FORIM

Le 18 juillet 2021, à l'occasion de la Journée Internationale Nelson Mandela, le FORIM lance sa nouvelle campagne de communication "Du déclic...à l'impact !", avec la web-série "Madiba Stories", un ensemble de 9 courtes vidéos invitant à découvrir l'impact positif des migrations et le pouvoir d'agir des diasporas qui s'engagent, en France et ailleurs, pour les causes sociétales.

Les personnes issues des migrations continuent pour la plus part de subir les effets d'amalgame dues aux représentations négatives, exacerbées par certains discours médiatiques et politiques. Alors que les sentiments anxiogènes et xénophobes se propagent, nombreuses sont les contributions des diasporas, au quotidien et dans tous les champs d'action, aux sociétés d'accueil et d'origine sur des questions sociétales qui nous regardent toutes et tous : lutte contre les discriminations et le racisme, égalités des chances, vivre ensemble, justice sociale et environnementale, accès aux droits fondamentaux. Dans ce contexte clivant, il est nécessaire que les personnes issues des migrations prennent la parole pour affirmer et revendiquer leur citoyenneté, faire connaitre et reconnaitre leur pouvoir d'agir.

Par le biais de cette campagne et sa web-série "Madiba Stories", le FORIM entend rappeler l'importance de l'engagement citoyen des diasporas et invite à ouvrir les yeux, à changer de regard sur les migrations, à écouter la voix de celles et ceux qui ont tant à apporter aux combats d'intérêt commun.  Neuf épisodes racontent des trajectoires de vie, d'actions inspirantes, de témoignages d'engagement citoyen et mettent en lumière l'impact positif des migrations par la voix des personnes et associations lauréates des éditions 2017-2019 du PRIX MADIBA.

En se référant à la figure universellement reconnue de Nelson Mandela, cette campagne se veut être un message porteur d'inspiration : toutes les personnes, n'importe de quelle origine et provenance, au cours de leurs parcours personnels de vie, peuvent avoir  un "déclic" qui les pousse à passer à l'action, avec l'envie de générer un impact positif.

La web-série sera diffusée sur les réseaux sociaux du 18 au 27 juillet 202. Elle a été réalisée grâce au soutien principal de l'Agence Française du Développement, et la contribution financière de son partenaire Africa -Europe Diaspora Development Platform (ADEPT) dans le cadre du 2e projet « Support to Africa - EU Migration and Mobility Dialogue », financé par l’Union Européenne, ICMPD et la Direction du Développement et de la Coopération Suisse.



accédez à la web-série Madiba Stories

A propos du PRIX MADIBA

Face à l’injustice, la pauvreté et la fragmentation des sociétés, les actions de co-développement et de cohésion sociale menées par les organisations des migrant.e.s mettent en valeur, malgré les nombreux obstacles, le potentiel important des migrant.e.s en matière de solidarité et de coopération internationale.

Pour cette raison à l’occasion de la Journée Internationale des Migrant·e·s , Le Forum des Organisations de Solidarité Internationale Issues des Migrations (FORIM) et ses diasporas membres de la plateforme se mobilisent avec une série d’événements pour réaffirmer et promouvoir les droits des migrant.e.s, dissiper les préjugés et  sensibiliser l’opinion publique à la contribution des migrations dans les domaines économique, culturel et social ICI ET LA-BAS.

Vous êtes une association ou une personne issue des migrations ? Vous menez des initiatives citoyennes pour les causes d'intérêt général ? Le PRIX MADIBA est fait pour vous !

Pour recevoir les informations et les modalités de candidature : communication@forim.net

Suite aux chocs successifs des attaques terroristes, la France subit un traumatisme émotionnel et doute de son modèle d’intégration. Inquiets de la diffusion dans les discours politiques et médiatiques des amalgames visant les migrants, considérés comme suspects par nature, nous, acteurs engagés dans l’éducation aux migrations, portons une autre approche, basée sur le discernement et la rencontre des populations. Nous ne sommes pas naïfs : l’usage de la terreur à des fins idéologiques, politiques ou religieuses ne cessera pas dans l’immédiat. Mais pour que notre société puisse traverser ces épreuves douloureuses, elle doit gagner en empathie et permettre l’inclusion de tous.

