Nom officiel : Haïti, indépendante 1er Janvier 1804 suite à la victoire militaire des anciens esclaves face à l’armée de Napoléon le 18 Novembre 1803 (Bataille de Vertières). Située dans la Caraïbe, Haïti fait partie de Grandes Antilles occupant le tiers occidental de l’île, les deux tiers orientaux étant occupés par la République Dominicaine, indépendante d’Haïti en 1844.
Population : 10 981 000 habitants (Banque mondiale, 2017)
Densité : 398 habitants/ km² (Banque mondiale, 2017)
Croissance démographique : 1,22 % (Banque mondiale, 2017)
Espérance de vie : 63,3 ans (Banque mondiale, 2016)
Taux d’alphabétisation : 48,68 % (PNUD, 2005-2013)
Religion (s) : vaudou et 55 % catholiques, plus de 40 % protestants
Indice de développement humain : 0,498 - 168e (sur 189 pays, source PNUD rapport 2018)
Superficie : 27 560 km² (Banque mondiale)
Capitale : Port-au-Prince
Langue (s) officielle (s) : le créole et le français
Monnaie : la gourde haïtienne (HTG)
Les défis structurels d’Haïti sont connus et soulignés par plusieurs publications. On y lit : « Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant de 756 $ en 2019 et un indice de développement humain le classant 169 sur 189 pays en 2019. Selon l’indice de capital humain, un enfant né aujourd'hui en Haïti a un potentiel à l’âge adulte évalué à 45% de ce qu’il aurait pu avoir s’il avait bénéficié d’une éducation et d’une santé complètes. La dernière enquête sur la pauvreté (2012) informe que plus de 6 millions d’Haïtiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté avec moins de 2.41 $ par jour, et plus de 2.5 millions sont tombés en-dessous du seuil de pauvreté extrême, ayant moins de 1.23 $ par jour. » (Banque Mondiale, 11 Mai 2020, banquemondiale.org)
Il faudrait ajouter à ce triste tableau la dégradation de l’investissement expliquée par le niveau élevé des risques. Une violence endémique des groupes armés, notamment autour de la capitale est entretenue par des factions politiques qui terrorisent les populations. Le niveau d’insatisfaction des populations déçues des promesses des dirigeants a entrainé un mouvement de contestation amorcé en 2019 appelé « peyilok » (lock out) caractérisé par la fermeture de nombreuses entreprises, la paralysie des activités commerciales et de l’économie informelle. En conséquence, le PIB s'est contracté de 0,9% en 2019 ; le pays fait aussi face à une dépréciation monétaire rapide (près de 25 % par an), des taux d’inflation élevés (près de 20%). L’administration discréditée montre son incapacité à collecter les recettes. Malgré cette difficulté, le gouvernement subventionne les produits énergétiques estimés à 6.5% du PIB en 2019, un lourd fardeau budgétaire.
Haïti sort à peine des effets désastreux du cyclone Matthew estimés à 32% du PIB de 2016, notamment dans la Grande Anse. Sur quel levier l’économie haïtienne aurait-elle pu s’appuyer pour répondre à ces défis ? Le tourisme ? Mais les visiteurs sont de moins en moins intéressés en raison de l’image négative d’Haïti à l’extérieur. Le cholera y a contribué pour partie. La dépendance d’Haïti vis-à-vis de l’ONU, renforcée par l’état de la corruption ne tend pas à diffuser les élans locaux porteurs d’espérances. Et l’agriculture ? Elle est mise à genoux par les effets de la politique de libéralisation économique engagée depuis les années 80. Le non-soutien aux agriculteurs dépourvus de moyens financiers, technologiques, matériels, considérés comme étant les producteurs pauvres, se traduit par la dépendance d’Haïti envers l’importation de produits soit de la République Dominicaine, soit des Etats-Unis d’Amérique. 852 millions de dollars d’exportation pour la République Dominicaine contre 36 millions pour Haïti. (www.loophaiti.com) L’agriculture s’accompagne également de la migration massive vers la République Dominicaine et vers les sites d’accueil nouveaux tels le Chili, le Brésil, le Mexique. La majorité de la population dont plus de la moitié est âgée de moins de 21 ans se trouve forcée de fuir la misère. La Covid-19 ajoute à cette situation : la situation alimentaire se dégrade et les risques de famine sont une source d’inquiétudes supplémentaires.
