredi 27 mars

Réunion d'information sur le PRA/OSIM organisée par la Plateforme d'Associations Franco-Haïtiennes

Informations pratiques : de 18h30- 20h30, visioconférence ZOOM

ID de réunion: 827 23746932
Code secret: 834798

Vendredi 29 mars

Séances d'accompagnement individualisées pour les porteurs de projets - organisées par le Réseau des Associations Mauritaniennes en Europe

Informations pratiques : 14h, visioconférence

Contact : Moussa DRAME, contact@le-rame.org

Samedi 30 mars

Réunion d'information sur le PRA/OSIM organisée par le Réseau des associations pour le développement du bassin du fleuve Sénégal (RADBFS)

Informations pratiques : de 09h00-16h00, Bourse de Travail de Saint Denis, 9-11 rue Génin 93200

Contact : radbfs@gmail.com

Samedi 30 mars

Atelier d'écriture de projet -partie 1, organisé par le Femmes et contributions au développement (FECODEV)

Informations pratiques : de 14h00-16h00, visioconférence

Contact : fecodev@gmail.com

Vous êtes une association de jeunes à la recherche de financement pour vos projets solidaires ?

Vous souhaitez être accompagné sur des problématiques liées à l’engagement des jeunes ?

Vous recherchez des opportunités de financement pour votre projet d’assainissement ou de gestion des déchets dans votre pays d’origine ?   

Votre association souhaite renforcer les compétences de ses bénévoles ?

Le FORIM a recensé pour vous plusieurs appels à projets externes en cours répondant à ces questionnements et portés par le FONJEP, Engagé.e.s & Déterminé.e.s, Plan International, la Fondation de France, Syctom, l'agence de l'eau et le FDVA.

Journée internationale des migrant.e.s 2023

Les diasporas décryptent le projet de loi asile et immigration

Chaque année autour du 18 décembre, la journée internationale des migrant.e.s (JIM) est l’occasion de réaffirmer, promouvoir et défendre les droits des personnes migrantes et des diasporas. Cette année, alors que la régression de leurs droits s’institutionnalise et se banalise, la mobilisation du FORIM, de son réseau et de la société civile dans son ensemble est d’autant plus cruciale. 

Dans ce contexte, le FORIM, réseau des diasporas solidaires, vous convie à sa mobilisation :

le samedi 16 décembre

de 9h30 à 16h30

au pavillon Indochine du jardin d’agronomie tropicale René-Dumont

45 avenue de la Belle Gabrielle, 94130 Nogent-sur-Marne

pour une journée de décryptage et d’échanges avec les diasporas et leurs partenaires autour de l'actuel projet de loi asile et immigration, et dont l'examen en séance publique débutera à l’Assemblée nationale le 11 décembre 2023.

Intéressé.e ? L’inscription est obligatoire. Inscrivez-vous !

Dans le contexte actuel, et souhaitant communiquer un message fort face à un projet de loi qui bafoue les droits des migrant.e.s et l’esprit de solidarité qui anime notre réseau, nous vous invitons tous.tes chaleureusement à prendre part, afin de partager vos expériences et débattre de vive voix avec les personnes concernées.

Rendez-vous le 16 décembre !

Paris, le 14 novembre 2023

Le projet de loi « Pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » sera adopté en première lecture par un vote solennel du Sénat ce mardi 14 novembre avant sa transmission à l’Assemblée nationale dans les prochains jours. Alors que la majorité sénatoriale a considérablement accentué la gravité d’un texte déjà très préoccupant, plus de 30 associations, collectifs et syndicats appellent à un sursaut général des forces citoyennes et politiques pour la défense de l’État de droit et de la dignité humaine.

Engagées depuis plus d’un an dans le suivi de cet énième projet de loi « asile et immigration », nos organisations redoutaient fortement l’examen de ce texte par le Sénat. Alors que nous avions compris depuis longtemps que ce texte n’avait plus de prise avec la réalité du fait migratoire et des conditions de vie des personnes exilées dans notre pays, un nouveau pallier de la déraison a été franchi lors de l’examen par le Sénat.

La majorité à la chambre haute a déposé et adopté un grand nombre d’amendements, tous plus répressifs les uns que les autres, tout en multipliant les outrances et propos stigmatisants à l’égard des personnes migrantes.  Aucune mesure pouvant « rendre la vie impossible » aux personnes exilées n’a été épargnée, conformément aux ambitions de longue date du ministre de l’Intérieur.