Bien qu’elle ne soit pas la cible principale des terroristes, la France paie un lourd tribut. Six ans après les attentats de 2015, elle est toujours frappée par des fanatiques se revendiquant de l’islam. Différentes tragédies, une même justification : punir un pays où la liberté d’expression et la laïcité sont le socle républicain. Cette violence vise à nous terroriser, à nous diviser, nous ne la minimisons pas. Comme toutes les formes d’intégrismes, l’islamisme cherche à anéantir notre capacité à faire société et pousse nos dirigeants vers des politiques perçues comme discriminantes, qui alimentent les extrémismes de tous bords.

Déconstruire les amalgames La mécanique de certains discours politique et médiatique établit un lien systémique entre islam, islamisme, immigration, insécurité et terrorisme, qui s’ancre dans nos représentations. Pourtant, aucune causalité entre ces notions ne peut être démontrée. Les phénomènes de terrorisme sont présentés comme massifs, or ces individus dangereux ne sont que des dizaines au regard des 14 millions de français d’origine immigrée, des 5 millions de musulmans sur le territoire, des milliers de demandeurs ou de bénéficiaires de l’asile. Rappelons que les trois quarts des auteurs d’actes terroristes sont français.

Sous l’effet du traumatisme collectif, ces raccourcis renforcent la stigmatisation des migrants, des réfugiés, de ceux perçus comme “l’autre”. Parce que les auteurs des crimes sont étrangers ou descendants d’immigrés et disent agir “au nom de l’Islam”, tous les immigrés, tous les supposés musulmans deviendraient suspects ? Succomber à ces peurs, c’est infliger une punition collective. L’appel au jihad, en libre-service sur les réseaux sociaux, se joue des frontières et la seule surveillance du web ne saurait stopper sa diffusion. Enfin, la rhétorique de l’ennemi intérieur peut conduire à suspecter toute personne appartenant à une minorité visible.

Déconstruire ces amalgames mortifères n’est en rien excuser. Nous appelons au contraire à dénoncer l’islamisme et les violences, symptômes d’une époque où règnent discriminations, racisme, confusion, défiance et infox. Faire entendre des arguments rationnels est complexe, la faute à des préjugés enracinés, confortés par des discours manipulant les faits. Quand nos concitoyens sont tiraillés entre fidélité aux principes d’accueil et peur de ne plus avoir les moyens d’intégrer, il est urgent de comprendre les migrations ; particulièrement dans une société qui résulte de la diversité. Cette appropriation collective, citoyenne, nous l’appelons éducation aux migrations.

L’éducation aux migrations favorise l’émergence d’un regard objectif sur le fait migratoire. Nous sommes nombreux à être acteurs de l’éducation aux migrations. Nos principes constitutionnels sont garants du droit à l’instruction et à l’enseignement supérieur pour tous, contribuant à l’intégration des migrants par la qualification et l’accès à l’emploi. Nos enseignants font vivre la citoyenneté, la laïcité et la fraternité mais sont insuffisamment formés à la pédagogie des valeurs républicaines. Il nous faut renforcer l’École en développant l’enseignement des faits migratoires et religieux, démocratiser des dispositifs comme “Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants” adressés aux parents primoarrivants. L’audit de la recherche prouve l’abondance des travaux sur les migrations. Ils permettent d’objectiver ces phénomènes, et doivent être démocratisés sans instrumentalisation. C’est le propos d’initiatives citoyennes qui se mobilisent pour apaiser le débat public en contrant les infox.