Selon la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), 40% de la population est aujourd’hui en insécurité alimentaire. « Le coût nominal moyen du panier alimentaire, en mars 2020 se situe autour de 1,960 gourdes par personne par mois avec une hausse de 25% en rythme annuel » selon les données fournies par la CNSA dans son bulletin d’avril 2020. Un ménage de 5 personnes en Haïti aurait besoin en moyenne de 11,006 gourdes pour accéder aux aliments de base.
Les Haïtiens ont une relation ambivalente à la pandémie du covid-19. Reconnaissant au gouvernement sa capacité imaginative, ils sont nombreux à le soupçonner d’avoir inventé la Covid-19 comme source de prédation des ressources au profit d’une clientèle. Ils s’en prennent, dans certains quartiers, à des agents de la santé publique venus installer des centres de traitement du covid-19. Ils menacent de lyncher toute personne qui serait contaminée. Malgré la campagne de sensibilisation engagée par de nombreux acteurs (société civile, autorités publiques, fondations, autorités religieuses.), les populations haïtiennes se montrent incrédules, n’hésitant pas à châtier leurs compatriotes contaminés). Cette peur d’être accusée d’avoir instillé le mal a nui à l’identification des individus contaminés. Qu’est ce qui explique cette méfiance des populations ?
La première remonte aux faiblesses congénitales de la présidence actuelle. Doté d’une faible légitimité issue de la distance prise par les Haïtiens avec la politique, le président haïtien Jovenel Moïse n’a pu redonner confiance aux Haïtiens qui ont cru à ses promesses de transformer leurs conditions de vie par une politique incitative de création d’emplois et de relance des investissements. La deuxième raison de la méfiance est la tergiversation du pouvoir depuis les trois années de son règne, sans réponse face aux défis des populations : jugement des ministres, présidents de la République et premiers ministres soupçonnés de détournement des fonds de Petro Caribe, (un fonds estimé à 3.8 milliards de dollars dans le cadre d’un accord avec le Venezuela de 2006 à 2017), mise en œuvre d’une politique qui prenne en compte les souffrances physiques et cognitives des populations, rupture avec la politique de captation des ressources de l’Etat en faveur d’une tribu aux pratiques mafieuses.
La troisième raison de la méfiance des populations : c’est l’importance désormais accordée à la santé chez les Haïtiens. Ils pointent du doigt le gaspillage et les mauvais choix qui ont guidé les différents gouvernements de 2006 à 2016, bénéficiaires de la manne pétrolière du Venezuela. Pour les Haïtiens, celle-ci aurait pu être mobilisée à la construction de centres hospitaliers modernes qui auraient pu faire face avec efficacité au covid-19. Cette absence de politique publique en matière de santé n’est pas étrangère aux attitudes des élites dirigeantes haïtiennes. En l’absence d’une politique sociale née de la loi du 10 octobre 1949 sur la sécurité sociale, le filet de protection sociale n’est pas garanti à tous les Haïtiens. Ainsi, les Haïtiens ne seraient plus des citoyens égaux. Ils seraient plutôt insérés dans un ordre social deshumanisant qui intègre l’indécence de la misère à une politique insolente du mépris. Et pour preuve : malgré les mesures barrières, les Haïtiens se sont inscrits en grand nombre à l’Office National d’Identification en vue d’obtenir leur carte électorale.
L’auto-protection et le recours aux solutions locales
Ce sont ces défaillances qui sans doute motivent les populations haïtiennes à s’auto-protéger. Elles se fabriquent leurs propres masques, installent des seaux d’eau javellisés à l’entrée de leur domicile (alors que l’accès à l’eau est couteux), revisitent les pratiques de solidarité communautaire, pour celles qui croient dans le caractère réel de la pandémie. De plus, elles souhaitent elles-mêmes définir leur propre médication, avant même la demande exprimée par le président haïtien à son homologue malgache (tisanes d’armoise, de gingembre, d’aloe vera, d’oignons, d’ail, de rhum…) posant par hypothèse que l’épidémie qui les terrasse est d’origine extérieure ; par conséquent, elle est objet d’un traitement spécifique à l’histoire politique d’Haïti forgée dans les fers de l’esclavage.
Deux épidémies ont marqué les Haïtiens récemment et les ont portés à considérer leurs origines extérieures dans une relation de reproduction de l’humiliation : le VIH sida et le choléra. Les victimes en ont subi le même traitement que celles qui sont contaminées du covid-19 : le mépris, la stigmatisation. La crise sanitaire qu’a connue Haïti dans la période contemporaine-antérieure au covid-19 est le résultat des initiatives rachitiques qui contrastent avec les besoins des populations en matière de santé.
