L’épidémie au COVID-19 draine dans ses sillons une vague de polémiques sur les intentions avérées ou supposées d’une destruction programmée de l’Afrique... Vrai ou faux ? Toujours est-il que le doute prépare à la vigilance et à l'alerte. Oui, malgré les prédictions de scénario catastrophe, force est de constater que l’Afrique s’en sort globalement mieux malgré des moyens très limités. Elle est en train de démontrer à la face du monde qu’elle peut prendre son destin en main et ne compter que sur elle-même avant tout.
Réveil d’un continent trop longtemps ankylosé dans la dépendance de relations ombilicales à intérêt unilatéral avec l’occident. L’histoire et la gestion de la crise pandémique renseignent sur sa capacité de résilience extraordinaire et son génie créateur. Innovation de solutions endogènes testées et reconnues.
Et le Sénégal fort d’une expérience antérieure de gestion, avec succès, de situations épidémiologiques a pris une longueur d’avance pour pouvoir faire face malgré la précocité de la présence des premiers cas sur son territoire.
Le Sénégal se situe à l'avancée la plus occidentale du continent africain dans l'Océan Atlantique, au confluent de l'Europe, de l'Afrique et des Amériques, et à un carrefour de grandes routes maritimes et aériennes. Un pays profondément ancré dans la diversité de ses cultures et traditions, mais généreusement ouvert au reste du monde. Le Sénégal renvoie aussi à des légendes telles que : Cheikh Anta Diop, Cheikh Ahmadou Bamba, Aline Sitoe Diatta, Djeubatt Mbodj et bien d’autres icones gardés jalousement dans les replis de l’histoire des résistances africaines. On ne peut évoquer le Sénégal sans faire une petite incursion au trio des chantres de la Négritude que sont Aimé Césaire (Martinique), Léon Gontran Damas (Guyane), Léopold Sédar Senghor (Sénégal). Ce dernier, premier président du Sénégal indépendant en 1960, poète, grammairien, fut aussi le premier Africain à siéger à l’Académie Française.
Dakar (550 km2), la capitale, est une presqu’île située à l’extrême Ouest.La ville de Dakar (en wolof : Ndakaaru) est la capitale de la République du Sénégal et de la région de Dakar. Elle compte 1 056 0091 habitants sur les 3 630 000 habitants (estimation 20182) que compte l'ensemble de la région de Dakar.
C'est une des quatre communes historiques du Sénégal et l'ancienne capitale de l'Afrique-Occidentale française (AOF). N'occupant que 0,28 % du territoire national, la région de Dakar regroupe sur 550 km2, 25 % de la population et concentre 80 % des activités économiques du pays3. (Source Wikipédia)
Population (Projections 2020)
16 705 608
Population totale des femmes
8 391 358
Population totale des hommes
8 314 250
Superficie (km2)
196 712
Densité (Nbre d’hbts/km2) en 2020
85
Capitale
Dakar
Croissance économique
PIB Annuel : 6,4% (2018 - )
Production industrielle : -0,9% (Fév - 2020)
PIB Trimestriel : -0,5% (T4 - 2019)
Prix à la consommation
Taux d'inflation (2019) : +1,0%
Echanges extérieurs -Exportation : -42,8% (Fév - 2020)
Importation : -41,2% (Fé - 2020)
Prix à l'export : -0,5% (Fév - 2020)
Prix à l'import : -4,1% (Fé - 2020)
Population
Age moyen de la population : 19
Etat matrimonial et nuptialité
Taux synthétique de fécondité : 4,93
Age moyen de procréation : 30,1
Proportion de célibataires (2013): 43%
Proportion de polygames (2013): 35,2%
Fécondité
- Taux brut de natalité (‰) : 36,5‰
- Taux global de fécondité (%) : 152‰
Mortalité
- Taux brut de mortalité (‰) : 6,8‰
- Espérance de vie à la naissance : 67,4 ans
Source : http://www.sante.gouv.sn/politique-de-sante/pyramide-de-sant%C3%A9
Le 1er cas (patient zéro – cas importé) est déclaré au Sénégal le 2 mars 2020. Le 11 mars, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qualifiait de « pandémie » l’épidémie de coronavirus Covid-19 qui sévissait partout dans le monde.