L’éducation aux migrations est aussi portée par des élus locaux, confrontés à la montée des intolérances et en prise avec des réalités complexes : mineurs étrangers, logement, lutte contre la ségrégation urbaine et sociale résultant de politiques ayant produit un “séparatisme” imposé et subi dans certains territoires. De nombreuses communes s’engagent pour l’accueil inconditionnel. L’éducation aux migrations résulte de coopérations pluri-acteurs – chercheurs, élus, éducation populaire – convaincus que le développement de l’esprit critique est le socle d’une citoyenneté active. Ces dynamiques émergentes prennent la forme de dispositifs pédagogiques variés (ateliers, formations, expositions, conférences, films), encore trop confidentiels. Le terrorisme islamiste vise à ériger des murs entre français et étrangers, croyants et non-croyants, entre les musulmans et les autres. L’éducation aux migrations ne constitue pas une réponse à la violence djihadiste, certes. Mais elle travaille en profondeur afin de recréer les solidarités indispensables pour agir sur les fragilités de notre société. Si elle permet de (ré)activer notre sentiment d’appartenance à une humanité commune, alors nous aurons fait un grand pas vers une société plus humaine et moins perméable aux obscurantismes.

Voici à titre d’information, la liste des co-signataires:

Le FORIM a le plaisir de présenter la restitution visuelle et textuelle de la Journée Internationale des Migrant.e.s 2020. Ce nouveau format poursuit l'expérimentation 100% digitale de l'édition JIM, et représente une nouveauté aussi sous l'aspect participatif et en ligne, 

 

S'agissant d'une plateforme de débat participatif, il est possible de commenter, contribuer et argumenter. 

Le site du débat, conçu comme une mappe mentale, reprend le programme intégral de la JIM 2020 : conférences plénières, panels, side events. En cliquant sur chaque élément de la mappe, on accède au contenu de chaque section.

COMMENT CONTRIBUER ? 

Veuillez choisir un sujet sur la carte des débats, prendre connaissance des éléments présentés puis sélectionnez un extrait de texte qui va alors se surligner en jaune, et cliquez sur Argumenter.

Les pastilles de couleurs en marge du texte et des contributions signalent les arguments déjà publiés par les participants. Il est possible d’afficher les contenus de chaque pastille en cliquant dessus. Le vert symbolise un accord avec l’extrait sélectionné, le rouge un désaccord et le gris une question.

Pour plus d'informations : https://cartodebat.fr/forim/page/comment-participer


Cliquez ici pour la restitution JIM

A propos de l'étude

le FORIM a le plaisir d'annoncer la parution de sa nouvelle publication : "Diasporas actrices d'ouverture, de droit et de co-développement".

Ce document est le fruit d'un travail d'analyse et de synthèse des échanges qui ont eu lieu entre 2017 et 2019 à l'occasion de 3 éditions des Journées Internationales des Migrant.e.s organisées par le FORIM et ses membres : 15 Forums régionaux et 5 Forums Nationaux.

Nous vous invitons à parcourir ce riche document qui a l'ambition de participer au changement de regard, montrer l'apport positif des migrations aux civilisations, valoriser les actions concrètes de solidarité portées par les organisations des migrant.e.s, dans les pays d'accueil et d'origine.


lire la publication

INVITATION

A l'occasion de la Journée Internationale des Migrant.e.s 2020, le Forum des Organisations de Solidarité Internationale Issues des Migrations (FORIM) et ses diasporas membres de la plateforme vous donnent rendez-vous le 18 décembre pour une journée de réflexion et de mobilisation sur la thématique de la résilience des personnes migrantes face aux crises sanitaires.

Chaque année depuis 2010, à l’occasion de la Journée Internationale des Migrant.es (18 décembre), le FORIM et ses membres ouvrent un débat public sur l’une des questions stratégiques auxquelles doivent faire face les diasporas et les organisations de solidarité internationale issues des Migrations.

Dans cette époque traversée par des bouleversements profonds - crises sanitaires, sociales et climatiques – la thématique des résiliences des personnes migrantes seront au cœur de ce temps fort de valorisation des actions diasporiques.  

JIM 2020 : la 6ème édition est digitale et inclusive

Afin de respecter les consignes de sécurité liées à la crise sanitaire, la Journée Internationale des Migrant.e.s 2020 se transforme !  