La crise sanitaire du Covid-19, annonciatrice de profonds bouleversements s’accompagne d’un malaise qui alimente les hypothèses les plus alarmistes sur le projet d’un monde amputé de ses objets embarrassants : des Indiens exterminés par l’aventure de Christophe Colomb, des Noirs d’Afrique projetés sur des territoires d’Haïti jusque-là ignorés, des migrants haïtiens refoulés des Etats-Unis (61 le 7 avril 2020, 50 le 14 mai 2020). Cette description rappelle l’ordre actuel de la séparation, de la distinction. Plus que la distinction, c’est plutôt l’ère de la survie. Survivre à la pandémie du covid-19 est une urgence de l’instinct. Mais la survie ne va pas sans réfléchir à la faiblesse et à la qualité des structures de santé d’Haïti qui rend compte du modèle de société : ni un Etat minimal limité à la protection contre le vol, l’escroquerie et la violence, ni un Etat-providence protecteur des droits sociaux et du bien-être collectif. Ainsi, la Covid-19 est révélateur du niveau d’incapacité de l’Etat haïtien à répondre aux défis de la crise sanitaire : distribution et disponibilité de l’eau aux populations, distribution de savon ou de gel hydro alcoolique et de masques, adoption de mesures-barrières, mesures de confinement, état d’urgence sanitaire…
Faute de se montrer à la hauteur des enjeux, le pouvoir de Port-au-Prince s’inspire des mesures envisagées en Occident. Leur irréalisme saute aux yeux comme si Haïti dispose autant d’atouts que les sociétés occidentales. Mais cette tentation ne vise qu’à noyer le poisson, qu’à cacher les incompétences, les irresponsabilités, les défaillances, l’impéritie haïtiennes. (Voir encadré de l’évolution du covid-19 en Haïti).
Les mesures préventives envisagées par le gouvernement n’ont pas été suivies par les populations. Au cours de la phase 2 ainsi appelée par les autorités gouvernementales, des recommandations adressées aux Haïtiens de rester chez eux, de limiter leurs déplacements n’ont pas été respectées. La mise en quarantaine des individus provenant des zones à risque, l’affluence des passagers dans les transports publics, le non-respect du confinement pour des raisons de survie… rendent compte d’un déficit d’adaptation à la réalité locale. Les promesses du gouvernement d’assurer la prise en charge salariale de 60.000 ouvriers des usines de la sous-traitance, du personnel médical, de 100.000 professeurs, d’allouer 27 dollars américains aux familles les plus vulnérables, de distribuer massivement des masques… ne sont pas encore traduites dans les faits. Il est vrai, quelques familles ont reçu un kit contenant 10kg de riz, 2 sachets de spaghettis, 2 boites de saumon, 2 sachets de pain dans les quartiers de Tabarre, de Delmas.
Quant à l’évolution de la pandémie, elle semble franchir un autre pas. Selon les derniers chiffres disponibles le 21 mai 2020, 600 cas de contamination du coronavirus étaient enregistrés. Les personnes testées positives sont au nombre 663, pour 22 décès enregistrés, 21 cas de guérison et 620 cas actifs. Mais où se faire soigner quand on est contaminé ? Il est difficile de répondre.
Ce qui suscite inquiétudes et angoisses c’est l’absence d’informations sur les lieux des centres de traitement du covid-19. Sans doute, cette information est-elle volontairement lacunaire. En effet, les populations locales s’opposent violemment à tout projet d’implantation des centres de traitement. Les campagnes de sensibilisation assez tonitruantes sur cette attitude démentielle et déraisonnable de certains individus n’y ont rien changé.
Par ailleurs, les numéros d’appel 2020 publiés par le Ministère de la Santé Publique, destinés aux contaminés du covid-19, sont sans réponse. En outre, on ne sait pas à quels établissements hospitaliers sont affectés les matériels commandés d’une valeur de 4.5 milliards de gourdes. Alors qu’ « Haïti dispose désormais, de 1.000 lits complets, 1.5 millions de masques chirurgicaux, 200 mille N95, plus de 249 mille lunettes de protection, 250 mille visières, 100 charriots pour les respirateurs et 100 respirateurs artificiels avec accessoires. »
12 mars 2020 : réalisation des tests de dépistage dans les aéroports selon le gouvernement. Aucun cas de covid-19 en Haïti.