Les réponses gouvernementales
Dès le 23 mars 2020, l’état d’urgence est déclaré au Sénégal accompagné de couvre-feu de 20h à 6h et fermeture des frontières terrestres pour une durée de 21 jours dans un premier temps. S’en est suivie la suspension des vols internationaux vers et depuis le Sénégal jusqu’au 31 mai 2020. Un constat qui malheureusement fera des étrangers et des Sénégalais(e)s de l’extérieur des parias avec une stigmatisation cruelle qui hante encore les imaginaires. D’enfants prodiges, ces braves émigré(e)s sont devenu(e)s des pestiféré(e)s à la limite relégué(e)s au sort réservé au pangolin.
Le Fonds Force COVID-19 doté du montant initial de 1000 Milliards de FCFA a été dégagé par l’Etat du Sénégal pour venir en aide aux populations en difficulté et en support aux structures sanitaires, aux personnels soignants. Le fonds continue à être abondé par les bonnes volontés tous secteurs confondus. Des téléthons COVID sont organisés sur toutes les chaines de télévision pour participer à l’effort de guerre. Cette somme, aussi colossale qu’elle paraisse, correspond à peu près au montant transféré annuellement par la Diaspora Sénégalaise au pays.
Rappelons que La Diaspora Sénégalaise contribue pour plus de 1000 milliards de francs CFA (près de 1,5 milliard d’euros) par an à l’économie nationale, soit près du tiers du budget de l’État pour 2018. Selon la direction des Sénégalais de l’extérieur, qui dépend du Ministère des Affaires Etrangères, les sénégalais résidant à l’étranger n’ont jamais fait l’objet de recensement. Cependant, les immatriculations consulaires et les recensements généraux de la population permettent de faire des projections comprises entre 2,5 et 3 millions de Sénégalais établis à travers le monde.,
Une enveloppe de 12,5 Milliards de FCFA a été affectée à la Diaspora Sénégalaise pour faire face aux effets collatéraux de la pandémie et notamment à la situation économique catastrophique (chômage, perte d’emploi ou d’opportunité, maladie, décès, etc…). Les Sénégalais vivant à l’extérieur du pays vont donc bénéficier de 12,5 milliards FCFA dans le cadre la gestion des effets du coronavirus. L’annonce a été faite le jeudi 9 avril 2020 par le Ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, lors du point de presse quotidien du gouvernement sénégalais sur le Covid-19.
La capacité d’innovation de l’Afrique est énorme et face à l’épreuve inédite, les talents se libèrent et les ripostes s’organisent. Le Sénégal n’échappe pas à ce phénomène de la culture de la débrouille où l’ingéniosité prend le pas sur les moyens et offre ainsi un fort potentiel exploitable à l’échelle nationale, régionale et mondiale. Ce génie doit être boosté et accompagné pour en tirer tous les avantages au profit du progrès universel.
Dans son article du 13 avril, paru dans le Monde[1], Théa Ollivier, soulignait la grande capacité de résilience et riposte des populations face aux multiples défis. « Le Sénégal offre une histoire et une tradition remarquables en recherche et développement, en éducation et en riposte aux épidémies. L’Institut Pasteur de Dakar produit déjà un vaccin contre la fièvre jaune. Il est même l’un des quatre fabricants mondiaux avec pré qualification par l’OMS. Preuve que le lieu dispose d’un ensemble de compétences uniques qui s’étendent de la recherche à la production ».
[1] L’article complet pourrait être consulté ici : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/04/13/dakar-va-produire-des-tests-rapides-de-depistage-du-coronavirus-a-moins-d-un-euro_6036469_3212.html
TEST à moins de 1 euros
Dans le même article, le professeur Sall de l’institut Pasteur de Dakar de revendiquer la chance historique de l’Afrique en ces termes : « la capacité d’innovation est énorme en Afrique » et il est primordial « d’augmenter la production locale sur le continent », revendique le professeur Sall, fier de contribuer au niveau mondial à la lutte contre cette pandémie. « Nous produisons en fonction de la demande pour éviter les pertes, localement au Sénégal avec une main-d’œuvre moins chère et une proximité des lieux …».