Alors que cet temps fort de l'année est caractérisé par la beauté et la richesse du lien social et humain, le moment de partage festif des diasporas engagées dans la solidarité internationale, le FORIM souhaite proposer pour sa 6ème édition un format qui permettra à son réseau de ne pas rater cette occasion riche en échanges professionnels et humains, tout en restant à l'abri chez soi. 

C'est aussi pour notre plateforme de faire de toute crise une opportunité, pour grandir et faire œuvre de résilience ensemble

Pour la première fois, toutes les personnes et associations issues des migrations en France et dans le monde, les partenaires et associations locales dans les pays d'origine,  ainsi que toute personne s'intéressant aux actions diasporiques, pourront assister à cet évènement. 

Chaque participant.e aura le choix de s'inscrire à la totalité de l'événement, soit participer aux débats d'intérêt. afin de rendre agréable la participation à cette journée digitale, il sera également possible d'aller à la rencontre des autres personnes participantes, des membres du FORIM, des acteurs et actrices de la solidarité internationale ainsi que des partenaires. 

Pour terminer, une salle de cinéma virtuelle est mise à disposition exceptionnellement pour les participant.es, afin de regarder ensemble l'avant première d'un film proposé par un des partenaire du FORIM.

Inscription obligatoire et gratuite : Journée Internationale des migrant.e.s

Pourquoi faire de l’éducation aux migrations ? En cette période, comprendre et réfléchir aux causes et conséquences profondes des migrations est non seulement important mais crucial pour le vivre ensemble et pour la construction de sociétés inclusives et apaisées Dans ce cadre le FORIM et ses membres  travaillent sur la déconstruction des idées reçues sur les migrations et développement, notamment dans le cadre du Projets ERASMUS +. 

Projets ERASMUS + : Eduquer aux migrations : augmenter le pouvoir d'agir de la jeunesse en mouvement.

Le projet Erasmus+ est porté par dix organisations européennes, dont le FORIM et 5 de ses membres, souhaitant réunir des acteurs jeunesse engagés dans l’éducation aux migrations. Ces éducateurs, riches d’expériences et connaissances diverses, par leurs missions à Chypre, en Belgique, France et Espagne, échangent, se forment et élaborent ensemble un travail sur l’éducation citoyenne et solidaire aux migrations. Du 1er octobre à fin décembre 2020, ils travaillent ensemble pour améliorer l’animation socio-éducative en Europe par l’accompagnement éducatif de jeunes migrants, la sensibilisation de jeunes sur les migrations et la participation à leur intégration. Le projet promeut la diversité, l’interculturalité, les droits de l’homme et consolide l’éducation, l’esprit critique et d’initiative. L’éducation à la citoyenneté et à la solidarité sur les migrations renforcera le pouvoir d’agir de la jeunesse en mouvement. 

Les organisations participantes au sein du FORIM à ce projet sont : COSIM Nouvelle Aquitaine, COSIM Normandie, COSIM Auvergne Rhône Alpes, COSIM Bretagne, Association des Marocains de France.

A propos du WEF le week-end des formateurs ECSI

Le WEF est la rencontre d’éduc’ pop’ pour se former, (se) transformer, échanger et diversifier nos idées, partager nos expériences, tester nos outils, discuter nos méthodes. Le WEF propose de suivre 1 parcours découverte, approfondissement et analyse autour d’une thématique, un outil, une méthode d'ECS le samedi et 1 atelier le dimanche. 

Dans ce contexte; le FORIM et ses membres animeront l'atelier participatif en ligne ": Migrations & Développement : Déconstruisons ensemble les idées reçues !", destiné au 28 participant.e.s du Programme ERAMSUS +, en s'appuyant sur la campagne 10 mythes.


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Le respect des droits humains, la transparence et la préservation de la paix dans le cadre des processus électoraux sont une nécessité.