13 mars 2020 : mise en place d’une task force en prévention de la pandémie.
17 mars 2020 : mise en place d’un centre d’informations permanentes sur le Corona virus.
18 Mars 2020 : fermeture des usines de sous-traitance, des centres de formation professionnelle, des universités. Un cas de suspect mais non confirmé. Des individus armés de machettes tentent de lyncher l'enseignant de l'Université Henry Christophe, suspecté d’être contaminé. Mise en quarantaine d’une soixantaine de personnes qui étaient en contact avec le suspect.
Couvre-feu applicable sur le territoire national entre 20h et 5h. Conseil des Ministres spécial sur le traitement du covid-19. Formation d’un Comité scientifique chargé d’éclairer les décisions du gouvernement
Annonce gouvernementale portant sur la livraison des masques, des gants, des médicaments, des solutés et autres fournitures médicales nécessaires ; sur la mise en quarantaine des individus provenant des zones à risques.
19 mars 2020 : Etat d’urgence sanitaire.
22 mars 2020 : 6 cas de COVID-19 confirmés. 4 nouveaux cas ont été confirmés le 21 mars après les tests du laboratoire nationale sur les cas suspects.
23 mars 2020 : publication des mesures barrières à respecter.
25 mars 2020 : interdiction d'atterrissage des vols en provenance des zones rouges et affectées, à l'exception des États-Unis et Cuba, fermeture de la frontière terrestre d'Haïti avec la République Dominicaine
27 Mars 2020 : prolongation d’un délai de 3 mois accordé aux entreprises de s’acquitter de leurs redevances fiscales.
30 mars 2020 : la COVID-19 présente dans 4 départements. Les Haïtiens boudent les mesures-barrières, les principes d’hygiène et de distanciation sociale et ne limitent pas leurs déplacements.
Le gouvernement a sollicité un don d'un million de masques des entreprises haïtiennes. De plus une commande de 10 millions de masques est prévue. Quatre entreprises haïtiennes ont repris partiellement leurs activités en vue de production de masques. Trois autres usines pour la production d'autres matériels médicaux dont des blouses pour le personnel médical. Le chef du gouvernement a expliqué que ces masques seront distribués gratuitement par l'intermédiaire des municipalités, des collectivités territoriales et d'autres entités de l'État.
Promesse du président de la République de distribuer des rations alimentaires pour I million de familles sous contrôle du Commissaire du gouvernement à Delmas et à Tabarre. Et promesse de prise en charge salariale de 60.000 ouvriers de la sous-traitance, du personnel médical, de 100.000 enseignants, professeurs d’Universités.
2 Avril 2020 : Les laboratoires Pharmatrix et 4C produisent de la chloroquine en sirop et en comprimé pour le gouvernement « qui les distribue au système sanitaire. »
7 avril 2020 : Une nouvelle commission dite multisectorielle de gestion de la pandémie du Covid-19 a été installée par le Président Jovenel Moïse.
9 avril 2020 : En une semaine Haïti est passé de 16 à 30 cas confirmés de covid-19. Hausse également des décès avec 2 morts. 68 personnes sont en quarantaine hospitalière et 664 à domicile.
16 avril 2020 : Le gouvernement autorise la reprise des activités des entreprises du secteur des textiles. Plus de 58 000 ouvriers notamment à la Sonapi, à Codevi et à Caracol sont concernés par cette reprise
17 avril 2020 : 108 détenus ont été libérés dans le cadre des dispositions spéciales liées à la crise du corona virus. Le chef du parquet de Port-au-Prince assure qu'aucun « bandit » accusé d'implication dans des crimes, assassinats, kidnappings et viols n'ont bénéficié de ces dispositions.
20 avril 2020 : Etat d’urgence sanitaire prorogé. Couvre-feu instauré.
23 avril 2020 : Le chargé d'Affaires de l'Ambassade de la République de Chine (Taïwan) en Haïti, M. Chi-Chih Shin, a fait un don de 7 caméras thermiques et d'un lot de 100 000 masques dans le cadre de la lutte contre le coronavirus en Haïti.
27 avril 2020 : don de 75.500.000 dollars américains du gouvernement américain à Haïti. Par le biais de l'USAID, le peuple américain fournit également 13,2 millions de dollars supplémentaires pour soutenir les efforts haïtiens de communication sur les risques du COVID-19, l'amélioration de l'eau et de l'assainissement, la prévention des infections, la gestion des cas, entre autres.