Ces tests du Covid-19 devront coûter moins d’un euro, soit « 5 à 20 fois moins chers que les tests moléculaires actuels », estime M. Diagne.
Une autre initiative révolutionnaire en cours pourrait être une innovation majeure au profit de l’Afrique et du reste du monde : Quatre enseignants-chercheurs Sénégalais fabriquent un respirateur artificiel
Quatre enseignants-chercheurs du Sénégal travaillent sur la mobilisation de leurs expertises et savoir-faire pour trouver des alternatives aux manques criants de moyens permettant faire face aux cas critiques du COVID. Ces enseignants-chercheurs qui servent à l’Ecole Polytechnique de Thiès ont créé un prototype de respirateur artificiel qui pourrait aider le Sénégal à éviter le pire en cas de multiplication de cas sérieux de Covid-19.
Cas des 13 Sénégalais bloqués à Wuhan
Déjà dès le 05 février, RFI titrait dans un reportage[1] : « Polémique au Sénégal sur le non rapatriement des étudiants confinés à Wuhan »
Le Sénégal a donc été très tôt confronté à l’épidémie du Coronavirus, qu’il a vécu par procuration bien avant son premier cas déclaré, importé de France (patient zéro), puis d’Angleterre et d’Italie. D’où la hantise des populations de tout ce qui vient d’Europe.
En effet dès le début du mois de février, 13 étudiants(e)s vivant en chine et plus précisément à Wuhan lançaient l’alerte et demandaient par l’intermédiaire de leur famille à être rapatriés au Sénégal. Beaucoup d’encre et de salive ont coulé pour laisser place à des positionnements politiques et des critiques acerbes envers les autorités qui après tergiversation avaient finalement pris la décision de non rapatriement des 13 étudiant(e)s contrairement à la France et beaucoup d’autres pays Européens. Cette mesure s’est avérée par la suite être une sage décision. En effet tous les pays qui avaient cédé à la panique en affrétant des vols pour rapatrier leurs ressortissant(e)s, même avec des mesures de quarantaines systématiques ont connu des vagues incontrôlées de cas sous les formes les plus graves.
Des mesures préventives ont été prises à temps pour certains et pour d’autres, la fermeture des frontières a mis du temps à être effective. Ce qui a engendré une vague de cas importés au nombre desquels des Sénégalais de l’extérieur.
Toujours est-il que toutes ces décisions prises ont eu des dégâts collatéraux sur certaines catégories de populations. Les migrant(e)s n’y ont pas échappé. Certains sont bloqués dans les frontières du Maroc, de la Lybie, de l’Algérie dans des conditions extrêmement difficiles et ne pouvant faire demi-tour pour rentrer au Sénégal.
[1] Lire le reportage : http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200204-senegal-polemique-non-rapatriement-etudiants-wuhan-chine-coronavirus
Face à la pandémie du Covid-19, plusieurs initiatives viennent renforcer les dynamiques de solidarité, dans les deux espaces. Les membres de la diaspora sénégalaise en France s’illustrent dans les aides d’urgence de proximité dans les quartiers et les foyers, mais aussi en faveur des familles au Sénégal.
On peut citer ici l'action citoyenne de la boutique "Barkatou" dans le 18ème arrondissement de Paris, qui a confectionné des masques en tissu pour les offrir aux habitants du quartier.
C'est également le cas de la boutique "Nassa Retoucherie", à Goussainville (95) qui a réalisé 500 masques qui ont été remis à la mairie.
100 masques pour Petit Quevilly et Blouses Blanches pour le CHU de Rouen
Solidarité Financières
En lien avec les communautés d’origine, on note la montée en puissance du cash-to-good avec livraison à domicile de courses achetées et payées en ligne par les Sénégalais de l’Extérieur, pour éviter à leurs proches les risques de contagion dans les marchés. De plus, la difficulté des circuits informels de transfert d’argent incite à renforcer les solutions de transfert en ligne (mobile Banking et autres), qui pourraient devenir des alternatives durables.
Interview et chronique réalisées par Khady Sakho Niang, membre du Comité de Suivi du Symposium sur les Sénégalais de l’Extérieur (CSSSE), présidente d’Africa-Europe Diaspora Development Platform (ADEPT), ancienne Présidente du FORIM
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
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