La suppression de l’aide médicale d’Etat (AME), l’une des maigres aides sociales à laquelle les personnes « sans-papiers » ont droit, en est bien sûr un des exemples les plus aberrants et consternants. Mais l’exclusion des personnes sans titre de séjour du droit à l’hébergement d’urgence et du droit à la réduction tarifaire des transports est tout aussi brutale. Bien d’autres barrières rendant plus difficiles l’accès à un séjour digne dans notre pays ont été méticuleusement édifiées : attaques contre le droit à la vie familiale via le regroupement, la réunification ou les titres de séjour pour ce motif ; contrôle accru de l’immigration étudiante ; nouveaux motifs pour refuser ou retirer un titre de séjour ; instauration de quotas migratoires ; rétablissement du délit de « séjour irrégulier ». Même chose pour le passage à cinq ans de résidence stable et régulière pour l’obtention de prestations sociales, qui ne fera que freiner l’insertion, en particulier des familles et des femmes.

La droite sénatoriale, avec le soutien des centristes, a augmenté de manière draconienne les exigences pour accéder au séjour et à la  nationalité : niveau de maîtrise de la langue française accru, « assimilation à la communauté française », respect des principes de la République, limitation des renouvellements de carte de séjour temporaire, etc. Même les arguments les plus utilitaristes, tels que les besoins de main d’œuvre dans les métiers dits en  tension, n’auront pas suffi à faire flancher leurs positions.

Leur acharnement, ainsi que celui du gouvernement, a été sans pareil concernant l’enfermement et l’expulsion des personnes exilées, pourtant déjà largement facilités par le projet de loi initial. L’intervention du juge des libertés et de la détention a ainsi été reculée de deux à quatre jours en rétention, permettant dès lors l’expulsion de personnes sans une décision judiciaire sur la légalité de l’interpellation et le respect des droits. Le texte a sanctuarisé « la double  peine », poursuivi le travail de mise à mal des catégories protégées contre les mesures d’expulsion et est même allé jusqu’à mettre fin aux protections contre les obligations de quitter le territoire français. Les demandeurs d’asile pourront eux aussi se retrouver en rétention avant l’enregistrement de leur demande selon ce texte. Malgré une minorité parlementaire soucieuse du respect de la dignité des personnes exilées dans notre pays, l’examen du Sénat a fait sauter des digues que nous pensions jusque-là infranchissables. Loin d’empêcher ce défouloir répressif, le gouvernement l’a tantôt encouragé en déposant lui-même certains amendements déshumanisants, tantôt laissé faire par des mal-nommés avis de « sagesse » qui ont permis un déferlement de restrictions des droits existants.

Nos associations, collectifs et syndicats ne peuvent se résoudre à ce qu’une partie de la représentation nationale se prête à un acharnement aussi déraisonné que dangereux pour les personnes exilées. Face aux fantasmes auxquels une majorité de sénateurs et sénatrices a donné libre cours, nous appelons les citoyens et citoyennes à se mobiliser et les député·es à un sursaut de lucidité pour que le seul cap à tenir soit celui de l’humanité, de la dignité et de l’égalité des droits.

Organisations signataires

Anafé, ANVITA, ARDHIS, CCFD-Terre Solidaire, Centre Primo Levi, Cimade, CRID, Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry-sur-Seine (CTSPV 94), Dom’asile, Droit à l’école, Emmaüs France, FASTI, Fédération de l’Entraide Protestante (FEP), FORIM, Groupe Accueil et Solidarité (GAS), Gisti, Humanity Diaspo, J’accueille Singa, JRS-France, Ligue de l’Enseignement, LDH, Médecins du Monde (MDM), Observatoire international des prisons – section française (OIP-SF), Pantin Solidaire, Paris d’Exil, RESF93, Secours Catholique Caristas France, Sidaction, SINGA, Solidarité Asie France, Thot, Tous migrants, Union des Étudiants Exilés, Union syndicale Solidaires, UniR, Utopia56

A l’occasion du début de l’examen au Sénat du projet de loi « pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration », le FORIM a participé le 6 novembre 2023 à plusieurs évènements de sensibilisation de plaidoyer aux cotés des organisations réunies autour de Vox Public pour contester ce texte juridique.

Dans la matinée, une conférence de presse a réuni une cinquantaine de représentant.e.s issues de la société civile engagé.e.s en faveur des droits des migrant.e.s pour débattre autour de l’actualité juridique. La conférence de presse a permis de mettre en avant la parole des personnes migrantes directement concernées par ce projet de loi (collectifs de sans-papiers, associations de réfugié.e.s et d’exilé.e.s) dont la voix reste peu audible dans le débat public. Un communiqué de presse a été coconstruit par les organisations signataires, parmi lesquelles le FORIM, pour contester ce projet de loi qui met en péril les droits des personnes migrantes.