19 mai 2020 : Deux mois après le début de la pandémie, le nombre de cas confirmés de corona virus a déjà franchi la barre symbolique des 500. Le département de l'ouest, qui concentre plus de 80% de l'activité financière, est l'épicentre de la pandémie. L'Ouest compte 396 personnes infectées et 12 décès.12 communes sur 20 comptent au moins 1 cas de contamination. La capitale Port-au-Prince, arrive en tête avec 109 personnes infectées et 3 décès, suivie de Delmas 102 personnes infectées et 2 décès, Pétion ville 87 personnes infectées et 1 décès, Tabarre et Croix des Bouquets avec 30 personnes infectées chacun et 2 décès pour Croix des Bouquets.
21 mai 2020 : publication du décret présidentiel fixant les règles générales de protection de la population. Article 13.- « Toutes formes de stigmatisation et de discrimination sont interdites sous peine des sanctions prévues par la loi. » Article 8 «Le port du masque de protection ou d'un équipement de protection individuelle… est obligatoire pour toute personne se trouvant ou circulant sur la voie publique, sous peine de trois mille (3,000.00) gourdes d'amende, de cinq (5) jours d'emprisonnement ou de quinze (15) jours de travail d'intérêt général à déterminer par le Conseil Municipal »Article 5.- Le conducteur est autorisé à refuser l'accès du véhicule ou du matériel de transport à toute personne qui refuse de porter un masque de protection ou un équipement de protection individuelle protégeant au moins la bouche et le nez ou qui ne se conforme pas aux autres mesures de lutte contre la pandémie / épidémie adoptées par Arrêté pris en Conseil des Ministres. »
Séances de formation aux précautions à appliquer et à la bonne utilisation du port des masques à divers groupements d'agriculteurs/trices, de marchand.e.s et d'habitant.e.s de sections communales de Fort Ogé, Calvacher, Orangers, Berry..
L’association Rêvons Pour Haïti, membre de la PAFHA, s’est engagée auprès des acteurs locaux par les actions suivantes :
- Campagne de sensibilisation pour application des gestes barrières
- Décontamination de l’eau pour favoriser le lavage des mains (Gardien dlo).
- Fabrication et distribution des masques dans différents centres de santé à Leogane.
La communauté haïtienne de France a été frappée par le deuil. On dénombre plus d’une centaine de victime du coronavirus dont l’âge se situe entre 50 et 80 ans appartenant aux communautés évangéliques, les taxis, les entrepreneurs…
Venir en aide à la communauté haïtienne de France
Pour faire face à la situation de crise créée par la covid-19, la PAFHA (Plateforme d’Associations Franco-Haïtiennes), ses associations membres, ses partenaires et les églises de la communauté haïtienne de France ont mis en place les dispositifs suivants :
« Vous souhaitez nous aider !
Participer à notre action en venant déposer conserves, riz, pâtes dans notre boite à donations. »
Madagascar va envoyer le Covid-Organics en Haïti pour lutter contre le coronavirus
La Covid-19 rapproche Haïti et Madagascar. Dans une vidéoconférence, les présidents haïtien Jovenel Moïse et malgache Andry Rajoelina se sont mis d’accord sur l’envoi en Haïti d’un stock du médicament baptisé Covid-Organics utilisé à Madagascar dans la lutte contre le coronavirus. Les scientifiques des deux pays vont aussi travailler ensemble à approfondir les recherches sur la pandémie.
Aide apportée par la Banque mondiale
La Banque mondiale se tient prête à soutenir ses partenaires en Haïti au cours de ce moment difficile. Un projet de réponse rapide au COVID-19 d’un montant de 20 millions de dollars a déjà été approuvé pour Haïti. En plus du financement d'urgence au secteur santé, un soutien est fourni à d'autres secteurs critiques en reprogrammant les ressources existantes, notamment dans l'agriculture, l'éducation, l'eau et l'assainissement. À l’avenir, la Banque mondiale envisage également d’autres initiatives pour soutenir les efforts du pays en faveur de la reprise économique, de la résilience et de la protection de la population vulnérable. https://www.banquemondiale.org/fr/who-we-are/news/coronavirus-covid19
Le FMI approuve une aide de 111,6 millions de dollars en faveur de Haïti
Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé vendredi le versement d'une aide d'urgence de 111,6 millions de dollars en faveur de Haïti pour lutter contre la pandémie de coronavirus. « Le soutien financier du FMI fournit des ressources aux autorités pour les dépenses essentielles de santé et le soutien des revenus pour atténuer l'impact de Covid-19 sur la population », indique l'institution dans un communiqué.