Paris, 29 octobre 2020. Nous, représentants des diasporas installées en France, réunies au sein du Forum des Organisations de Solidarité Internationale Issues des Migrations (FORIM), prônons le développement de nos pays d’origine par la stabilité des institutions et les cadres constitutionnels nationaux. Issus de plus de 30 pays des Suds, nous revendiquons que seule la consolidation d’espaces démocratiques pourra créer les conditions nécessaires à l’apaisement des tensions et aux unités nationales.

En Guinée, la situation liée aux élections présidentielles du 18 octobre dernier, qui s’est dégradée tout au long de la semaine dernière, devient inquiétante. Les informations qui remontent, parcellaires, en raison notamment d’un fort ralentissement de la couverture internet par intermittence, révèlent un pays au bord de l’implosion, dont la sécurité de la population n’est plus assurée par les autorités, et qui se retrouve dans une situation de grande précarité.

Face à ce constat, la sortie de crise passera nécessairement par l’arrêt immédiat des violences étatiques contre les civils, ainsi que la cessation de l’usage répété par la police des tirs à balles réelles lors des rassemblements. Le Gouvernement guinéen doit protéger, et non entraver, les libertés fondamentales de son peuple, au premier rang desquelles la liberté d’expression et de manifestation des citoyens, ainsi que celle d’aller et venir librement dans le pays. En outre, le blocus militaire, conséquence du déploiement de l’armée nationale dans les quartiers et les grands axes des villes et du pays, crée de fait une situation d’embargo pour des populations qui ne sont pas en mesure de sortir de leur domicile.

Ce blocus engendre de grandes préoccupations sur le plan humanitaire : difficultés pour des millions de personnes de travailler, de s’approvisionner en eau et nourriture, d’accéder aux soins et à l’éducation, etc. Sans apaisement et ouverture, les conséquences vont vite s’avérer désastreuses.

La situation en Guinée n’est toutefois pas isolée : elle s’inscrit dans la volonté des peuples partout dans le monde, et notamment en Afrique, de réaliser pleinement leurs droits civils et politiques – le droit de critiquer les institutions, de vivre dans un régime politique de responsabilité, de transparence, et d’alternance. Portés par les plus jeunes d’entre nous, ces mouvements poussent nos élites à changer leurs modes de fonctionnement, et à accepter la pleine expression des divergences au sein des communautés nationales. Les crises électorales ne sont que le reflet du chemin qui reste à parcourir pour nos pays dans la constitution de réels Etats de droit, dans lesquels l’équilibre entre les pouvoirs est garanti. Nous sommes convaincus que l’essor de l’Afrique passera par la reprise en main, par les peuples africains, de leurs institutions politiques

D’autres pays ont récemment connu ou vont connaitre d’ici la fin de l’année des échéances électorales cruciales. Toutes les parties prenantes, société civile, gouvernements, commissions électorales, ont leur part à jouer dans la réussite des processus démocratiques. L’on pense évidemment à la Côte d’Ivoire, dont l’histoire récente nous invite à la plus grande vigilance.

En tant que représentants des diasporas, notre responsabilité est aussi engagée. De par notre appartenance à un double-espace, entre nos territoires d’accueil et d’origine, nous sommes des ponts naturels entre les pays, les citoyen.ne.s, les cultures. A nous d’assumer pleinement ce rôle, et de promouvoir un monde de liberté et de sécurité pour toutes et tous. Notre force est collective.

Mackendie Toupuissant

 Président du Forum des Organisations de Solidarité Internationale Issues des Migrations (FORIM)

Abdoulaye Bah

Président de la Coordination des Associations Guinéennes de France 

(CAGF)

A lire également  :

En lien avec la présente tribune, voir la déclaration de Coordination SUD, (coordination nationale des ONG françaises de solidarité internationale) en soutien et solidarité avec les populations et la société civile.

Ressources complémentaires :

Communiqué conjoint mission diplomatie préventive CEDEAO-UA-NU (27/10/2020)

Le Laos, un pays meurtri pendant de longues années

Le Laos, anciennement Royaume du Laos est, depuis le 2 décembre 1975, République démocratique populaire lao (ou du Laos).