Afin que la contestation soit visible par les sénateur.ice.s décisionnaires sur l’adoption de ce projet de loi, un rassemblement a été organisé devant le Sénat à la suite de la conférence de presse, en présence d’élu.e.s également opposé.e.s à cette évolution juridique.

Par ces actions de sensibilisation et de plaidoyer, le FORIM souhaite faire entendre la voix des diasporas qui s’opposent à l’adoption de ce projet de loi. Celui-ci marque une nette régression pour les droits des personnes migrantes, notamment en matière d’accès aux soins de base et aux droits fondamentaux. Une note de positionnement précise les principaux axes du refus du FORIM de ce texte de loi, notamment en raison de l’instabilité des conditions de travail et des inégalités d’accès aux droits qu’il génère, ainsi que la déshumanisation de la politique de coopération internationale qu’il consacre.

Ainsi, le FORIM s’allie aux membres de la société civile pour défendre un autre regard sur la migration, actuellement minoritaire dans le débat public, en vue de construire une société plus égalitaire et respectueuse de toutes ses composantes, sans discrimination liée à l’origine ou la nationalité.

« L’histoire personnelle de la migration de chacun et chacune fait partie de l’histoire globale des migrations ». C’est l’une des phrases marquantes que nous pouvons retenir de l’atelier d’échange mené par le FORIM et le REF – Réseau Euromed France lors de la rencontre annuelle du projet «  Place aux Jeunes ! » qui s’est tenue le 28 septembre dernier. L’atelier avait pour thématique « la transmission intergénérationnelle de l’histoire migratoire dans les organisations diasporiques ». La question au cœur de l’échange était : comment déconstruire les préjugés liés aux engagements des jeunes et qui limitent la transmission dans les organisations des diasporas ? L’objectif, par des témoignages regards-croisés, était de décrypter et valoriser les pratiques des OSIM dans la transmission des mémoires diasporiques, mais aussi dans l’intégration des jeunes dans leurs structures.

Trois jeunes l’association Nostalgia du Cabo-Verde (NDCV) et de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), membres du réseau FORIM, ont partagé les origines de leurs engagements ici et là-bas. Des similitudes n’ont pas tardé à apparaitre dans leurs discours, que ce soit l’envie de retrouver un sentiment de communauté auprès de jeunes aux parcours proches, le souhait d’aider des compatriotes dans les démarches d’insertion, de garder contact avec le là-bas, ou encore la persévérance à garder le lien avec l’histoire et les souvenirs de leurs parents. 

Témoignages de jeunes engagé.e.s

Pour Emilie, seule enfant de sa famille née en France, l’île lui était familière du fait des voyages effectués en vacances. Mais elle cherchait désormais à connaitre les opportunités, notamment de travail, présentes sur l’île. Le chantier jeunesse (financé par le dispositif JSI VVSI du Fonjep et parrainé par la Fédération Des Associations Capverdiennes De France – FACF et le FORIM) auquel elle a participé avec 9 autres jeunes capverdiens lui a permis de découvrir une autre facette de son pays. Le groupe avait pour objectif d’identifier les opportunités d’emplois et d’études supérieures au Cap Vert et d’échanger avec les différents acteurs du monde de l’insertion professionnelle. Ils et elles ont eu l’opportunité de rencontrer des ministres mais surtout d’organiser l’événement phare de l’association NDCV, le salon « Croyez en vous », sur le sol capverdien. Cet événement a clôturé leur séjour dont ils reviennent tous et toutes changé.e.s et grandi.e.s personnellement et professionnellement. Le Cap-Vert fait désormais partie de leurs possibilités d’avenir et ils souhaitent continuer à y apporter leur contribution. La transmission reste au cœur de leur approche : après avoir été accueillis dans la famille NDCV par les « anciens » (membres fondateurs ayant créé l’association en 2015, dans leurs vingtaines), ils envisagent actuellement d’accompagner de nouveaux jeunes à réaliser des chantiers similaires et pérenniser le projet.