Dans quel état se trouvent les hôpitaux aujourd’hui ? Sont-ils en état d’accueil des contaminés de la Covid19 ?
Haïti partageant l’ile d’Hispaniola avec la République Dominicaine compte de 12 millions habitants sur une superficie de 27.000km carrés. Elle dispose d’un faible système sanitaire qui ne peut pas répondre aux besoins exprimés par la population. Le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) divise le pays en 10 régions sanitaires. Chacun des départements est constitué de centres communautaires de santé (CCS) communément appelés dispensaires, de centres de santé, d’hôpitaux communautaires de référence coiffés par l’Unité d’Arrondissement de Sante (UAS), d’hôpital départemental et d’hôpitaux Universitaires. Avec un ratio d’un médecin pour 10,000 habitants et un budget national de 7,1%, le MSPP n’arrive pas à couvrir les besoins en santé de la population. La plupart des structures sanitaires du pays sont supportées par les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui travaillent dans le leadership, la gouvernance, le suivi et évaluation, la dotation en intrants et matériels et l’offre des soins.
L’apparition de la Covid-19 vient mettre à genoux un système déjà fragile qui n’arrive pas encore à offrir la santé primaire aux Haïtiens. Dépourvues de matériels et équipements et de plateau technique qualifié, les structures sanitaires du pays confrontent de sérieuses difficultés à assurer la prise en charge des patients atteints de corona virus. Le pays ne dispose que 60 ventilateurs et d’une cinquantaine de médecins anesthésistes -réanimateurs dont 85% travaillent à la Capitale. Haïti aura besoin de 7.000 lits pour soigner ces patients contaminés alors qu’elle ne dispose que de 125 lits capables de répondre aux principes de soins intensifs. Très peu de professionnels sont formés sur la prise en charge des complications majeures liées à la Covid19.
Comment la gestion de la pandémie est-elle assurée par les médecins ?
Compte tenu du faible investissement dans le secteur de la santé en Haïti, la grande majorité des hôpitaux du pays ne disposent pas de plateau technique suffisant et bien entrainé pour assurer la prise en charge des patients atteints de Covid 19. Sur la liste de 42 structures sanitaires présentées par le MSPP devant recevoir ces derniers, seulement 5 d’entre elles peuvent offrir ces services. Les cas suspects ou contaminés ont été transférés dans ces centres sanitaires où ils assurent leur traitement à travers le Centre Ambulancier National (CAN), la seule structure du MSPP devant assurer le transport des malades vers ces hôpitaux spécialisés. Pour cela, le MSPP a établi un protocole national de traitement qui se modifie avec le temps, étant donné que la Covid-19 est une pathologie émergente.
Comment les populations font-elles face aux défis de la pandémie ?
Cette pathologie a été mal accueillie par les collectivités haïtiennes qui affichent un certain refus d’appliquer les principes de prévention prônés par le gouvernement. Les mesures barrières sont loin d’être appliquées dans toutes les couches sociales du pays. Ce refus s’explique par l’origine ancestrale de rejeter tout ce qui vient de l’étranger colonisateur et par le manque de crédibilité des acteurs politiques au pouvoir qui souffrent de ce déficit de confiance des mandants. Les populations s’opposent de manière violente à la mise en place des structures Covid 19 pour les soigner. Parallèlement, elles ont recours à la médecine traditionnelle très prisée par l’emploi abusif et incontrôlé des feuilles en potions pour éviter d’éventuelles complications liées à cette pandémie.
Dr. Floris NESI, Médecin MD Obstétricien-Gynécologue, Médecin attaché à l’Hôpital Universitaire de la Paix / MSPP Haïti - Port-au-Prince. HAÏTI, Le 25 Mai 2020
(Dr. Floris NESI vit et travaille en Haïti).
Propos recueillis par Nikie ANDRE.
Chronique rédigée par : Jacques NESI, administrateur de la PAFHA (Plateforme d’Associations Franco-Haïtiennes) avec la collaboration de Mackendie TOUPUISSANT et Esther SAINT-VILLE
Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala
Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana
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