Sans accès à la mer, il est entouré par la Chine, la Birmanie, la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge. Qualifié pendant longtemps pays enclavé ou confiné, le Laos est en passe de devenir un carrefour de connectivité des pays du Sud-Est Asiatique.

Peu cité pendant les guerres d'Indochine plus connues sous le nom de guerre du Vietnam, le Laos malgré son statut de neutralité, n'y a pas échappé. Il a été ainsi pris en tenaille par les belligérants qui s'y affrontent par factions laotiennes interposées.

Après les accords de paix de Paris entre le Nord-Vietnam et les Etats-Unis en 1973, le Laos a conclu en interne les accords de paix et de concorde nationale, tandis qu'au Cambodge et au Sud-Vietnam les communistes ont pris le pouvoir par les armes.

Malgré son statut de neutralité et sa renommée de peuple pacifique et insouciant, le Laos a subi de 1964 à 1972 des attaques aériennes de grande ampleur. Plus de 260 millions de bombes y ont été larguées, ce qui fait du Laos le pays à avoir été le plus bombardé de l'histoire par rapport à sa superficie. Plus que l'Allemagne et le Japon réunis, pendant la 2è Guerre mondiale. Triste record !

Quarante-huit ans après la fin de la guerre du Vietnam, les sous-munitions de bombes non explosées infectent encore les sols du Laos et causent toujours des accidents parmi la population, empêchant les paysans déjà pauvres de cultiver sereinement leurs terres.

Une ouverture progressive du pays sur son environnement asiatique et mondial

Malgré les accords de paix et de concorde nationale conclus en interne, le parti communiste laotien a pris seul le pouvoir en 1975, sans effusion de sang, par « la révolution de soie ». Mais la politique sectaire et répressive qui a suivi avec l'envoi de quelque 30 000 cadres civils et militaires dans des camps de rééducation, a provoqué l'exode massive de la population, 10% au total entre 1975 et 1987.

Après un changement de cap économique avec la réforme et l'ouverture opérées en 1986, le Laos est devenu membre de l'ASEAN (Association des Nations de l'Asie du Sud-Est) en 1997 et de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) en février 2013. Intégré à l'AEC (Communauté Economique de l'ASEAN) depuis sa création à la fin de 2015, le Laos vise à sortir du statut des PMA (Pays les moins avancés) au plus tard en 2024. Le Laos a aujourd’hui l'autosuffisance alimentaire et devient un petit exportateur de riz.

Comment le Laos va-t-il prendre en main sa destinée ?

La coexistence d'une économie de capitalisme d'Etat et d'un système politique particulièrement rigide est-elle viable à long terme ? Quelle place auront les Laotiens de la diaspora pour participer à la modernisation du pays ?  Ce sont quelques réflexions que soulève Kham Vorapheth, un laotien de la diaspora, dans son livre paru en 2018 : « Le Laos contemporain – Parcours et perspectives d'une nation ».

D’abondantes ressources minières

Le Laos dispose d'abondantes ressources minérales dans son sous-sol or, étain, cuivre, plomb, fer, charbon, pierres précieuses... Mythe ou réalité, l'exploitation du sous-sol au Laos est un phénomène ancien. On connaît l'exploitation autochtone des minerais, l'exploitation coloniale des mines avec des espoirs déçus et des succès isolés. Toujours est-il que l'on observe de nos jours la ruée sur les concessions minières. L’exploitation des ressources minières, assurée principalement par des investissements directs étrangers, serait devenue un secteur essentiel de l'économie du Laos.

Les forêts ont été longtemps la richesse du pays

Mais la déforestation est un problème environnemental majeur au Laos, le pays perdant sa couverture forestière par des coupes aussi bien légales qu'illégales. La perte de surface forestière totale a été de 6,8% entre 1990 et 2005.  Entre 1940 et 2000, la forêt est passée de 70% à 41% du territoire, et les forêts primaires ne représentent plus que 3% de la surface du pays.

En 2018, la population du Laos s'élève à 7,06 millions d'habitants selon les chiffres de la Banque Mondiale, répartis sur 236 000 km², soit une densité de population de 29,8 habitants par km². La croissance démographique est de 2,9% par an. 67% des habitants vivent dans les zones rurales. Ils vivent de l'agriculture, principalement de la culture du riz.