La « double absence1 » C’est un sentiment décrit par Gada, jeune étudiante arrivée en France en 2020 depuis la Tunisie, œuvrant au sein de la FTCR, qui représente bien la position des diasporas. « On n’est pas ici et on n’est pas là-bas ». Elle a cherché à combler cela par une double présence ici et là-bas. Face aux difficultés administratives qu’elle avait elle-même rencontré, elle a décidé d’accompagner ses compatriotes dans la même situation. Ces missions d’assistance linguistique, d’aide juridique et aux procédures, lui permettent de concrétiser son engagement dans le double espace.

« Les jeunes nous rejoignent avec plaisir car nous sommes une famille » présente Virginie, qui approchant de la quarantaine s’est rendu au Cap-Vert pour la première fois avec sa fille, cet été. Impliquée au sein de NDCV, elle a présenté l’exemple de l’association qui a réussi à se renouveler au fil des années. L’association fut créée en 2005, par un groupe d’amis souhaitant valoriser la culture capverdienne. Grâce à des thématiques intéressant les jeunes, tels que le théâtre, la danse, la musique, et leur salon professionnel organisé maintenant à 3 reprises, l’association a réussis à capter un vivier de jeunes qui auparavant disparaissaient du monde associatif à partir des études secondaires. Les « jeunes » de l’époque sont maintenant les « anciens » qui continuent à transmettre l’histoire du Cap Vert aux nouvelles générations, les aident à connaitre le pays, connaitre la langue et découvrir le potentiel de l’île.

Les mots du CSSSE ont résumé l’importance pour les jeunes des diasporas de s’approprier l’histoire de France à laquelle leurs anciens ont contribués. A travers des visites de Devoir de Mémoire au Panthéon et à la Cité de l’Immigration, il était important pour l’association de montrer la diversité de différents parcours migratoires, les migrations d’hier et celles d’aujourd’hui, et les richesses de leur pays d’accueil et d’origine. « Les jeunes nés en France doivent s’approprier une histoire de France qui leur appartient et les concerne car leurs ancêtres ont parfois beaucoup donné pour le pays ». Les participants des visites se sont interrogés sur le silence de leurs parents quant à leurs parcours migratoires. « Nos parents gardent toujours des séquelles d’avoir quitté leurs pays », précise Virginie de la NDCV durant l’atelier, expliquant peut-être ces silences. De leur côté, les jeunes Capverdiens côtoyant la nostalgie de leurs parents, concluent avec ces mots : « Nos parents nous disaient que le pays leur manquait, nous sommes allés voir pourquoi et maintenant nous comprenons ». 

Ces différents témoignages et l’ensemble des échanges de cette journée, on permit de comprendre les dynamiques d’engagement des jeunes et les moyens pour les associations d’encourager et d’accompagner ces engagements. 

Les exemples d’intégration des jeunes, de considération de leurs attentes et compétences, de soutien dans leurs projets, tels que l’ont fait la FACF et NDCV, sont des exemples qui peuvent inspirer d’autres diasporas.

Le FORIM est membre du consortium du projet « Place aux Jeunes ! » qui vise à renforcer et transversaliser la place des jeunes dans les organisations de solidarité internationale. Le projet porté est par Engagé.e.s & Déterminé.e.s et financé par l’Agence française de développement.

1(2000). Sayad Abdelmalek, La double absence. Des illusions de l'émigré aux souffrances de l'immigré, Paris, Le Seuil, coll. "Liber", 1999. Politix, 49, 163-169. https://doi.org/10.3406/polix.2000.2142

Les diasporas, par leur double appartenance socio-culturelle aux pays de résidence et aux pays d’origine, sont au cœur des tensions actuellement observées entre la France et certains pays du Sahel.

Dans ce contexte, et parce que leur pleine appartenance au double espace doit être affirmée, les diasporas réunies autour du FORIM, réseau des diasporas solidaires, souhaitent porter un message clair et simple : promouvoir la culture de paix et maintenir des relations transnationales entre les pays.

Impulsées par cette dégradation des relations diplomatiques entre la France et certains États sahéliens, deux soirées-débats organisées par le FORIM en février et septembre 2023 ont permis aux membres mobilisés sur cette thématique de dégager des principes fondamentaux qui font consensus en temps de crise politique ou institutionnelle, quelle que soit la région du monde concernée :

Ces soirées-débats organisées par le FORIM ont vocation à être poursuives afin de proposer un espace d'échange et de partage d’expériences ouvert entre les diasporas mobilisées ici et là-bas en faveur de la coopération internationale et la défense des droits des personnes issues des migrations, malgré les crises que les pays d'origine de celles-ci connaissent actuellement.

Avec le soutien principal de l'Agence française de Développement

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