Selon les chiffres du PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement) en 2018, l'espérance de vie est de 67 ans. Le taux d'alphabétisation en 2015 est de 85%.

Cette population est composée de 68 ethnies selon les ethnologues (47 répertoriées par le Front lao d'édification nationale), réparties en quatre grandes familles linguistiques principales. Les Lao dont la langue maternelle est langue officielle du Laos, représentent selon les sources entre 55% à 68% de la population totale.

La majorité des Lao d'origine vivent aujourd'hui dans les provinces du Nord-Est de Thaïlande (autrefois territoire laotien). Représentant sept fois la population actuelle du Laos, ils perpétuent et développent leur culture traditionnelle.

Très faible impact de la pandémie du COVID 19 au LAOS

Chiffres clés et faits marquants : Date d'arrivée de la pandémie au Laos : 24 mars 2020

Au 24 septembre 2020 : Cas confirmés :  23 ; Cas suspects[1] : 318 ; Guéris :  22 ; Décès : 0

23 cas seulement de COVID19 ?

Les raisons avancées pour expliquer le faible nombre de cas de contamination au Laos sont d’abord d’ordres géographique et culturel.

Peu peuplé avec un territoire relativement vaste, la densité du Laos n’est que de 29,8 habitants au km². Cette faible densité diminue de fait la propagation du virus. Ensuite, les populations touchées sont jeunes, entre 18 et 55 ans avec une moyenne d’âge de 31 ans. Encore dans la force de l’âge et n’étant quasiment pas affectés par la comorbidité, ils ont mieux résisté à la maladie.

[1] Les cas suspects n'ont pas été confirmés comme étant dus à la souche SRAS-CoV-2.

Par ailleurs, il n’y a pas de trace de souche locale. Les sources de contamination sont presque exclusivement d’origines étrangères. Les contaminations proviennent essentiellement des contacts avec les voyageurs/travailleurs ayant séjourné en Thaïlande, en Europe ou Papouasie-Nouvelle-Guinée. Enfin, les autorités ont su prendre des mesures efficaces pour limiter la propagation du virus.

Les actions des autorités, le comportement de la société

Les plans d’actions, élaborés très en amont de l’apparition du virus par les autorités, ont été immédiatement mis en œuvre dès le 1er cas avéré : fermeture des frontières, mise en quarantaine des travailleurs expatriés dans des pays affectés par pandémie, contrôles stricts de l’application des règles de confinement (certes moins contraignantes qu’ailleurs), etc.

Après le déconfinement, certains lieux (de divertissement, marchés de nuit, lieux de culte) sont restés fermés. Les personnes présentant des symptômes du COVID-19 sont incitées à appeler les numéros de téléphone mis spécifiquement en place (le 166 en laotien uniquement, ou le 020 54 06 67 77 en laotien, anglais, chinois) qui les guident avant de se rendre éventuellement aux urgences hospitalières.

Mi-juin, les représentants de l'OMS et de la Croix Rouge Internationale ont félicité les autorités laotiennes pour leur anticipation et leur gestion de la crise du COVID-19.

De son côté, la population s’est montrée compréhensive et disciplinée vis-à-vis de l’ensemble des instructions gouvernementales, notamment en ce qui concerne le port de masques et les gestes barrières, les espacements sociaux, les rassemblements, les déplacements...

La solidarité de la diaspora de France

Etant donné le faible nombre de cas de contamination au Laos, le recours à la solidarité de la diaspora en France ne s’est pas imposé.

Toutefois, sans qu’il y ait d’opération spécifique, les associations de solidarité actives au Laos, et en particulier celles du secteur sanitaire, ont poursuivi leurs actions de base tout en les complétant par des aides ponctuelles concernant spécifiquement la COVID-19.

Au-delà de la période actuelle de pandémie, des informations sur la diaspora laotienne dans le monde et en France.

Avant 1975, la diaspora laotienne n'existe pas. A partir de 1975, à la fin de la guerre du Vietnam et au changement de régime politique au Laos, les Laotiens se sont expatriés en masse, en tant que réfugiés et demandeurs d'asile. Au début des années 1990, le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR) donnait un peu plus de 300 000 Laotiens accueillis dans les pays occidentaux, soit 10% de la population du Laos. Aujourd'hui, on peut estimer à un peu plus de 1 million le nombre de laotiens formant la diaspora laotienne dans le monde, dont 150 000 en France.

La création d’OLREC

Pendant presque vingt ans à partir de 1975, les Laotiens en France sont consultés par leurs homologues des autres pays sur leur intégration et leur lien avec le pays d'origine. C'est ainsi que fut créée en France, en 1990, l'Organisation Laotienne pour les Réfugiés et la Concorde nationale (OLREC) au nom de tous les réfugiés laotiens dans le monde. OLREC a participé aux efforts de l'UNHCR et de la communauté internationale pour résoudre le problème des réfugiés qui stagnaient dans les camps dans les pays du Sud-Est Asiatique. A l'issue de ces efforts, les réfugiés des camps ont pu avoir le choix de se réinstaller dignement dans les pays occidentaux ou de rentrer au Laos non seulement sans représailles mais avec de l'aide matérielle et sociale pour se reconstruire la vie normale. Depuis 1993, ces camps de réfugiés n'existent plus.

Des migrants intégrés dans leurs pays d’accueil

Maintenant les Laotiens de la diaspora du monde ont réussi leur intégration dans leurs pays d'adoption et n'ont plus besoin de se référer à ceux de France. Mais les liens familiaux et amicaux entre personnes restent très forts. Ils pensent toujours au Laos mais n'espèrent plus rentrer pour jouer un rôle important. Ils peuvent mieux agir pour le Laos depuis l'extérieur. Ainsi grâce à la diaspora laotienne aux Etats-Unis, les relations commerciales normales ont pu s'établir au milieu des années 2000 entre les Etats-Unis et le Laos.

En France, intégration et maintien des liens communautaires…

En France, dans le contexte d'éclatement des structures familiales et sociales de la période de 1975, les Lao s'intègrent dans la société, par le travail, l'école, la résidence, la consommation. Ils maintiennent ou rétablissent des liens spécifiques à l'intérieur de leur groupe ethnique et s'aménagent des structures communautaires favorisant un regroupement et une sociabilité proprement lao. C'est notamment le rôle du mouvement associatif, qui gère un vécu collectif, organise l'entraide et vise par la perpétuation de certaines pratiques, la sauvegarde du patrimoine culturel et artistique. La solidarité traditionnelle laotienne est vivante et manifeste au moment des décès, des fêtes de famille, des cérémonies religieuses dans les pagodes bouddhistes qu'ils ont par eux-mêmes reconstituées.

… et engagement dans le développement du pays d’origine, le Laos

Ils sont aussi organisés en associations pour l'intégration ici et pour le développement là-bas, au Laos. Certaines associations telles que l'Association de soutien au développement de la société paysanne (ASDSP), travaillent étroitement avec les paysans au Laos. Elles sont reconnues par les organismes de développement en France. Les lycées techniques participent à la fabrication d'outils agricoles adaptés. La production paysanne laotienne est soutenue pour être commercialisée en France et en Europe. Néanmoins, pour pouvoir agir sur le développement au Laos, les associations de la diaspora doivent adopter un profil bas tout en ayant la participation motivée des autorités et de la population locale.

Chronique rédigée par Organisation Laotienne des Ressources Edifiées pour la Coopération (OLREC) - Membre fondateur du FORIM

Comité de rédaction : Chadia Arab, Benoit Mayaux, Jacques Ould Aoudia, Patrick Rakotomalala

Mise en forme et communication : Randa Chekroun, Pierangela Fontana

Les propos contenus dans la présente publication n’engagent que leurs auteur.e.s 

Avec le soutien principal de l'Agence française de Développement

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